Le Sénégal, encore marqué par sa non-qualification en huitièmes de finale en Russie, s'est racheté sur son propre continent en disputant la finale de la CAN 2019 (perdue contre l'Algérie) et en s'imposant lors de l'édition suivante avec l'obtention historique de son premier trophée.
La discrète carrière de Cissé en tant que milieu de terrain en Europe lui a permis de revenir au pays avec un œil critique et perspicace, ainsi que la capacité de réfléchir et de raisonner sur une préparation athlétique et tactique différente de l'habitude. A la tête de son équipe nationale depuis 2015, le technicien concentre tout ses efforts sur son interprétation des matchs.
Pour lui, la possession du ballon est la base du jeu de son équipe, même s'il n'oublie pas les transitions rapides en attaque. Et c'est pourquoi, malgré la blessure au genou de Sadio Mané, visage joyeux et leader d'un groupe uni, il voulait à tout prix son meilleur attaquant. Une situation qui, Cissé mis à part, voit trois joueurs émerger en tant que pierres angulaires de ce Mondial.
Trois piliers
Mané n'est pas un footballeur ordinaire. L'attaquant du Bayern Munich est, et a été, la référence de toutes les équipes avec lesquelles il a joué. Attaquant mobile, capable d'évoluer aussi bien sur le flanc gauche qu'en tant qu'avant-centre, il n'a non seulement pas été affecté par le changement culturel de Merseyside à la Bavière, mais s'est également rapidement intégré aux diktats tactiques d'un Julian Nagelsmann, plus expérimental que Jurgen Klopp.
À l'Allianz Arena, l'attaquant sénégalais s'est inscrit dans un mode de jeu différent de celui, totalement vertical, qu'il pratiquait à Liverpool, et qui ressemble sans doute plus au style de l'équipe nationale de Cissé. Le fait d'avoir étudié et appris de nouvelles façons d'attaquer pourrait être une arme supplémentaire que Mané mettrait à la disposition du Sénégal : il faudra toutefois d'abord attendre son rétablissement physique complet. Dans le 4-3-3 de son équipe nationale, le numéro 10 fait office d'ailier gauche, avec une mission de centralisation, bien couvert par un milieu de terrain très souple dans ses mouvements.
Les autres points forts du Sénégal se situent en défense, où le capitaine Kalidou Koulibaly est le pilier d'un mur défensif qui se dresse devant le gardien Edouard Mendy, qui n'est apparu que récemment sur le devant de la scène mais s'est immédiatement montré indispensable.
L'ancien joueur de Naples, qui à Chelsea souffre un peu trop d'une phase d'adaptation, est l'homme du vestiaire par excellence. Le brassard de capitaine lui a donné encore plus de responsabilités, et c'est autour de lui que s'est structurée une équipe où se mêlent des joueurs d'horizons différents, comme les langues parlées dans le pays.
Mendy, né un an après Koulibaly, joue depuis deux ans à Chelsea grâce à l'intuition de Peter Cech, qui l'avait repéré à Rennes, son ancienne équipe. Arrivé chez les Blues, le Sénégalais a d'abord ravi à Kepa Arrizabalaga sa place de gardien titulaire, puis a définitivement conquis le but de son équipe nationale : pour les Lions de la Teranga, il représente une garantie absolue. Sur ces deux hommes, Cissé a construit une défense qui a encaissé quatre buts lors des six derniers matchs de qualification pour la Coupe du monde. Le triomphe aux tirs au but contre l'Égypte, au cours duquel Mendy a neutralisé un tir au but, a donné à l'équipe un laissez-passer pour le Mondial au Qatar.
L'attaque, se distingue comme l'élément dans lequel le Sénégal a réalisé sa meilleure performance si l'on se réfère aux éliminatoires de la Coupe du monde, où la moyenne par match de xGs (Expected Goals, la mesure de la probabilité qu'un tir donné soit converti en but, ndlr) est de 2,23, tandis que celle de son adversaire est de 1,12.
Lors des huit matches joués au dernier tour de qualification, le Sénégal a enregistré six victoires, un match nul et une seule défaite. Un revers a été enregistré lors du dernier match aller du barrage de qualification pour la Coupe du monde contre l'Égypte, puis renversé à domicile grâce à la victoire (1-0), qui a conduit à une séance de tirs au but dans laquelle Mané lui-même a été décisif.
Parmi les statistiques de l'équipe nationale sénégalaise, le pourcentage du nombre de fois où Koulibaly et ses coéquipiers ont pris l'avantage est de 70%. Un chiffre qui démontre la capacité du Sénégal à débloquer le résultat même dans les matchs les plus compliqués.
Des remplaçants pas à la hauteur
Plus qu'une faiblesse, le banc du Sénégal n'est pas à la hauteur des titulaires.
La sélection africaine possède un XI de départ impressionnant, mais ne dispose pas d'un banc particulièrement fiable. Et c'est l'éventuel remplacement de Mané qui constitue le principal problème pour l'entraîneur, qui fera tout pour que le seul joueur vraiment irremplaçable soit disponible le plus rapidement possible.
Mané est fondamental dans le jeu de l'équipe nationale africaine. L'auteur du penalty qui a donné aux Lions de la Teranga un billet pour Qatar 2022 est la flèche d'argent de l'arc offensif de Cissé, grâce à sa capacité à transformer des actions moins importantes en actions potentiellement dangereuses.
Cinq buts lors de ses quatre derniers matchs rendent Mané fondamental. Un joueur essentiel non seulement dans le jeu, mais surtout pour son importance en tant qu'homme de vestiaire. Sa bonne humeur, extrêmement contagieuse, le rend unique en termes d'empathie : un leader sur le terrain avec Koulibaly.
Undici titolare (4-3-3)
Edouard Mendy - Youssuf Sabaly, Kalidou Koulibaly, Abdou Diallo, Fodé Balo Touré - Pape Gueye, Cheikhou Kouyaté, Gana Gueye - Ismaila Sarr, Bambia Dieng, Sadio Mané.
Une forte concurrence
Pour Cissé, qui n'utilise que rarement d'autres systèmes que le 4-3-3, il s'agira surtout de choisir quels seront les piliers d'un milieu de terrain qui a vu Gana Gueye perdre sa place de titulaire en Premier League la saison dernière. Le joueur qui est passé du Paris Saint Germain à Everton, a fait un pas en arrière, n'ayant été titularisé qu'à neuf reprises, dont seulement trois complètement. Il sera cependant l'élément le plus expérimenté du milieu de terrain sénégalais, qui comptera également son homonyme Pape Gueye de Marseille, et un autre vétéran comme Cheikhou Kouyaté.
Le grand pari de Cissé, en revanche, est Pape Mata Sarr, un jeune de 20 ans de Tottenham qui n'a pratiquement pas vu le terrain cette année, ce qui augmente l'incertitude autour de la ligne de milieu de terrain du Sénégal.
Pronostics
Dans un groupe où les Pays-Bas sont sur le papier la sélection la plus qualitative, le Sénégal devra tout tenter lors de son premier match contre les hommes de Louis Van Gaal. Un éventuel succès ouvrirait la voie à la qualification de l'équipe de Cissé pour le tour suivant.
Le meilleur résultat du Sénégal à la Coupe du monde remonte à 2002, lorsque la sélection africaine a atteint les quarts de finale avec Cissé comme capitaine. À cette occasion également, une victoire dans le premier match contre l'équipe la plus forte, le champion du monde français, était nécessaire.
Champion d'Afrique grâce à de l''organisation, du talent et de l'insouciance, le Sénégal arrive au Qatar avec ses propres qualités dans un groupe avec les Néerlandais, le Qatar et l'Equateur.
Le passage au tour suivant est un objectif possible, que ce soit à la première ou à la deuxième place, même si les surprenants Équatoriens, et les Qataris peuvent représenter une menace.
