Certes, Antoine Griezmann n'était pas là et cela s'est ressenti dans le jeu. Mais même avec son leader technique, les Bleus auraient pu inverser la tendance contre l'Allemagne ? Moribonde il y a encore quelques semaines, la Nationalmannschaft a signé une victoire convaincante contre l'Equipe de France à Lyon et s'avance vers "son" Euro avec davantage de certitudes que les vice-champions du monde... même s'il ne faut pas oublier que la défaite à domicile contre la Colombie en amical en mars 2018 (3-2) n'avait pas empêché d'accrocher une deuxième étoile en Russie.
Lloris, plus leader qu'il n'y paraissait
Au-delà des difficultés observées dans le jeu, c'est le manque de rébellion qui a été frappant. Du capitaine Kylian Mbappé à Aurélien Tchouaméni en passant par Adrien Rabiot et Benjamin Pavard, les cadres ont été absents, incapables de rameuter les troupes et d'inverser un match débuté avec un but de retard. Être mené au score aussi tôt n'est pas un avantage mais il restait tout de même plus de 90 minutes pour reprendre le leadership et montrer que cette déconcentration était simplement passagère.
Au lieu de ça, les Allemands ont tissé leur toile, emmenés par les maîtres à jouer Toni Kroos et Ilkay Gündogan. La défaite (2-0) est logique, voire bien payée pour les Bleus, déjà battus à Dortmund le 12 septembre 2023 (2-1). Cette défaite avait marqué la fin d'une série de 6 matches d'invincibilité de 2015 à 2021 (4 victoires pour 2 nuls).
Au Groupama Stadium, il fallait donc gagner pour contre-balancer et se projeter plus sereinement vers l'Euro. Or les Bleus ont été incapables de se montrer pleinement dangereux avec seulement 2 tirs cadrés et, sortis d'un bref regain après le quart d'heure de jeu et le face-à-face perdu par Mbappé face à Marc-André ter Stegen, ils n'ont quasiment pas existé.
Si le choix d'offrir le brassard à Mbappé pour succéder à Hugo Lloris a laissé perplexe, d'autant qu'il a séché plusieurs conférences de presse, le débat n'est finalement pas encore clos. Le numéro 10 est principalement un soliste avant d'être un chef d'orchestre. Mais qui l'est aujourd'hui ? Par sa position, son passif, son style de jeu, Griezmann était le candidat tout désigné mais sa candidature n'a pas pesé bien lourd. Pourtant, le Colchonero aurait été le meilleur choix pour "former" la relève.
Mieux que quiconque, Deschamps connaît l'enjeu du rôle
Pour autant, d'autres joueurs ont a priori les épaules pour endosser un tel rôle. Samedi, seuls Brice Samba et Dayot Upamecano ont timidement essayé d'élever la voix. Sont-ils audibles ? "Je pense que samedi, ce n'était pas assez, a concédé Mbappé en conférence de presse lundi après-midi. Le leadership a été défaillant. On a été dépassé. Ce sont des indicateurs. Il faut réagir pour ne pas installer un doute qui n'existe pas actuellement".
Un leader sur le terrain doit montrer l'exemple dans le jeu, sans que cela soit forcément beau à voir. Une des spécialités de Sergio Ramos, aussi bien avec l'Espagne qu'avec le Real Madrid, était de commettre une grosse faute loin de ses cages, voire carrément dans le camp adverse, quitte à se prendre un avertissement, dans le seul objectif de casser le rythme et rééquilibrer les forces en présence.
Qui en est capable en Équipe de France actuellement ? Si de nombreux joueurs ont parlé de "piqûre de rappel", au diapason de Didier Deschamps, cette prestation demeure inquiétante contre une Nation vouée à aller loin lors de l'Euro. "Un match n'enlève pas tout ce qui a été avant, a martelé le sélectionneur qui fut le symbole du capitaine par excellence durant toute sa carrière de joueurs et dès les catégories inférieurs. Ça remet un peu en éveil. Ce n'est pas parler pour haranguer quelqu'un mais plus de se parler entre les lignes. C'est naturel pour certains joueurs, pour d'autres ça l'est moins".
Avec l'expérience engrangée, les Bleus ont la ressource suffisante pour se servir de cette défaite. Mais il n'empêche que le doute s'est installé et ça, ce n'est pas passé inaperçu chez leurs rivaux.