Plus

Six Nations : le baromètre du XV de France après le Tournoi

Antoine Dupont et les Bleus en ont fini avec le Six Nations
Antoine Dupont et les Bleus en ont fini avec le Six NationsAFP

Les Bleus ont conclu leur Tournoi des Six Nations à la deuxième place, ne s'inclinant que contre l'Irlande. À six mois de la Coupe du monde, on fait le point sur l'état des forces en présence.

Convaincant ? Inquiétant ? Concernant le Six Nations du XV de France, on penche pour la première option. Quatre victoires pour une défaite logique en Irlande, on a vu du jeu, quelques points d'amélioration, et la confirmation que les Bleus possèdent un gos réservoir. Tour d'horizon.

Les tauliers sont là

Quand on regarde les Bleus, on a l'impression qu'il n'y a que des tauliers. Ce qui est bien sûr faux. On a vu les leaders à l'oeuvre, et on a eu la confirmation de qui était vraiment un élément fondamental.

En premier lieu, le principal point fort de cette équipe. Une charnière de niveau plus qu'international. Un avantage dont le XV de France n'a que rarement profité dans son histoire. Antoine Dupont et Romain Ntamack jouent ensemble en club, en sélection, et leur complémentarité a de nouveau sauté aux yeux cet hiver. Le capitaine des Bleus est toujours le meilleur joueur français, et toujours le leader de jeu de son équipe.

Du côté des trois-quarts, Thomas Ramos semble avoir réglé pour de bon le débat à l'arrière, et s'installe enfin parmi les cadres. Mais la ligne arrière est clairement solide avec Jonathan Danty et Gaël Fickou, une paire de centre là encore complémentaire, et désormais parfaitement rôdée. Quand à Damian Penaud, il est clairement un top 3 mondial à son poste, et un atout de choix pour finir les actions avec talent.

Devant, on a enfin assisté au retour en forme de Grégory Alldritt, qui fait partie de ceux qui, quand il est en forme, fait avancer son équipe. Avec la blessure de Jelonch, la troisième ligne Cros - Ollivon - Alldritt semble installée, et son activité est souvent démentielle. 

La première ligne Baille - Marchand - Atonio est également inamovible, et n'a été modifiée que quand le dernier nommé a été suspendu. La mêlée tricolore a été très solide durant le Tournoi, et attaquer un Mondial avec un pack de cette qualité est un gros plus.

Des surprises quand même

En premier lieu ? Thibaud Flament bien sûr. La révélation du Tournoi a crevé l'écran contre l'Angleterre, mais cest depuis le début de la compétition qu'il évolue à un haut niveau. Il vient sans doute de signer un long bail avec les Bleus, car il possède une énorme mobilité, une capacité à lire le jeu et à être le premier soutien. En plus d'être un superbe pourvoyeur en touche.

Mais aussi Ethan Dumortier. Il y avait une place vacante à l'aile, et le meilleur marqueur d'essais du Top 14 s'y est engouffré. Des essais, de la disponibilité, une belle maîtrise sur les ballons hauts. La défense peut encore être améliorée, mais il s'est fondu dans le collectif sans difficulté. 

Quelques grands perdants

Bien sûr, les deux grands perdants sont les deux blessés qui ont ouvert la porte à Flament et Dumortier. Cameron Woki, qui n'était déjà pas au coeur d'une grande saison, a eu le malheur de se blesser juste avant le début de Tournoi. Au vu du réservoir en deuxième ligne, on peut craindre pour sa place au Mondial.

Gabin Villière, lui, pourrait bien le regarder à la télé. Le malhereux ailier toulonnais enchaîne les blessures avec constance depuis neuf mois. Lui qui semblait indéboulonnable de par son activité sur le terrain et de ses qualités de finisseur a vu Dumortier lui passer devant. 

 Bien sûr, on peut en rajouter. Mohamed Haouas s'est vu offrir une chance après la suspension d'Atonio, mais a une nouvelle fois tout gâché. Melvyn Jaminet a regardé son compère toulousain Ramos aligner les matchs référence, et sa place sur une feuille de match est tout sauf acquise. Yoram Moefana, souvent convoqué par Galthié, n'a guère convaincu que ce soit au centre ou à l'aile. Si ces joueurs sont à la Coupe du monde, ce ne sera sans doute pas pour jouer les premiers rôles.

Comment faire mieux ?

La seule défaite a été concédée en Irlande, donc chez la nation n°1 mondiale. Et au vu du match, le meilleur de ce Tournoi, il n'y a vraiment pas à rougir. D'autant que c'est la seule défaite des Bleus depuis l'été 2021. Pourtant, les Français se sont éreintés à vouloir tenir le rythme de leur adversaire. Et ont sans doute appris une bonne leçon. Il faut être à fond d'entrée. 

Le premier match en Italie n'était pas convaincant. Et la défaite en Irlande a sonné le réveil, comme l'a confié à l'AFP Thibaud Flament. 

 "On a eu du mal à démarrer. On a été piqués par deux premiers matches pas totalement aboutis, c'était une piqûre de rappel et ça nous a lancé pour la suite. Ce sont des scenarios qui peuvent se produire à la Coupe du monde donc c'est enrichissant pour le groupe."

Une fois lancée, cette équipe de France peut se montrer irrésistible. Seulement, dans un Mondial, pas de place pour les départs manqués. Surtout avec un match d'ouverture contre les All Blacks. Perdre le match d'ouverture aurait de grandes conséquences. Comme celles qu'avaient eu la défaite contre l'Argentine en 2007.

Fort heureusement, le mois d'août verra les Bleus disputer quatre matchs de préparation, dont le dernier contre l'Australie, où l'on espère que le XV de France montera sérieusement en régime. Mais clairement, le jeu des Bleus est au point, la défaite irlandaise a été salvatrice, et tous les voyants sont au vert. Si la France arrive à 100% à son Mondial, elle sera en capacité de l'emporter. Place à la fin de saison en club maintenant, en espérant éviter une blessure dramatique. C'est tout ce qu'on peut faire.