Excellente performance des Bleus ce mercredi soir face au Maroc, elle a su contrecarrer la tactique habituelle du Maroc de Regragui. Qu'en avez-vous pensé ?

C'est bien d'avoir atteint l'objectif du dernier carré et se retrouver désormais en finale, c'est une belle performance. Malgré tout, les Bleus ont été un peu malmenés, un peu dominés, mais ils ont su marquer. Ils se sont mis dans la peau d'une équipe qui avait envie d'aller chercher cette qualification. Il faut aussi rendre hommage au Maroc, qui a su poser des problèmes à l'équipe de France. 

L'équipe de France a été malmenée, mais n'était-ce pas le plan de Didier Deschamps de laisser le ballon aux Marocains ? 

Je ne pense pas qu'on joue au football pour mettre une équipe qui va contrer, mais il n'y a pas eu que ça, il y a eu des duels à gagner. Il y a eu de la qualité avec ballon, dans les passes et on a été efficace. Quand on voit Giroud être dans la zone d'Amrabat, peut-être que oui, effectivement, Didier Deschamps a laissé le Maroc prendre des initiatives. Face à l'Angleterre, on leur a laissé le ballon et on a eu de la chance qu'Harry Kane ait raté son second pénalty. C'est une question d'équilibre et de déséquilibre. Il y a eu également des changements dus aux absences de Rabiot et d'Upamecano. On a une équipe qui avance avec des éléments moteurs comme Mbappé, Griezmann - dont j'aime beaucoup les performances depuis le début de la Coupe du monde -, Giroud est là aussi. On fait avec ce qu'on a et on le fait bien. On est content d'être en finale face à l'Argentine. 

Griezmann, c'est l'homme-fort des Bleus depuis le début de la compétition, il est multi-tâche, quel est votre sentiment sur ses prestations ?

Il est le meilleur joueur français, qui a pris la mesure d'être le leader technique, l'organisateur, le passeur et il montre un super état d'esprit, car il fait les efforts défensifs pour aider ses coéquipiers. Il a été double-passeur face à l'Angleterre, il survole la compétition. Il a eu des moments difficiles par le passé, mais il revient bien, notamment dans ce collectif de l'équipe de France : il remplit parfaitement bien sa mission. 

Comment voyez-vous cette finale face à l'Argentine, avec ce Leo Messi. Êtes-vous optimiste ? 

Cette équipe d'Argentine a une individualité qui s'appelle Lionel Messi et il va falloir faire très attention, car il est dans une forme exceptionnelle. Il est magnifique, je le vois depuis le début de saison avec le PSG, il s'est bien préparé. Il est arrivé au sommet de sa forme. Il est chargé d'une mission, parce qu'il a envie de faire plaisir au peuple argentin. À côté, il y a un collectif, un état d'esprit, mais si on arrive à freiner Messi, à le contrôler, on aura fait la moitié du chemin pour aller chercher cette Coupe du monde. Il ne faut pas sous-estimer ses coéquipiers, mais il faut se méfier de Messi, il faut le prendre au sérieux, car lorsqu'on le voit jouer avec sa sélection, c'est un plaisir et un régal. 

Vous pensez au 3e but face à la Croatie, lorsqu'il fait la différence côté droit sur Gvardiol, l'action est magnifique...

II n'y a pas que le troisième but. Depuis le début de la compétition, il est efficace. Sans Lionel Messi, l'Argentine serait déjà rentrée chez elle. Il fait la différence, il accélère notamment par ses prises de balle. En ce moment, il est en train de confirmer son bon début de saison avec le PSG et il est désormais en grande forme. 

Kylian Mbappé, co-meilleur buteur de la compétition avec 5 buts, on l'attend au tournant ce dimanche ? 

Il faut qu'il soit bien meilleur que face au Maroc, même s'il n'est pas loin de marquer, spécifiquement sur les deux buts dans lesquels il fait partie de l'action à chaque fois. Il était peut-être un peu moins bien à cause du marquage, cela s'était déjà vu face à l'Angleterre. Mais il est là et il fait peur aux adversaires. Quatre ans après sa première Coupe du monde, il a pris de la maturité, de la confiance, pour réussir sa deuxième finale. 

En 24 ans, les Bleus vont jouer leur 4e finale de Coupe du monde, c'est assez exceptionnel, est-ce que la France est la meilleure nation du XXIe siècle ? 

Cela dépend de quel point de vue, on se place. J'entends souvent ça, mais ce que je regarde, c'est que beaucoup de nos joueurs français jouent à l'étranger et cela s'est vu à chaque édition, aussi bien en 2018 qu'en 1998. Cette année-là, 80 % des joueurs ne jouaient pas en Ligue 1. Mais cela leur permet de grandir, de prendre de la maturité, de la confiance et on le voit aujourd'hui. Après, on ne peut pas dire que le championnat de France soit le meilleur, car les joueurs français se bonifient en Angleterre, en Espagne, en Allemagne et en Italie. Cela se ressent lorsqu'ils portent le maillot de la sélection.