À l'heure qu'il est, les supporters du Bayern Munich doivent se demander pourquoi la direction du club bavarois a changé d'entraîneur. Le principal tort de Julian Nagelsmann était d'avoir perdu la tête de la Bundesliga juste avant la trêve internationale, malgré une saison solide au demeurant. Pas assez visiblement pour le directoire, qui a coupé la tête du technicien.
À sa place, Thomas Tuchel a pris la direction des opérations. Le fait que l'ancien coach du PSG soit libre a sans doute joué dans la décision susnommée. Mais s'il a bien récupéré la pole position sur le plan national, il a quitté la Coupe d'Allemagne et semble sur le point de faire de même en Ligue des Champions. Comment en est-on arrivés là en moins d'un mois ?
Un bon début, et c'est tout
Le bilan de Thomas Tuchel depuis son arrivée : 2 victoires, 2 défaites, 1 nul. Mais deux défaites qui ont coûté très cher. La première, face à Fribourg, a signifié la sortie de la Coupe d'Allemagne. La deuxième, la semaine dernière à Manchester, a signé le quasi arrêt de mort du Bayern en Ligue des Champions. Clairement pas le meilleur moyen de lancer son aventure, lui qui a signé jusqu'en 2025.
Et pourtant, tout avait si bien commencé. Le Bayern avait anéanti Dortmund pour la première de Tuchel sur le banc bavarois. La meilleure façon de commencer, c'était de battre son ancien employeur dans le match le plus attendu de la saison en Allemagne, non ? Eh bien non. Si le Bayern a été impressionnant ce jour-là, avec 4 buts marqués, il n'a inscrit que trois lors des quatre matchs suivants.
Mais surtout, la manière a posé problème. Principalement l'absence de réaction. Le match aller à City en est la parfaite illustration. Après l'ouverture du score, rien. Seul Leroy Sané a offert quelques frappes pour réveiller son équipe, mais rien de vraiment convaincant. Et quand les locaux ont doublé puis triplé la mise, les Bavarois ont disparu. Littéralement.
Et visiblement, le coup au moral a dépassé l'Etihad Stadium. Hoffenheim réalise une de ses pires saisons depuis des années en Bundesliga. Pourtant, le Bayern a été accroché samedi par cette équipe sur son propre terrain. 22 frappes dont 7 cadrées, 61% de possession de balle, mais 1 seul but. Le Bayern semble avoir perdu ce qui faisait sa force. Deux prestations décevantes en une semaine.
Des joueurs pas convaincus
Comment réussir l'improbable en trois jours ? D'abord, le Bayern n'a perdu qu'une fois à domicile toutes compétitions confondues cette saison. Le problème, c'est que c'était sous l'égide de Tuchel, face à Fribourg. Difficile de s'appuyer là-dessus. Cela semble cependant plus profond qu'une simple histoire de chiffres ou de bilans.
Souvent, les clubs changent d'entraîneur en cours de saison pour provoquer un électrochoc. La plupart du temps dans le cadre d'une mission maintien. Mais ceci est différent. Les joueurs ont été les premiers déconcertés par le renvoi de Nagelsmann, comme Leon Goretzka l'avait déclaré à ZDF.
"C'est toujours difficile quand un entraîneur s'en va, et j'avais une relation très étroite avec Julian. L'année dernière, je l'ai probablement vu plus souvent que ma famille, c'est donc un choc"
Le risque était immense, et les dirigeants le savaient. Mais ils l'ont quand même pris, alors que le triplé était encore largement envisageable. Le problème, c'est que l'effet chez les joueurs n'a pas été celui recherché.
L'altercation entre Sadio Mané et Leroy Sané après la déroute à Manchester n'était sans doute pas dans les plans du Bayern. La résultante, c'est que le Sénégalais est suspendu, qu'il va probablement quitter la Bavière l'été prochain, et qu'il n'est à ce jour même pas sûr qu'il reporte le maillot du Bayern. En une vingtaine de jours, plus de Coupe d'Allemagne, probablement plus de Ligue des Champions, un titre encore loin d'être garanti en Bundesliga, un vestiaire fissuré, un jeu collectif en dedans : tel est le bilan de Thomas Tuchel à la tête du Bayern Munich.
Voir ce club si structuré, si expérimenté, se manquer à ce point est très surprenant. Bien sûr, un exploit est toujours possible, mais on voit mal les Bavarois renverser la situation contre un club aussi en forme que City. Et si la direction ne renverra sans doute pas Tuchel même en cas de saison blanche, l'affaire pose question. Ce match est sans doute le moyen de sauver la saison du Bayern, même en cas d'élimination. Une victoire, avec un jeu convaincant, et la machine Bayern redémarrerait sans doute. À voir si les Bavarois ont envie, car c'est surtout cela qui semble leur manquer.
