Nacer Bouhanni : "À un centimètre près, j'étais tétraplégique"

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Nacer Bouhanni : "À un centimètre près, j'étais tétraplégique"
Nacer Bouhanni en 2019.
Nacer Bouhanni en 2019.
AFP
"À un centimètre près, j'étais tétraplégique", se rappelle le Français Nacer Bouhanni, un des meilleurs sprinteurs du peloton, dans un entretien à l'AFP alors qu'il s'apprête à faire son retour à la compétition neuf mois après son effroyable accident lors du Tour de Turquie.

Victime d'une fracture de la première vertèbre cervicale lors d'une chute à plus de 50 km/h le 11 avril 2022, le Vosgien de l'équipe Arkéa-Samsic dit vouloir se battre pour retrouver son meilleur niveau, sans savoir s'il peut y parvenir et sans cacher son appréhension.

Q : Comment allez-vous ?

R : "Je progresse petit à petit. Ça fait bizarre de rouler en groupe, j'espère retrouver les automatismes rapidement. Les courses vont arriver vite. Je reprends la semaine prochaine au Challenge de Majorque. J'espère que tout va bien se passer. Mais il y a un peu d'appréhension quand même."

Q : Il y a neuf mois vous avez frôlé le pire...

R : "A un centimètre près j'étais tétraplégique. Quand le professeur te dit ça, tu remets tout en question. Il ne s'agit plus de vélo ou de sport mais de ta vie. Le vélo est devenu très secondaire. Je ne voulais plus du tout en entendre parler. J'étais dégoûté. J'ai mis un moment avant de retourner sur un vélo."

Q : Combien de temps êtes-vous resté sans rouler ?

R : "Trois mois et demi. Le premier mois je portais un corset intégral. J'étais dans ma chambre, au lit, sans bouger. Ensuite, j'ai eu une minerve, j'ai commencé à pouvoir marcher, ça allait mieux déjà. Je l'ai enlevée vers la mi-juillet. J'ai repris le vélo très doucement. Des sorties d'une heure, une heure et demie grand maximum. Je ne pouvais pas faire plus car j'avais des douleurs aux cervicales."

Q : Ces douleurs ont-elles aujourd'hui disparu ?

R : "Non, mais elles arrivent plus tard, après trois heures et demie ou quatre heures de vélo. J'espère qu'elles vont s'estomper avec le temps."

Q : Comment avez-vous vécu la reprise ?

R : "Les premières fois que je suis remonté sur un vélo ça n'allait pas du tout. Je croisais une voiture ou un camion, je m'imaginais le pire. De toute façon, on fait un sport à risques. Deux mois et demi avant mon accident, j'avais déjà eu une commotion cérébrale après une chute. Ça m'a fait deux traumatismes crâniens plus une fracture des cervicales en trois mois."

Q : Avez-vous eu un accompagnement psychologique ?

R : "Oui. J'ai fait trois séjours au centre de rééducation de Saint-Raphaël, il y avait des spécialistes pour m'aider. Psychologiquement ce n'est pas évident."

Q : Avez-vous encore des flashs de la chute ?

R : "Bien sûr car je suis resté conscient de A à Z. Je me rappelle de tout. Et mes séquelles, mes douleurs m'y ramènent en permanence."

Q : Votre expérience à l'hôpital en Turquie reste aussi un mauvais souvenir ?

R : "C'était horrible. On m'a transporté dans l'ambulance comme une bête. On m'a demandé si je pouvais tourner la tête alors que ça aurait pu être dramatique. Je portais ma tête avec mes mains pour justement éviter qu'elle bouge. Je hurlais de douleur. Ça a été un cauchemar jusqu'à mon retour en France."

Q : À 32 ans, et avec 70 victoires au palmarès, vous auriez pu penser que votre carrière était faite. Pourquoi continuer ?

R : "Je voulais arrêter. Mais aujourd'hui, je veux savoir si je suis capable de relever ce challenge. Ça aurait été facile d'abandonner sur ça. Je veux essayer, pour ne pas avoir de regrets. Si je n'arrive pas à retrouver mon niveau, au moins j'aurais donné le maximum."

Q : Combien de temps vous donnez-vous ?

R : "Ça va peut-être prendre du temps mais je vais me battre. Si j'arrive à gagner, ce sera sûrement la plus belle victoire de ma carrière, même si j'en ai gagné des belles déjà, sur le Giro, la Vuelta. Ce qui est sûr c'est que je ne reviens pas pour rester dans le peloton. Je suis un compétiteur. Quand je mets en dossard, c'est pour gagner. Je n'arriverais pas à accepter de ne pas être dans le coup."

 

Propos recueillis par Jacques Klopp

France gouvernement

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