Pour sa sixième participation à la Coupe du monde, la Croatie a l'opportunité de se qualifier en finale pour la deuxième fois de son histoire. Un exploit pour ce pays qui a proclamé son indépendance en 1991 et a révoqué son appartenance à la Yougoslavie et, à la suite de ça, a connu la guerre pendant quatre ans. Un événement qui a marqué la vie du capitaine de la sélection croate Luka Modrić (37), contemporain à la Guerre de Croatie (1991-1995).
"Quoi que j'ai dit et quoi que je puisse dire, ce n'est pas suffisant. Je ne saurais trop le complimenter pour ses performances. Ce ne sera pas le dernier tournoi auquel il participera pour la Croatie. Il est professionnel dans sa façon de parler, de s'entraîner ainsi que dans son travail d'amélioration personnelle sans précédent. J'ai besoin et nous aurons encore besoin de lui pendant un certain temps", a déclaré Zlatko Dalic après les huitièmes contre le Japon.
"Ce n'est pas tout de mourir ; il faut mourir à temps", disait Jean-Paul Sartre. Le Ballon d'or 2018 n'a pas fini d'écrire sa légende. La vie et ses expériences personnelles et professionnelles l'ont amené au rang où il se trouve aujourd'hui : un héros dans son pays. C'est pourquoi Luka Modrić n'a pas envie de mourir aujourd'hui, ni demain, car il veut continuer à marquer l'histoire du football de son empreinte.
Maître d'œuvre des Vatreni au Qatar
Pas étonnant connaissant le personnage principal de cette histoire. Luka Modrić est le chef d'orchestre de la Croatie dans cette Coupe du monde 2022. Alors même si son niveau sur le terrain a grimpé crescendo, le joueur du Real Madrid est toujours autant important pour cette équipe.
Assez esseulé dans les rencontres en phase de poules, ce qui a tendu à montrer ses limites sur le terrain, le milieu de terrain de 37 ans a montré toute sa valeur et son envergure en quarts de finale contre le Brésil. Le match dans lequel il fallait que le leader se revendique. Son lieutenant Marcelo Brozović et son disciple Mateo Kovačić ont su aussi hausser leur niveau de jeu au bon moment, ce qui a permis au maître d'œuvre croate de dicter le jeu dans les meilleures conditions.

« Nous ne nous sommes jamais précipités. Nous avons réussi à confisquer le ballon, et même si on ne s'est pas créé beaucoup d'occasions, on en a fait ce qu'il fallait. Notre milieu a endormi l’adversaire », s’est lancé le sélectionneur croate Zlatko Dalić à la presse après la qualification aux tirs au but contre le Brésil.
Un coup entre les lignes pour réclamer le ballon et accélérer le jeu, par moment au poste de 6, proche des défenseurs centraux pour relancer, très souvent dans le camp adverse pour récupérer haut : Luka Modrić est inoxydable. Il fait tout et, en capitaine exemplaire, n'hésite surtout pas à l'heure de tirer le troisième penalty crucial de son équipe.

À deux victoires d'entrer définitivement au Panthéon
La rencontre face à l'Argentine ce mardi sera la deuxième demi-finale en Coupe du monde de sa carrière. Un duel à distance avec l'autre 10 de la rencontre, Leo Messi. En la remportant, le natif de Zadar atteindrait une nouvelle finale d'un Mondial. En bref, Luka Modrić est à deux victoires d'entrer définitivement dans le Panthéon du football. Un exploit, certes, mais peu étonnant lorsqu'on connaît sa mentalité.
Pour en arriver là, il ne faut pas avoir peur de chuter. En témoignent ses paroles à son coéquipier Dominik Livaković, qui sont démonstratives de son état d'esprit.
Anciens et actuels coéquipiers sont unanimes, "Luka, on l’appelait Mozart. Quand il était sur le terrain, il jouait une partition. Tu lui donnes le ballon sale, il te le rend propre", avait déclaré il y a quelques années Sébastien Bassong sur SFR Sport, son coéquipier à Tottenham. "La clé du succès est que nous gardons Luka constamment entre 85 et 100 %, ainsi, il peut supporter non seulement 90, mais aussi 120 minutes de haute intensité. Cette forme lui permet d’être l’un des joueurs avec le moins de blessures", expliquait Vlatko Vučetić, son préparateur physique personnel, il y a quelques mois. Enfin, après la victoire contre le Brésil, Josip Juranović se réjouissait ainsi : "Quand Modrić, Brozović et Kovačić sont dans le coup, nous contrôlons 90 % du jeu. Leur passer le ballon, c'est plus sûr que de mettre son argent à la banque".
Dans 180 minutes ou plus, si prolongations, le Croate a l'opportunité d'agrandir un peu plus sa légende. Ce n'est pas tout de mourir, il faut effectivement le faire à temps, surtout lorsqu'on s'appelle Luka Modrić.