Voilà, c'est fini. Inutile de ramener Jean-Louis Aubert et sa guitare, il n'y aura ni flonflons ni orchestre pour le départ de Neymar du Paris Saint-Germain à Al-Hilal. Arrivé à 25 ans dans la capitale, le Brésilien, bourreau de la Remontada, était une prise de guerre colossale pour les propriétaires qataris qui avaient mis 222M€ sur la table pour faire sauter la clause libératoire et l'arracher au FC Barcelone. Six ans plus tard, la trentaine passée, l'heure du bilan est arrivé et il n'est pas fameux.
Malgré l'amitié qui le liait (et le lie toujours) à Lionel Messi et Luis Suárez, Neymar voulait s'émanciper de leur tutelle pour devenir le meilleur joueur de la planète et remporter un Ballon d'Or. Cette ambition coïncidait avec celle du PSG et prenait la forme de la Ligue des Champions.
Finalement, seule la si spéciale édition 2019-2020 post-Covid avec un format Final 8 à Lisbonne a souri au Brésilien qui a porté son club jusqu'en finale, également aidé par un tirage au sort favorable avec deux novices à ce niveau de la compétition, l'Atalanta et le RB Leipzig. Lui et ses coéquipiers buteront sur la dernière marche contre le Bayern.
Hormis cela, Neymar a connu les blessures, surtout quand ça comptait, c'est-à-dire au moment où les matches européens à élimination directe débutaient. Ce fut le cas chaque saison, à des degrés plus ou moins importants. En Ligue 1, la statistique est purement incroyable : "Ney" n'a jamais disputé plus de 22 matches de championnat, en 2021-2022. En tout, il a joué 112 fois, avec 82 buts et 50 passes décisives, ce qui témoigne de son apport décisif quand il était sur pied. Mais c'était pour l'Europe qu'il était venu.
Gagner les compétitions domestiques était le minimum avec une telle équipe renforcée par Kylian Mbappé puis Messi. Mais jamais cette association n'a semblé vouloir se dépouiller. L'émergence de KMB a causé des problèmes d'ego, le Français ayant déjà voulu pousser le Brésilien vers la sortie l'an dernier, de la démotivation, voire carrément du désintérêt. Empaté, fêtard et joueur de poker invétéré, Neymar a perdu sa condition et son envie. En fin de saison dernière, des ultras sont même venus devant chez lui pour l'insulter et lui demander de partir. Les voilà exaucé.
L'arrivée de l'Arabie Saoudite avec sa politique de sportwashing à faire pâler le Qatar a été une bénédiction pour le PSG qui ne trouvait pas de solution pour exfiltrer un joueur qui avait encore 4 ans de contrat et un salaire (30M€ par saison) beaucoup trop élevé par rapport à son niveau pour être transféré en Europe en dépit d'un potentiel marketing immense dont a bénéficié la Ligue 1 dans son ensemble notamment via les droits TV.
L'homme qui devait changer la destinée du Paris Saint-Germain part finalement par la petite porte. Neymar n'a pas gagné la Ligue des Champions en leader, n'a pas soulevé la Coupe du monde comme capitaine de la Seleçao et n'a pas remporté le Ballon d'Or. Six ans pour un gâchis individuel et un échec collectif.
