"L'intervention s'est déroulée avec succès, avec l'implantation de deux vis au niveau de la fracture du radius et une au niveau du scaphoïde gauche pour stabiliser et faciliter le processus de guérison", a-t-on appris par l'intermédiaire d'Aprilia plus tôt cette semaine.
Au premier abord, la nouvelle blessure de Jorge Martin ne semblait pas particulièrement alarmante. Mais, il a tout de même subi une fracture "complexe" du radius, de quelques os du carpe gauche ainsi qu'au niveau du talon lors d'une sortie à l'entraînement lundi dernier.
Son team a immédiatement annoncé qu'un "pronostic sera évalué (...) ces prochains jours". Et, c'est le pilote espagnol qui a ensuite pris la parole via ses réseaux sociaux mercredi. On sait désormais qu'il a subi quatre fractures en plus de la blessure qu'il avait subi au début du mois lors des tests hivernaux en Malaise.
Alors qu'on s'attendait à une seule absence à l'occasion du premier Grand Prix de la saison, le pronostic est dorénavant beaucoup moins optimiste. Sans savoir à quoi s'attendre réellement, il est certain que le champion du monde ne pourra pas défendre son titre en 2025. Toutes proportions gardées, cela ressemble légèrement à ce qui était arrivé à Marc Marquez en 2020 – mettant fin de facto à son hégémonie en catégorie reine.
Une blessure possiblement dramatique
Champion du monde sur sa Ducati-Pramac en 2024 – le premier pilote de l'histoire à le devenir sur une moto satellite –, Martin vit actuellement des heures difficiles après avoir connu l'extase totale au sein de sa discipline. Très talentueux, voilà des années qu'il était vu comme un futur grand.
Il a répondu aux attentes, mais là, c'est une tout autre affaire qui survient. Réputé pour sa maîtrise ces dernières saisons, malgré son style relativement agressif, Jorge Martin n'avait pas encore connu un tel drame.
Avec Ducati, sa dernière absence notable remontait à 2021 lorsqu'il avait chuté au Portugal, avant de manquer trois Grands Prix consécutifs (Espagne, France, Italie). Ensuite, il s'était particulièrement démarqué par sa capacité à rester en piste – davantage que Francesco Bagnaia la saison dernière.
De ces faits, le pilote de 27 ans s'apprête à vivre l'épreuve la plus difficile de sa carrière. Par essence, on ne sait pas comment il réussira à réagir durant sa convalescence. Malgré toute la bonne volonté du monde, il n'est pas assuré de revenir au top.
Et c'est dans ce sens que ses deux chutes successives en l'espace de trois semaines soulèvent des questions. La première est technique. A-t-il eu du mal à apprivoiser sa nouvelle machine : la RS-GP 25 ? Dans l'histoire du MotoGP, on sait que même les plus grands pilotes n'ont parfois pas pu réitérer leurs performances. Le premier exemple qui vient en tête est celui de Valentino Rossi quand il avait osé le choix Ducati en 2011 – alors dans le creux de la vague. Toutes les motos ne sont évidemment pas identiques et cela requiert de réapprendre un certain pilotage. Jorge Martin en a probablement fait les frais.
Maintenant, saura-t-il s'en relever ? Peut-être. Il a toujours fait preuve d'un mental à toute épreuve. Sa carrière et ses accomplissements le démontrent. En revanche, une grave blessure est un événement singulier qui peut conduire à une fin de carrière précipitée. À 27 ans, il reste probablement plus proche de son crépuscule.
Pour voir les choses positivement, il traverse l'âge durant lequel un sportif est souvent le plus solide physiquement. Cela pourrait le sauver. Mais seul le temps sera juge de paix. Sportivement, sa carrière est désormais entre parenthèses : ce sont ses concurrents qui se frottent les mains.
Le cas Marquez
En parlant de concurrence, il y en a un qui aura un adversaire de moins sur son chemin. Il se nomme Marc Marquez. Le sextuple champion du monde (2013, 2014, 2016, 2017, 2018, 2019) est sur le point de renaître définitivement de ses cendres. L'année 2025 pourrait, en effet, constituer son retour sur la plus haute marche du podium.
De nouveau vainqueur en Grand Prix en 2024, trois ans après, l'Espagnol de 32 ans a rejoint la Ducati officielle après de sacrées performances chez Gresini. Son choix de quitter Honda – avec qui il avait remporté tous ses titres depuis son arrivée en catégorie reine – s'est avéré payant. Mais, là, Marquez a l'occasion de retrouver les sommets. Tous les feux sont au vert afin qu'il puisse être candidat au titre… et il revient de très loin.
Durant ses premières années, il s'était distingué par sa faculté à se montrer hyper agressif tout en ne tombant que rarement. Étant alors très rapide, il a enchaîné les succès, confirmant alors son statut de "GOAT" en puissance.
Sauf que les années passant, le Catalan a fini par perdre à son propre jeu (fracture conséquente à l'humérus droit). Ce sont les risques du métier, mais il a dû accepter l'échec, lui qui avait installé un régime autoritaire en MotoGP. Un retour immédiat, puis une longue absence de près d'un an l'a forcé à regarder sa couronne atterrir sur une autre tête – celle de Joan Mir en 2020. Fabio Quartararo et Bagnaia ont ensuite repris le flambeau.
Mais durant ce temps-là, Marquez n'a pas réussi à se montrer de nouveau compétitif au guidon de sa Honda qui a également perdu de sa superbe. Bien qu'il soit parvenu à remporter trois Grands Prix en 2021, il a également montré le visage d'un pilote chutant régulièrement. Les observateurs du monde entier ont alors raisonnablement pensé que Marc Marquez ne retrouverait plus jamais le sacrement mondial.
Passé chez Ducati-Gresini avec l'idée de la dernière chance, il a remis les pendules à l'heure en faisant étalage de son talent hors norme. Et le 1ᵉʳ septembre 2024, il a remporté sa 62ᵉ victoire en MotoGP, démontrant qu'il était possible de revenir au plus haut niveau. Cette saison, il tentera de réaliser l'un des plus grands exploits de l'histoire de son sport en égalant Valentino Rossi… Le rendez-vous est pris pour Jorge Martin. Patience est mère de vertu.