Une gigue d'1,96 m, une barbe naissante, un bandeau dans les cheveux, la passion de Boca Juniors et cette préparation de coup droit si spécifique : Tomás Martín Etcheverry trimbale un air de Juan Martín del Potro. Dix ans séparent le vainqueur de l'US Open 2009 de son cadet novice à ce niveau de la compétition en Grand Chelem. Le 49e joueur mondial réalise un Roland-Garros proche de la perfection : aucun set perdu en quatre matches, une statistique que seul Novak Djokovic peut lui contester cette année.
Contre le gaucher Yoshihito Nishioka qui avait fini par essorer Thiago Seyboth Wild, tombeur de Daniil Medvedev au 1ᵉʳ tour, la fraîcheur du natif de La Plata a fait la différence. La qualité de main du Japonais a relancé un première manche où la puissance de l'Argentin avait déjà pris le pas sur le poids plume (1,70 m). Mais même avec une balle de set contre lui dans le jeu-décisif, Etcheverry a tenu et c'est cette fois le Nippon qui a flanché physiquement et encaissé un 6-0, 6-1 cinglant.
Planètes alignées et jeu vers le filet
Jusqu'à présent, l'Argentin a oscillé entre les petits coups de chance comme l'abandon de Jack Draper à 6-4, 1-0 ou encore la blessure de Nishioka lundi soir, mais également les grands matches contre Alex de Minaur qui croise souvent le fer avec Carlos Alcaraz à Equelite et Borna Coric. Demi-finaliste à Madrid puis quart-finaliste à Rome, battu respectivement par Alcaraz et Stefanos Tsitsipas.
Trois têtes de série de rang et à présent Alexander Zverev qui, un an après sa terrible blessure à la cheville contre Rafael Nadal, est en 1/4 de finale avec autorité mais en faisant montre d'irrégularité comme ce fut le cas contre Grigor Dimitrov malgré l'amplitude du score (6-1, 6-4, 6-3).
Etcheverry a une frappe de balle puissante des deux côtés et son service qui affole les radars entre 210 et 220 km/h sur première. Il a le jeu pour perturber l'Allemand, même si Zverev est un métronome qui décèle les moments-clef. "Tomi avait besoin d'un nouveau schéma de jeu, je le trouvais très défensif", a expliqué son coach, Walter Grinovero à ESPN. "Il avait besoin d'apprendre une transition de milieu de terrain à attaquant. Il fallait changer certains traits, gestes et pensées. Nous avons un long chemin à parcourir, mais nous sommes sur la bonne voie."
Grinovero a notamment coaché Francisco Cerúndolo qui a mené la vie dure à Holger Rune en 1/8 de finale mais, depuis la tournée américaine automnale, il a pris en main la carrière d'"Etche" : "ce que j'ai ressenti, c'est qu'il lui manquait un père tennistique, quelqu'un en qui il pouvait avoir confiance. Il a le tennis dans le sang".
Contre Zverev, l'Argentin se lancera-t-il dans le combat du fond du court ? Pas si sûr pour son entraîneur qui lui a souvent fait travailler les filières courtes : "je me suis beaucoup concentré cette transition, pour qu'il puisse aller au filet. J'ai l'impression que c'est son jeu et qu'il devrait jouer des points plus courts". Le secret d'une place en 1/2 finale serait-elle dans le service-volée ? Un style de jeu offensif qui plairait au public et qui lui apporterait un soutien qui a son importance malgré la versatilité des gradins cette année.
Dix-neuf ans après Gastón Gaudio, l'Argentine pourrait-elle voir débarquer de nulle part un underdog dans une partie de tableau ouverte ? Mais, plus qu'El Gato, "Tomi" a des faux airs de "DelPo". Pour le moment, cette ressemblance n'est que physique. Mais, d'ici mercredi soir, le mimétisme sera peut-être encore plus voyant.
