Avant de se déplacer au stade de la Cerámica, le feu des projecteurs est braqué sur un Rodri Sánchez en quête d'un troisième match consécutif en championnat à un grand niveau. Face à l'équipe de Carlo Ancelotti dimanche dernier et contre Almería une semaine avant, l'Espagnol a été le meilleur joueur de l'équipe de Manuel Pellegrini.
Face aux Andalous, l'international U21 a inscrit 1 but et a délivré 1 passe décisive, avant de réitérer la prestation face aux champions en titre au Benito Villamarín où il a été élu MVP de la partie. Ce dimanche, à 18h30, le Betis se déplace sur la pelouse de Villarreal, un concurrent direct pour l'Europe, avec l'objectif d'empocher les trois points.
Les péripéties de Rodri Sánchez jusqu'au Real Betis et la Coupe du Roi
C'est l'histoire d'un jeune garçon devenu footballeur professionnel après avoir traversé un parcours plus qu'atypique. Plusieurs prises de décisions plus ou moins risquées à l'adolescence l'ont mené jusqu'au stade Benito Villamarín. Originaire de Talayuela (Estrémadure), un petit village du centre-ouest de l'Espagne, Rodri Sánchez terrasse dès le plus jeune âge les équipes de sa région. Francisco, son père, sait que son garçon peut viser plus haut.
C'est pourquoi il décide d'emmener son fils, à l'âge de 10 ans, à la Ciudad Real Madrid passer un test. Le Real Madrid voit en lui quelque chose. Cependant, ces derniers proposent au joueur et au père de jouer une saison au CD Canillas - un club affilié au mastodonte madrilène -, avec la possibilité de faire le point une fois celle-ci aboutie. Tout le monde est d'accord et Rodri Sánchez entame, dès lors, sa propre Odyssée dans le monde du football : Atlético de Madrid, Espanyol, FC Barcelone, Deportivo de la Corogne, retour à la case départ à Talayuela, puis le Real Betis.
"Après Canillas, j'étais vexé contre le Real Madrid - de ne pas m'avoir recruté de suite -, c'est pourquoi j'ai décidé de rejoindre l'Atléti la saison d'après. Ce fut beaucoup d'années de sacrifice pour mon père et moi, nous faisions 400 km une fois tous les 3, puis 4 jours pour aller à Madrid. Jusqu'au jour où nous avons subi un accident sur la route et nous avons pris la décision que je devais rejoindre un centre de formation. C'est alors que l'Espanyol est apparu", a raconté l'Espagnol sur la chaîne Twitch de DAZN Espagne.

À l'année, le géant de la Ciudad Condal l'appelle et ce dernier n'hésite pas à répondre favorablement à l'appel du pied, bien avant la fin de la saison, l'obligeant à quitter l'Espanyol en avril. Au Barça, après une bonne saison, on lui dit qu'il n'aura plus autant de temps de jeu, c'est pourquoi il décide de partir en Galice. Là-bas, au Depor, tout se passe bien sportivement, mais Rodri Sánchez n'arrive pas à s'adapter à l'environnement autour. Alors, il décide de rentrer chez lui, dans son village, dès janvier. "J'avais 16 ans, et après avoir fait toute l'Espagne et jouer tous les derbys, j'avais besoin de retrouver mes amis et ma famille", expliquait-il.
Une décision prise sous le coup de l'émotion penserons certains, mais qui s'est avéré être la bonne dans le temps. Les Andalous contactent le joueur en mars pour passer un test - après l'avoir repéré en amont depuis pas mal de temps. Le milieu de terrain réussit l'essai haut la main, mais refuse d'intégrer le club dans la foulée, car il voulait profiter de son village une dernière fois, avant de commencer une nouvelle saison. Pas froid aux yeux.
"Je leur ai dit 'rappelez-moi en juin si vous êtes intéressés'. En juin, le Betis m'a recontacté, j'ai signé là-bas... et voilà où j'en suis aujourd'hui."
Depuis, le numéro 28 des Verdiblancos a disputé 73 rencontres avec l'équipe première, après avoir joué en équipe B pendant 11 matches, et a été l'un des artisans du titre en Coupe du Roi la saison passée. Cette année, Rodri Sánchez continue son ascension et est l'une des révélations de LaLiga : le milieu répond présent dès lors que Manuel Pellegrini décide de l'aligner dans son onze.
"La progression est plus que positive. Pour un jeune joueur, il joue beaucoup de minutes. Il s'adapte très bien au haut niveau et il montre qu'il peut jouer dans des positions qui ne sont pas les siennes. Lors des derniers matches, contre Almería et le Real Madrid, il a joué à son poste naturel et il a été très performant", avoue Francisco Sánchez, son père, à Flashscore France.
Rodri Sánchez profite des opportunités quand il le faut
"Je souhaite qu'il continue de progresser comme il l'a fait jusqu'à présent, que ce soit à son poste de prédilection ou dans une position de libre mouvement, là où il peut aider l'équipe. L'objectif est qu'il soit titulaire au Betis le plus longtemps possible, le club que Rodri aime."
Jouant dans la position de numéro 10 dans le 4-2-3-1 de l'entraîneur chilien, le joueur espagnol partage son temps de jeu avec Nabil Fekir depuis le début de saison 2022-2023. Cependant, avec la malheureuse blessure du Français contre Elche (rupture du ligament croisé antérieur du genou gauche), le 24 février dernier, Rodri Sánchez a disputé les deux matches suivants de son équipe en Liga. L'Espagnol saisit sa chance et se démarque, aidant les siens à empocher 4 points sur 6.
Le Lyonnais étant écarté, c'est lui qui sera chargé de faire le jeu de son équipe et d'assumer le statut durant les derniers mois de compétition. Il faut dire que jusqu'à présent, l'Espagnol a réalisé des performances de haut niveau et bénéficie de la confiance de Manuel Pellegrini.
"Le coach a été d'une grande importance pour Rodri, nous explique son père. Ce qui m'a surpris à l'époque, c'est qu'il a déclaré en conférence de presse, après son premier entraînement avec les pros, qu'il allait faire partie de l'équipe première. Depuis, il a tenu sa promesse en lui donnant des minutes et de l'importance."
Il n'a pas attendu la blessure de son coéquipier pour se montrer, loin de là. Le joueur originaire d'Estrémadure jouait déjà plus de minutes (1622 minutes, 19 titularisations) que l'international français cette saison (1172, 14 titularisations), réalisant très souvent des performances de haut niveau. En témoigne ses 5 passes décisives toutes compétitions confondues, qui fait de lui le meilleur passeur de l'effectif des Verts et Blancs.
Le prodige gaucher est le typique produit du championnat ibérique : 1,68 m, technique, ballon qui colle aux crampons, bonne vision de jeu et précision dans les passes. Placé au cœur du jeu dans sur le schéma, il a tendance à se positionner légèrement à droite pour pouvoir repiquer sur son bon pied et placer un centre intéressant ou caler une bonne frappe. Petite statistique anecdotique intéressante : avant de jouer le Real, il cumulait le même nombre de passes décisives (5) que Modrić cette saison, avec 7 matches de moins disputés.
"On veut se qualifier pour la prochaine Ligue des champions. Je pense que le Betis a actuellement l'effectif et le niveau pour lutter pour se qualifier pour ça", a déclaré l'Espagnol à DAZN. À l'image de son parcours chez les jeunes, Rodri Sánchez montre être hardi et semble viser toujours plus haut. À Old Trafford jeudi, Pellegrini a fait le choix de le laisser sur le banc, dans l'optique du choc face à Villarreal ce dimanche. À lui de répondre une nouvelle fois présent, comme il a l'habitude de faire, dans le but, à long terme, de pouvoir porter un jour le maillot de la Roja.
"Le premier objectif de Rodri est de participer à l'Euro U21 cet été, mais, avec la présence de Luis de la Fuente chez les pros, c'est sûr que c'est une chance parce qu'il a toujours compté sur lui. Bien sûr qu'il a l'ambition de défendre les couleurs de l'Espagne."
