En 2021, personne n'a oublié l'incroyable parcours d'Emma Raducanu, sortie des qualifications pour aller remporter l'US Open. Il est vrai qu'il s'agit là d'un exploit unique, mais la Britannique n'est jamais arrivée à confirmer cette performance monstrueuse. Et c'est également vrai, à un degré moindre, pour sa victime en finale cette fois-là, une certaine Leylah Fernandez.
Car ce parcours jusqu'en finale a été éclipsé par sa défaite. Alors que si l'on y regarde de plus près, elle aussi jouait le tennis de sa vie. Naomi Osaka, Angelique Kerber, Elina Svitolina, Aryna Sabalenka, la liste de ses victimes était impressionnante. Mais voilà, elle a succombé à la magie de l'Anglaise en finale, et depuis, la promesse d'une autre nouvelle star est restée vaine.
Enfin vaine, pas totalement. On y a cru, car elle a délivré un début de saison 2022 plus convaincant que sa tombeuse. D'abord, elle avait conservé son titre à Monterrey, mais surtout, elle avait délivré un parcours encourageant à Roland-Garros, atteignant les quarts de finale et ne tombant qu'en trois sets contre la redoutable Martina Trevisan. De bon augure dans le cadre d'une confirmation.
Néanmoins, durant ce match, elle allait se blesser au pied, ce qui l'obligeait à zapper la tournée sur gazon. Depuis… c'est compliqué. Une éclaircie, lors de la tournée asiatique à l'automne dernier, avec le troisième titre de sa carrière à Hong Kong enchaîné avec une place dans le dernier carré à Nanchang. Problème, il s'agit là de ses deux seules demi-finales depuis son titre susmentionné à Monterrey, soit deux ans.
Pourtant, des victoires référence, il y en a eu. Beatriz Haddad Maia (deux fois), Belinda Bencic, Victoria Azarenka, Marketa Vondrousova après son sacre à Wimbledon, une Zheng Qinwen fraîche finaliste de l'Open d'Australie le mois dernier à Doha. Des lauréates, finalistes ou demi-finalistes de Grand Chelem, des Top 20, des Top 10, mais aucune régularité.
C'est d'ailleurs l'impression qui domine quand on regarde jouer Leylah Fernandez. L'impression que dans un bon jour, elle peut rivaliser avec n'importe qui. De là à dire qu'elle n'avait connu que de bons jours lors de son parcours new-yorkais ? Il y a là un pas que nous ne franchirons pas, puisque ce discours est plutôt censé s'appliquer à la gagnante britannique, qui n'a, elle, rien confirmé du tout. Ni laissé entrevoir de promesses.
Malgré tout, cela interpelle, comme on a pu le voir à Indian Wells contre Diane Parry. La Française n'est clairement pas cataloguée comme une joueuse de double, même si elle est en progrès sur cette surface comme elle l'a prouvé en Californie. Sauf que faute d'avoir su abréger les échanges, et garder durant le match une réelle constance, la Canadienne a fini essorée, rendant les armes bien trop facilement dans la dernière manche.
La conséquence de cette défaite dès son entrée en lice, c'est qu'elle est désormais sur un bilan de 6 victoires pour 6 défaites en 2024. Pas de quoi sortir du lot donc. Néanmoins, elle est également tête de série à Miami, a donc évité le premier tour et se voit proposer la modeste Emiliana Arango pour débuter, avant un choc possible contre la n°5 mondiale Jessica Pegula.
Un poids lourd du circuit WTA, certes, mais une Américaine qui est clairement à côté de ses pompes cette saison malgré un changement d'entraîneur. Une belle occasion pour Fernandez de remporter son plus important succès en termes de classement depuis… l'US Open 2021 et son succès sur Sabalenka. Une façon détournée de boucler la boucle ?
Pas seulement, car c'est aller vite en besogne, et oublier que la Canadienne n'a que 21 ans au final. Mais le risque est réel de tomber dans la catégorie des joueuses surprise en Grand Chelem qui n'ont au final jamais retrouvé leur talent. Emma Raducanu donc, mais aussi Bianca Andreescu, Sofia Kenin, Jennifer Brady, pour ne parler que des plus récentes. Leylah Fernandez a le temps sans l'avoir, et il va falloir rapidement signer un coup d'éclat pour rappeler au monde du tennis qu'elle reste une réelle menace.
