"Je me suis dit que j'allais tout donner au sommet de Joux Plane mais il y avait les motos, j'ai tiré une cartouche à blanc mais c'est comme ça, je vais réessayer plus tard", a déclaré Pogacar quelques minutes après l'arrivée. Et, on se rend compte que l'organisation a de la chance de ne pas faire face à des champions véhéments.
Cela nous rappelle vaguement le Tour 2016 avec un Chris Froome courant sur les pentes du Ventoux. Néanmoins, la configuration est différente et probablement plus alarmante. Alors que nous assistons à un très beau mano a mano entre deux coureurs d'exception – et un très beau Tour de France –, les motos d'où qu'elles viennent tentent de faire régner l'ordre en se frayant un chemin entre les spectateurs.
Il s'avère qu'elles font plus de mal que de bien sur les pentes de la Grande Boucle, et voilà plusieurs années que ça dure.
Aujourd'hui, malgré le fait que Pogacar a mal mesuré son coup, il a vu sa tentative d'attaque être arrêtée net par une moto devant lui, n'ayant aucun espace pour accélérer. Il a dû se raviser, n'a visiblement pas broncher, étant beaucoup trop professionnel face à ses opposants. Mais, si l'on prend un minimum de recul, évidemment, cette manœuvre extrasportive a une incidence sur l'étape. Dans la foulée, Jonas Vingegaard en profite pour contrer, passant alors en tête du sommet. Il bénéficie de plusieurs secondes de bonifications, qu'il n'aurait sûrement pas eu, tant son dauphin semblait supérieur.
Si l'on va plus loin, Carlos Rodriguez n'aurait certainement pas gagné à Morzine si le Maillot blanc avait pu placer son attaque, car l'écart aurait été trop élevé pour qu'il puisse revenir dans la descente. N'enlevons pas le mérite à l'Espagnol, car il a saisi son opportunité et à 22 ans, ce n'est pas donné à tous.
"C'était l'objectif de la journée, gagner du temps, et nous l'avons fait. Oui, je suis très heureux de ce côté-là. Je ne sais pas si je suis en tête ou pas mais je dois juste être heureux et profiter de cette victoire !", a d'ailleurs affirmé le coureur d'Ineos après coup.
Toutefois, à l'arrivée, Tadej Pogacar a perdu une seconde au général. Une seule unité de temps qui, on l'espère, sera sans conséquences sur les Champs Élysées...