Pierre Aristouy a frôlé la mise à la porte en août mais il a mis tout le monde de son côté. L'homme du "commando survie" en fin de saison dernière avait remporté un succès d'estime mais son manque d'expérience à ce niveau de la compétition aurait pu lui porter préjudice. Au lieu de ça, il a trouvé des solutions et Nantes a enchaîné. Depuis les deux défaites inaugurales contre Toulouse (1-2) et Lille (2-0), les Canaris avancent à un rythme de 2 points par match. Capable de mettre en échec Monaco (3-3) et l'OM (1-1) même à 10 pendant plus de 80 minutes, le FCN a connu un point de bascule après avoir affronté deux favoris au podium. Les joueurs ne se sont pas effondrés et ont fait front.
Pas de système tactique arrêté
L'ancien attaquant formé à la Jonelière n'est pas figé sur un seul système de jeu. Sa stratégie est difficilement déchiffrable avant le match car il est capable de proposer un système à trois défenseurs (3-4-3) comme en début de saison pendant 3 journées avant d'y revenir contre Strasbourg et de passer à une défense à quatre avec des propositions différentes pour animer le jeu (4-3-3 contre Montpellier, 4-2-3-1 contre Clermont et Rennes, 4-4-2 contre Lorient).
L'effet de surprise tient-il à ce travail qui ne sied pas à tous les effectifs ? Lors des deux dernières rencontres, deux succès, Aristouy a constaté une progression qui a abouti à la prise de 6 points : "ça se traduit par des chiffres. Il s’agit des deux premiers matches où on a majoritairement eu le ballon. Ça ne fait pas tout mais ça démontre une certaine capacité à tenir et à être à l’initiative des choses. Je pense que ça permet aussi d’ancrer un peu plus de maîtrise et ça s’est matérialisé par deux buts à chaque fois. On sait que c’est fragile mais on sait aussi qu’on est sur la bonne voie".

Pour l'heure, les choses vont dans le bon sens, avec un matelas de 9 unités sur le 17e et 6 sur le 16e, barragiste. Cependant, le spectre de la saison dernière où les Canaris ont eu les ailes coupées tout au long de la phase retour ne s'est pas évaporé. "Je ne vais pas changer mon discours, a martelé Aristouy. Le FC Nantes est programmé pour bagarrer avec beaucoup d’autres équipes, pour bien négocier cette L1 qui est passée à 18 clubs. On sait de façon certaine que deux d’entre eux et peut-être, un troisième, peuvent descendre à l'échelon inférieur. On ne va évidemment pas s’éloigner de notre quête du maintien parce qu’on est tellement loin de la ligne d’arrivée".
Le maintien reste l'objectif
Pour autant, la courbe de performance tend à croire qu'Aristouy a fait taire de nombreuses critiques, notamment de la part de ses propres dirigeants qui ont paré au plus pressé en mai dernier avant d'envisager de le lâcher en rase campagne dès le mois d'août. "Je ne me suis pas pris la tête avec ça, jure-t-il. Oui, j’ai été un peu fragilisé par tout ça mais je suis resté sur ce que je faisais, sur ce que je sentais en moi. Petit à petit, les joueurs l’ont mieux compris et l’ont validé. Le début de saison est marqué par plusieurs étapes, avec ces deux premiers matches qui ne sont pas mauvais mais incomplets pour ramener des points".

Et après avoir vécu l'enfer, s'être sauvé lors de la dernière journée et vu partir le capitaine Ludovic Blas, la dynamique de ceux qui ont vu le précipice de très près est parvenue à s'inverser à une vitesse remarquable. Le mental de savoir à quoi on joue est fondamental. C'est par exemple ce qui manque à l'Olympique Lyonnais, ce qui ne semble toujours pas intégré par John Textor. "Il se passe quelque chose sur les résultats nuls à La Beaujoire devant l’AS Monaco et l’OM, a constaté Aristouy. À ce moment-là, ça me donne la certitude que sur le plan mental, les joueurs sont là et ont envie de bien faire. Ensuite, on a eu un peu plus d’ancrage sur le plan technique et l’aspect collectif. On revient de loin mais ce n’était que le début".
Conviction et exigence : Nantes surprend et a investi le haut de tableau, mais sans jamais perdre de vue l'objectif du maintien. "Il est vraiment trop tôt pour dire qu’on s’est éloigné de l’objectif initial", a insisté Aristouy qui montre qu'il apprend vite, même dans le vent contraire.