1ᵉʳ juillet 2019 : Coco Gauff, 15 ans et attendue comme la relève du tennis féminin, s'illustre déjà en sortant Venus Williams au premier tour de Wimbledon. Pas une surprise tant elle était espérée comme un véritable phénomène. Elle ira d'ailleurs jusqu'en 8e de finale, seulement stoppée par la patronne de l'époque, Simona Halep.
3 juillet 2023 : Coco Gauff, 19 ans, s'incline contre Sofia Kenin au premier tour de Wimbledon, alors qu'elle était tête de série n°7 et que sa compatriote, bien qu'ancienne lauréate de l'Open d'Australie, est dans un énorme creux depuis près de deux ans et avait dû passer par les qualifications.
Quatre ans ont passé. Quatre ans de carrière professionnelle. Des succès, certes, comme ses trois titres WTA et sa finale de Roland-Garros l'an dernier. Mais, le bilan est globalement moyen, et alors qu'elle n'a pas encore 20 ans, l'Américaine semble avoir atteint une sorte de plafond.
Parce que pour gagner, il faut battre tout le monde. Et, de ce point de vue là, elle n'est pas à la hauteur face aux grandes dames actuelles du circuit. L'Américaine est n°7 mondiale, et contre les six joueuses mieux classées aujourd'hui, son bilan est de 10 victoires pour 14 défaites. Pas honteux, certes, mais c'est le genre de matchs qui permet de rejoindre des demies et des finales de Grand Chelem.
Et, si l'on prend depuis sa finale parisienne l'an passé, ce bilan passe carrément à 3-8. Puisque c'est bien de cela dont il s'agit. Voilà à peine plus d'un an, on pensait la fusée Gauff enfin lancée. Cette finale de Roland-Garros n'avait pas été acquise au prix de grandes victoires marquantes, mais elle avait eu le mérite d'exploiter un tableau particulièrement ouvert, chutant seulement contre l'intouchable Iga Swiatek.
Depuis ? C'est franchement décevant. Un titre certes, acquis dès son premier tournoi 2023 à Auckland, mais sans battre une seule Top 50. Un quart de finale à l'US Open. Un autre au dernier Roland-Garros. Deux demi-finales en WTA 500. Et c'est tout.
La régularité sans la régularité. Un quart de finale en Grand Chelem est l'assurance de se maintenir dans le gratin du tennis. Mais, que ce soit contre Caroline Garcia à l'US Open (6-3, 6-4) ou face à Swiatek – encore –, à Paris (6-4, 6-2), jamais, elle n'a été en position de gagner.
Et, on ne parlera pas de ses défaites embarrassantes, parce qu'il n'y en avait pas jusqu'à hier. Elle perd souvent contre des top players, ou alors des joueuses en forme. Elle n'a pas réellement de bête noire, excepté Swiatek, mais la Polonaise est la bête noire de tout le monde. Alors, pourquoi ?
Que l'on soit clairs : Coco Gauff fait une bonne carrière. Une joueuse qui intègre le Top 10 mondial et qui parvient à s'y maintenir fait une bonne carrière. Là où le bât blesse, c'est au sujet des attentes, car elle n'était pas attendue comme une des futures grandes joueuses : elle était attendue comme une n°1 mondiale.
Bien sûr, elle n'a pas 20 ans. Bien sûr, elle n'a pas encore tout donné. Bien sûr, elle a encore toutes ses chances d'atteindre le sommet du classement mondial ou de remporter un Grand Chelem. Bien sûr, elle sera sans doute dans le gotha du tennis féminin pendant une dizaine d'années. Et, à la fin de sa carrière, on s'en souviendra probablement comme d'une joueuse marquante.
Mais, c'est le problème avec les enfants prodiges : on aimerait qu'ils restent des enfants. Coco Gauff a atteint l'âge adulte, avec la pression, les attentes, l'obligation de résultats sous peine d'être remplacée par une plus jeune qui déboulera sur le circuit – et il y en a à foison. Pour ne pas tomber dans l'oubli et ne rester qu'une "banale" joueuse du Top 10, la tournée américaine sera cruciale. Parce que celle sur gazon est déjà terminée.