Sur le court nº13, dimanche, John Isner, ancien Top-10, et Nuno Borges, actuel nº1 portugais, se sont livrés une bataille marathonienne, que seul un Grand Chelem peut offrir. "Un autre sport", comme l’a si bien dit Novak Djokovic samedi en conférence de presse.
Après 4h03 de jeu, le joueur originaire de Maia, dans le nord du Portugal, s’est laissé tomber sur l’ocre parisien, couvrant son visage avec ses deux mains, tellement sa joie était immense et son soulagement était grand. Car oui, à ce moment-là, Nuno Borges vient de réaliser une performance marquante dans sa carrière : passer pour la première fois le premier tour de Roland-Garros.
La bataille fût rude, le Portugais est allé chercher le dernier point - à 10-9 dans le super tie-break - au plus profond de soi. Et cette fois-ci, c'était la bonne, lui qui avait vu son adversaire le débreaker deux fois dans le match, alors qu’il servait pour gagner le 3e set et le 5e.
Question - Premièrement, félicitations pour votre victoire. Vous avez réalisé un véritable marathon tous les deux, plus que 4h de match (4h03)… La bataille du dernier set a été très impressionnante. Vous meniez avec un break d’avance, il revient et finalement, vous gagnez au super tie-break… Quelles sont vos impressions après ce match ?
Réponse - Oui, effectivement, ce fut un match très dur, un match très long, qui mentalement a été épuisant. Il y a eu beaucoup de hauts et de bas. Mentalement, cela est dur lorsque vous réussissez à prendre deux fois le service de votre adversaire dans un set, puis, qu’on vous recolle au moment où vous pouvez finaliser celui-ci - à 5-4. Si vous n’arrivez pas à finaliser cela quand il le faut, forcément derrière, cela provoque plus d’erreurs de votre part. Malgré tout, je suis très content et très fier d’avoir gagné ce premier tour. Je pense que finalement, c’est mérité. La victoire a été vraiment travaillée et le match a été extrêmement intense.
Q - Vous sentez-vous prêt physiquement et mentalement à disputer une autre bataille au deuxième tour contre Schwartzman ou Zapata Miralles ?
R - Oui, bien-sûr ! Je vais avoir deux jours de repos, car je rejoue mercredi. C’est important pour moi. De plus, je suis confiant à l’idée d’être prêt pour ce rendez-vous. C’est sûr qu’après quatre heures de match, c’est compliqué de se sentir frais tout de suite. Mais, quoi qu’il en soit, je me sens bien et la seule chose que j’espère, c'est d’être bien plus en confiance dans mon jeu. Finalement, une victoire comme ça, après une longue bataille et plusieurs heures de jeu, ce n'est que du positif pour moi.
Q - John Isner est un joueur très connu du circuit ATP, 38 ans, ancien top-10, gros service, grande taille… Quelle a été la clé pour vaincre ton adversaire, surtout dans le super tie-break de la dernière manche ?
R - Oui, John est un joueur qui met beaucoup de pression dans le jeu. C’est clair. Le plus important a été de maintenir mon idée, mon plan de jeu, être concentré sur mon objectif. Je savais ce que je devais faire, je savais que je devais travailler les points sur le service de John, essayer de lire au mieux sa mise en jeu - même si, vous vous en doutez, c’est très compliqué vu la puissance. Mais voilà, je devais choisir un côté et tout donner pour envoyer un bon retour. Il fallait accepter cela, son lourd service. Parfois, c’était même mieux pour moi d’accepter de renvoyer la balle au milieu, que de faire une faute directe. Je me suis mis dans la tête que c’était mieux de jouer face à cette difficulté en restant un joueur déterminé. Et, surtout, je voulais gagner les points, aller les chercher moi-même, construire et conclure. Plutôt que de tenir les échanges pour le pousser à la faute.
Q - Vous avez battu votre record ici à Roland-Garros, vous avez passé le premier tour pour la première fois dans votre carrière. Félicitations !
R - Merci beaucoup !
Q - Pareil, vos sensations par rapport à cela. Pensez-vous pouvoir encore aller un peu plus loin ?
R - Oui, bien-sûr (rires). Maintenant que je suis ici, je vais profiter et essayer d’aller le plus loin possible. Je vais me centrer pour essayer de gagner mon prochain match. Désormais, je suis très content de ma performance et je vais profiter aujourd’hui de ma victoire, parce que c'est un fabuleux jour pour moi. Donc très heureux, c'est une grande victoire. Je vais bien me reposer ce soir et demain je vais commencer à chercher les clés pour remporter mon prochain match, en plus de continuer à travailler dur pour être sur le bon chemin.
Q - Vous êtes l’unique joueur portugais dans le top-100. Vous êtes aussi le deuxième de l’histoire du tennis portugais à être dans le top-100 après Joao Sousa. De plus, vous êtes 76e joueur mondial. Que vous manque-t-il pour pouvoir atteindre le top-50 ?
R - Tout simplement, jouer des tournois et faire des performances. Cela va m’aider à atteindre cet objectif. On peut prendre pour exemple Jan-Lennard Struff qui était avant Madrid dans le top-100 et qui grâce à sa finale est devenu 26e. Ou encore Hanfmann qui était en dehors du top-100 et maintenant, il est 65e. Ce sont des choses qui comptent et cela signifie que tu peux être “underdog” tout en répondant aux attentes. Je ne vous dis pas que c’est ce qui va se passer ici (rires), mais je vais tenter de le faire. Je sais que je ne suis pas favori pour gagner Roland-Garros (rires), mais, je vais aller match après match, et, en travaillant avec beaucoup d’engagement, je pense pouvoir passer au moins un autre tour. Et une fois que cela sera fait, j’essaierai d’être dans la même lignée pour le tour suivant. Le top-50 est un objectif clair pour moi, je sens que je dois rester concentré sur ça, mais je dois penser match après match.
Q - Merci beaucoup !
R - Merci à vous !
