Wout Van Aert, sous nos yeux apparaît la version moderne de Raymond Poulidor

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Wout Van Aert, sous nos yeux apparaît la version moderne de Raymond Poulidor
L'argent, trop souvent pour Wout Van Aert.
L'argent, trop souvent pour Wout Van Aert.AFP
Encore une place d'honneur pour Wout Van Aert dans un grand rendez-vous. Le Belge n'a pu reprendre l'avantage dans sa rivalité avec Mathieu van der Poel, et s'il gagne, s'il est offensif au possible, il est rarement le meilleur sur les très grandes courses. Comme un certain Raymond Poulidor.

Encore une fois. Encore une fois, Wout Van Aert est monté sur le podium lors d'un grand rendez-vous. Mais pas sur la plus haute marche. Dimanche, lors de la course en ligne des Championnats du monde sur route, le Belge a pu jouer sa carte dans une équipe belge incroyable de densité. Mais il n'a pu tenir la roue de son grand rival Mathieu van der Poel, et s'est donc contenté de l'argent. 

Un résumé de sa carrière ? Peut-être. Le Belge a beaucoup de victoires à son palmarès, et des belles. Un Monument, trois maillot arc-en-ciel en cyclo-cross, des courses World Tour à la pelle. Mais la saison 2023 a encore prouvé que les attentes autour de Van Aert n'avaient pas été remplies, lui qui est passé si proche de grandes victoires. 

Il était là dans les trois premiers Monuments de la saison, ceux qui lui correspondent le mieux. Mais dans l'emballage final, impossible pour lui de lutter avec "MVDP" sur Milan - San Remo ou encore Paris - Roubaix, ou même Tadej Pogacar lors du Tour des Flandres. 

Pourtant, il a avec lui une équipe incroyable. Sur le papier, la Jumbo-Visma est d'une profondeur incroyable, comme l'était la Belgique sur les Mondiaux. Mais Wout n'arrive pas forcément à sublimer les efforts de ses coéquipiers, qui n'en sont pourtant pas avares. Parfois, la malchance s'en mêle, comme à Roubaix, mais parfois, il manque de sens tactique. Et quand il en fait preuve, comme hier, il est juste moins fort que la concurrence. 

Au final, cette saison, il n'a gagné qu'une seule course, le Grand Prix E3. Une épreuve World Tour certes, mais le palmarès n'est pas à la hauteur de l'homme et du coureur qu'il est. Et clairement, les Mondiaux étaient le grand objectif de sa saison. Une occasion gâchée, et il ne reste pas grand chose pour pimenter 2023. 

Un grand champion, avec de la classe du talent, de l'instinct, et un esprit offensif, mais qui ne gagne pas autant qu'on espèrerait le voir faire : en France, cette description fait immédiatement penser à un certain Raymond Poulidor, qui ironiquement est le grand-père de son plus grand rival néerlandais. Un détail particulièrement croustillant dans cette rivalité vieille de plus d'une décennie. 

Wout Poulidor et Mathieu Anquetil ? On n'en est pas vraiment là, ce ne sont pas les mêmes coureurs. Aucun des deux ne gagnera un Grand Tour, mais la ressemblance entre Van Aert et Poulidor est en train de devenir assez terrifiante. Car on l'oublie trop souvent, "Poupou" n'était pas que celui qui a échoué à plusieurs reprises à remporter le Tour de France, notamment contre Anquetil en 1964. 

C'était un coureur splendide, qui a gagné un Tour d'Espagne, deux Dauphiné, un Milan - San Remo (comme Van Aert), deux Paris-Nice, entre autre choses des 189 victoires (!) qu'il a décroché durant sa très longue carrière. Tout sauf un "Éternel second", étiquette qui lui aura collé à la peau toute sa carrière. 

Wout Van Aert a 28 ans, et déjà 40 victoires professionnelles sur route, sans compter la montagne qu'il a acquis en cyclo-cross. Mais ce qu'on retient de lui, c'est sans nul doute ses performances sur le Tour de France. Ironique pour un prétendu spécialiste des courses d'un jour. L'édition 2022 avait été marquée du sceau de Wout Van Aert, maillot vert et équipier incroyable, qui avait pesé pour beaucoup dans le sacre de Jonas Vingegaard. Et en 2021, il avait raflé le contre-la-montre la veille de l'arrivée et le sprint sur les Champs dans la foulée. Hallucinant. 

Seulement, ces efforts, il finit par les payer d'une façon ou d'une autre. Sa saison en cyclo-cross, si elle lui a permis de glaner quelques succès, s'est terminée amèrement par une défaite au sprint contre MVDP aux Mondiaux. Et tous ses objectifs principaux sur route, entre Monuments et Mondiaux, l'ont vu subir le même sort, souvent des mains de son grand rival néerlandais. Et quand on l'a vu incapable de suivre le coup de boutoir de van der Poel hier, on a repensé à tous ces efforts quasiment continus depuis 18 mois, et à cette énergie qui lui a manqué dans le final d'une des courses les plus importantes de la saison. 

Ce qu'on aime chez Wout Van Aert, c'est sa générosité. On l'a encore vu sur la dernière Grande Boucle, il était toujours prêt à partir en échappée, à protéger son leader, à donner des coups de pédale, qui à gaspiller de l'énergie. Pour les autres, il donne sans compter. Mais c'est souvent à son propre détriment. C'est ce qui lui vaut une forte sympathie, parce qui qui n'aime pas un coureur qui anime la course, qui ne saute pas ses relais, et qui, même si il ne gagne pas autant que prévu, n'est pas avare d'un sourire en fin de course quel que soit le scénario ?

Ainsi va Wout Van Aert. Coureux généreux, spectaculaire, de grande classe, mais qui rentre dans la catégorie des "perdants magnifiques". Une catégorie inventée par Raymond Poulidor lui-même. Mais pour ne pas avoir de regrets en fin de carrière, peut-être va-t-il devoir se canaliser et restreindre son tempérament pour enfin accéder à la véritable gloire. Et enfin avoir un palmarès à la hauteur de son incroyable talent. 

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