Flashscore : Que fait Óscar Freire dans la vie ? 

Óscar Freire : quand j'ai arrêté le cyclisme, je suis revenu en Espagne. Après de nombreuses années de voyages et d'absence, je voulais être proche de ma famille, voir grandir mes enfants et m'occuper de mes investissements. Aujourd'hui, je suis la Vuelta en tant qu'ambassadeur de Plenitude (sponsor de la course) et je suis toujours lié au cyclisme d'une manière ou d'une autre. 

En voyant la course de si près, vous sentez-vous nostalgique de votre époque de coureur ? 

J'ai vécu des années très turbulentes où l'on parlait plus du dopage que du sport lui-même et des résultats. Aujourd'hui, tout a changé, le sport est plus valorisé et beaucoup plus professionnalisé. D'un côté, j'aurais aimé vivre cette période en tant que cycliste, mais d'un autre côté, tout est beaucoup plus analysé, il y a une montagne de données à étudier et à interpréter. Lorsque je courais, la culture était différente, mais en général, il est plus agréable d'être cycliste aujourd'hui qu'avant. 

De toutes les victoires que vous avez remportées au cours de votre carrière, avez-vous une affection plus particulière pour l'une d'entre elles ? 

Il est difficile de choisir. Les trois titres mondiaux en ont été des très belles, mais je garde un grand souvenir de la deuxième victoire à Milan-San Remo en 2007. J'avais eu une mauvaise année de résultats, à Tirreno-Adriatico j'étais aussi malade et j'avais de la fièvre, je n'étais pas bien psychologiquement à cause de ce manque de victoires et je suis venu avec une grande envie de gagner. C'est alors que je l'ai obtenue et j'étais très excité parce que j'en avais besoin.

Avez-vous déjà vu une équipe aussi puissante que Jumbo-Visma ? 

Je ne crois pas. Il y a quelques jours, après l'étape de la Vuelta, quand je suis arrivé à l'hôtel, j'ai allumé la télévision et, lors d'une course en Angleterre, Jumbo tirait également le peloton et dominait. Ils balayaient le peloton à deux endroits différents. C'est incroyable. Je pense que c'est l'équipe la plus forte de l'histoire du cyclisme, du moins de ce que j'ai vu.

"Kuss mérite de gagner la Vuelta"

Des trois leaders (Primoz Roglic, Jonas Vingegaard et Sepp Kuss), qui préférez-vous voir gagner ?

Ce serait bien que ce soit celui qui a le moins gagné qui l'emporte. Kuss est un bon gars, il a toujours aidé ses coéquipiers, il est considéré comme le meilleur gregario du monde et il a maintenant la possibilité de gagner. Les deux autres sont peut-être meilleurs, mais Kuss le mérite davantage cette fois-ci. 

Pensez-vous que Roglic, Vingegaard et l'équipe lui permettront de gagner ? 

Au début, je pensais que non, mais maintenant, à ce stade, je pense que si Kuss s'accroche dans les étapes restantes, ils contrôleront la situation. S'il échoue, il y aura une bataille entre Roglic et Vingegaard, mais j'espère que l'Américain aura une chance de gagner la Vuelta. 

Tadej Pogacar manque à l'appel, sa présence aurait-elle fait la différence ? 

Probablement. UAE-Team Emirates a également une équipe très forte. Dans le Tour, il n'a peut-être pas été spectaculaire, mais Pogacar est un coureur qui ne rate presque jamais sa course et qui est spectaculaire. Avec lui, la course aurait été différente.

Qu'est-ce qui vous a le plus impressionné jusqu'à présent dans la Vuelta ? 

D'une part, la domination écrasante de Jumbo et, d'autre part, la démonstration de Remco Evenepoel après son effondrement sur la route du Toumalet. Si vous avez été cycliste, vous vous rendez compte à quel point il est difficile de faire ce que ce type a réalisé. Le lendemain du choc émotionnel qu'il a subi, il a réussi à se rétablir et a parcouru l'étape à pleine vitesse dès le kilomètre zéro, avec une moyenne de près de 37 km/h, sur un parcours vraiment difficile, et a remporté l'étape. C'était impressionnant.

Des quatre Espagnols (Juan Ayuso, Enric Mas, Mikel Landa et Marc Soler) qui se trouvent derrière les trois leaders du Jumbo, quel est celui qui vous donne le plus envie de vous battre pour le podium final ? 

Il est très difficile de répondre à cette question. Ayuso et Landa sont peut-être les plus courageux. Soler a également tendance à attaquer, mais comme il est bien placé au classement général, il pourrait vouloir conserver plus de temps. Enric est le moins enclin des quatre à passer à l'attaque. Cela dépendra de la force que chacun d'entre eux a laissée dans la dernière semaine, mais certains seront également conservateurs afin de ne pas perdre leur position actuelle. Evenepoel est différent à cet égard. S'il a l'air bien, il oublie les autres et fait sa propre course. 

Qui va gagner la Vuelta d'après vous ? 

Jusqu'à récemment, je pensais que Vingegaard allait gagner. Je l'ai vu très fort et il vient de gagner le Tour, mais maintenant j'ai des doutes sur Kuss. Il est très bon et, honnêtement, je pense qu'ils courent pour que Kuss gagne.