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Lucas Pouille est né à l'US Open, quand il a terrassé Rafael Nadal

Lucas Pouille a fait l'exploit ce jour-là.
Lucas Pouille a fait l'exploit ce jour-là.AFP
2016, une autre époque. Le Big Three est au zénith, mais l'US Open lui échappera. Et, les Bleus auront rarement été aussi performants, notamment parce que Lucas Pouille avait accompli le plus grand exploit de sa carrière.

Combien de Français ont battu Rafael Nadal en Grand Chelem ? Seulement deux. Le premier est inoubliable, puisqu'il s'agit de Jo-Wilfried Tsonga en demi-finale de l'Open d'Australie 2008, une partie incroyablement dominée par le Français. Nous y reviendrons un jour. Mais le second est tout aussi mémorable.

En 2016, Lucas Pouille est en train de se faire un nom sur le circuit. Il se présente en tant que tête de série n°24 à New York. À 22 ans, il ressemble au futur du tennis français alors qu'on prédit déjà une fin proche à la génération des Mousquetaires. Mais il reste des réserves sur "La Pouille".

Pourtant, il vient d'atteindre les quarts de finale à Wimbledon. Mais en devant cravacher pour dominer 10-8 au 5ᵉ set Bernard Tomic - un nom pour les initiés – après avoir écarté le fantôme de Juan Martin del Potro. Avant de chuter presque sans combattre face à Thomas Berdych. Le monde du tennis n'est pas convaincu, mais cela va changer. En un match.

Car il n'est clairement pas convaincant en ce début de tournoi. 4 sets contre Mikhail Kukushkin, cinq face à Marco Chiudinelli, mais contre un joueur mieux classé, Roberto Bautista Agut, Pouille vient de nouveau s'imposer en cinq manches, montrant quelques belles qualités mentales. Néanmoins, cela semble un peu court pour s'attaquer à Nadal. 

Car on parle du grand Nadal, qui est déjà le roi incontesté de Roland-Garros, mais qui a surtout remporté deux fois ce tournoi, et qui le raflera encore deux fois ensuite. Après une blessure au poignet qui l'a obligé à renoncer à Paris puis Wimbledon, il revient faire 4 des Jeux olympiques, et ses trois premiers tours new-yorkais sont convaincants : aucun set lâché, seulement 20 jeux perdus ! 

Pourtant, le premier set est sans équivoque. Pouille marche sur son rival et en 30 minutes, la première manche tombe dans son escarcelle devant un public médusé. Nadal va se réveiller, pense-t-on. Et effectivement, il exploite la première baisse de régime tricolore pour revenir à hauteur. Le début du show pour le Majorquain ? 

Eh bien non, puisque Pouille breake d'entrée de troisième manche et emmène cet avantage au bout pour reprendre la main. L'exploit est possible ? Un optimisme tempéré dans une quatrième manche où la tension commence à se faire sentir, mais où Nadal fait parler l'expérience pour arracher un cinquième set. Un chef-d'œuvre. 

Une furieuse bataille de 71 minutes durant laquelle les deux joueurs vont donner leur meilleur. Et pourtant, quand Nadal breake d'entrée, on pense que c'est fini, qu'un joueur aussi expérimenté que l'Espagnol ne lâchera pas la proie qui est dans sa gueule, à sa merci. Pourtant, Pouille lâche ses coups, cogne de plus en plus fort, et finit par obtenir le débreak tant convoité.

Mais ce n'est pas tout de revenir à hauteur de la bête, encore faut-il la terrasser. Le Français devient intenable au service, mais puisque l'US Open a devancé les attentes nouvelles de l'ATP, le match se termine au tiebreak. La mainmise est française, Pouille prend les devants, semble au bord de l'exploit, et va chercher trois balles de match. C'est fini ?

Eh bien non, ce n'est jamais fini avec Nadal. Une, puis deux, puis trois balles de match sauvées en montant d'un cran l'intensité – comme si c'était possible, et le voilà de retour aux affaires. C'est fini ? Eh bien non, puisque le Français ne s'effondre pas comme Nadal et tout le public l'attendait. La quatrième sera la bonne, et un dernier coup droit, le dernier de ses 59 coups gagnants, plie le match.

Un succès 6-1, 2-6, 6-4, 3-6, 7-6 (8) qui reste aujourd'hui encore le plus grand moment de la carrière de Lucas Pouille, pourtant demi-finaliste de l'Open d'Australie en 2019. Et qui court après son niveau réel depuis. Un grand tournoi, un grand stade, un grand adversaire, une grande victoire : tout ce qu'on aime, encore plus quand c'est un Français.