Quand on a tout gagné et qu'on a constaté la supériorité d'une équipe sur l'Europe entière, difficile d'admettre que sa sélection soit toujours rentrée bredouille des grandes compétitions internationales. Wendie Renard dispute vraisemblablement sa dernière Coupe du monde et on imagine aisément sa volonté de mettre les Bleues au sommet.
Capitaine de l'Olympique Lyonnais, son club de toujours avec qui elle a soulevé 8 Ligues des Champions, sans parler des titres nationaux, la défenseure centrale est la joueuse française la plus connue, la plus reconnaissable aussi en raison de physique hors-norme qui a fait une référence. À 32 ans, le Martiniquaise est en quête d'un titre international avec la France et les occasions d'y parvenir sont réduites à présent pour elle.
Mise en retrait
Il a fallu attendre dix ans que la France retrouve le dernier carré d'une grande compétition internationale. De la quatrième des JO de Londres à la 1/2 finale du dernier Euro, les Bleues ont connu de nombreuses désillusions et la sortie de route dès les 1/4 de finale du dernier Mondial devant leur public, même contre les États-Unis, reste un revers marquant.
Les stades pleins et les courbes d'audience ont été trompeuses : la discipline ne s'est pas implantée comme elle aurait dû l'être et les Françaises sont passées du statut de potentielles icônes à joueuses incapables de se transcender. La personnalité de la sélectionneuse Corinne Diacre n'a rien arrangé et la popularité s'est transformée en animosité.
Sa reconduction automatique de manière unilatérale par Noël Le Graët a jeté un froid et Renard a préféré se mettre de côté au début du printemps, quitte à se priver d'une Coupe du monde aux antipodes. "J'ai défendu le maillot bleu blanc rouge, 142 fois avec passion, respect, engagement et professionnalisme, écrivait-elle sur Facebook après avoir remporté le Tournoi de France. J'aime la France plus que tout, je ne suis pas parfaite, loin de là mais je ne peux plus cautionner le système actuel bien loin des exigences requises par le plus haut niveau. C'est un jour triste mais nécessaire pour préserver ma santé mentale. C'est avec le coeur lourd que je viens par ce message vous informer de ma décision de prendre du recul avec l'Equipe de France. Je ne ferai malheureusement pas cette Coupe du monde dans de telles conditions. Mon visage peut masquer la douleur mais le coeur, lui, souffre... et je n'ai plus envie de souffrir".
Son post est une déflagration mais, plutôt que d'écouter une joueuse qui n'a plus rien à prouver et qui est également soutenue, Le Graët persiste et signe. La déchéance du président de la FFF mettra également fin au mandat de Diacre et Renard fera son retour avec un autre Renard.
Renard au carré
"Tant que tout le monde aura la même vision et la même volonté de travailler dans la même direction, nous pourrons réaliser quelque chose de grand" : sur le site de la FIFA, Wendie Renard est apparue convaincue au moment d'aborder ce Mondial. C'est l'occasion ou jamais d'utiliser cette expérience des occasions manquées pour précisément décrocher une étoile.
"Nous n'avons pas passé les quarts de finale parce que nous n'avons pas été assez efficaces dans les moments cruciaux", synthétisait-elle avant de mettre en valeur l'arrivée d'Hervé Renard à la tête de la sélection. C'est un entraîneur qui a beaucoup d'expérience, qui a gagné au niveau international et qui est charismatique. Nous espérons qu'il apportera beaucoup de cette expérience à ce poste, car il a gagné des titres majeurs".
Méthode Coué ou véritable sentiment ? Wendie Renard sera quoi qu'il en soit en première ligne, pièce fondamentale du collectif bleu et scrutée plus que les autres. Le tribut de celles qui marquent leur époque.
