La gloire avant la déchéance : il y a 25 ans, Frank Vandenbroucke survolait Liège-Bastogne-Liège

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La gloire avant la déchéance : il y a 25 ans, Frank Vandenbroucke survolait Liège-Bastogne-Liège
Frank Vandenbroucke en vainqueur à Ans
Frank Vandenbroucke en vainqueur à AnsAFP
C'était il y a 25 ans. Dans un cyclisme déjà d'une autre époque, Frank Vandenbrouke signait le chef d'oeuvre de sa carrière sur Liège-Bastogne-Liège. Dans la côte de la Redoute puis la côte de Saint-Nicolas, il remporte La Doyenne avec panache, sans penser au lendemain, à l'image de la vie tourmentée d'un génie du cyclisme qui a brûlé la vie par tous les bouts.

Frank Vandenbrouke est mort en 2009, il y a près de 15 ans, dans le mystère de sa chambre, à Saly, au Sénégal. Le Belge y était en vacances et sa disparition a fait écho à celle de Marco Pantani cinq ans plus tôt, lui aussi dans un huis-clos. "VDB" n'avait que 34 ans et, malgré les affaires de dopage, le ridicule de sa défense quand il avait expliqué que les produits retrouvés chez lui étaient pour son chien, et ses excès connus de tous les suiveurs du cyclisme, il restait cet archange qui, une décennie auparavant, avait réalisé un festival offensif pour s'offrir Liège-Bastogne-Liège. 

Saint-Nicolas priez pour eux

Ce 18 avril 1999, Laurent Jalabert part à près de 100 bornes de l'arrivée. 45 kilomètres plus tard, le champion de France, deuxième lors des deux précédentes éditions, est repris par le peloton des favoris alors que les premières rampes de la Redoute approchent. Axel Merckx fait le train pour user les rivaux de Michele Bartoli, son leader à la Mapei, double tenant du titre et vainqueur de la Flèche Wallonne 4 jours plus tôt. Le numéro 1 mondial se dresse sur les pédales et place une accélération. Ses poursuivants restent assis sur la selle quand l'Italien est en danseuse. Michael Boogerd rentre au train, Bartoli ne peut pas partir en solitaire. De toutes façons, il n'aurait pas pu. Une fusée surgit sur la droite de la route. Son nom ? Frank Vandenbroucke. Le leader de la Cofidis remonte à la hauteur du Toscan. Le mano a mano est dantesque et c'est l'enfant terrible qui finit par s'extirper avec une facilité déconcertante. Il ne pédale pas, il vole alors même que les pentes flirtent avec les 20%. Le Belge bascule avec 8 secondes d'avance. Il est ensuite rejoint par 16 coureurs.

Mais "Bimbo" a de la suite dans les idées. 25 kilomètres après sa première banderille, il attend que Bartoli et Boogerd bougent dans la Côte de Saint-Nicolas. Mais c'est Paolo Bettini, en tête du groupe, qui en place une. Le champion du monde Oscar Camenzind essaie de faire le jump, sans y parvenir. Alors Boogerd contre, suivi par Vandenbrouke. Le premier est en danseuse, l'autre est assis. Le Néerlandais dépasse Bettini et relance. Mais VDB est fort. Il a la lucidité pour regarder derrière lui. Il prend l'intérieur du virage. Boogerd continue son forcing mais le sparadrap reste collé à la roue. Et Vandenbroucke va tirer un grand coup sec et tout arracher. Il l'avait annoncé, il a fait. Aussi simple que ça. 

Cette fois-ci, le phénomène de Mouscron a allumé les réacteurs et il ventile Boogerd qui se rattrapera une semaine plus tard en remportant l'Amstel Gold Race. L'écart croît. Il reste la côte d'Ans à gravir pour aller jusqu'à la ligne d'arrivée mais les jeux sont faits depuis bien longtemps. VDB peut même se retourner à 300 mètres du but pour célébrer. Et même en savourant, il gagne avec 30 secondes sur Boogerd. Bartoli termine 4e. 

Plus dure fut la chute

Vandenbroucke est au sommet de sa carrière; il va vite dégringoler. Rencardé par Philippe Gaumont, compagnon de biture lui aussi disparu prématurément en 2013, "Bimbo" suit les bons conseils de Bernard Sainz, alias "Docteur Mabuse" bien qu'il ait été condamné pour exercice illégal de la médecine et de la profession de pharmacien.

Le Belge est entendu par la police en juin mais continue de courir. Il remporte deux étapes et le classement par points de la Vuelta. Le chant du cygne. Alors qu'il est sous contrat jusqu'en 2002, il quitte Cofidis qui l'a suspendu 6 mois et rejoint la Lampre qui fera la une des journaux quand la femme de Raimondas Rumsas, 5e du Tour en 2002, se fait serrer avec des produits dopants dans sa voiture, prélude d'un contrôle positif à l'EPO en 2003 et d'une explication qui entre au panthéon : les substances étaient pour sa belle-mère !

Suspendu pour dopage en 2002 et viré de la Domo-Farm Frites, VDB voit Patrick Lefevere lui offrir le contrat de la rédemption chez Quick Step-Davitamon et termine 2e du Ronde en 2003. Son ultime fait d'armes d'envergure. Le reste n'est que déchéance, à mesure qu'il change d'équipe. En 2006, sous le nom de Francesco del Ponte et avec une photo de... Tom Boonen sur la licence qu'il présente, il se fait recaler d'une cyclosportive en Italie. Il tente de se suicider en 2007. L'année suivante, il est impliqué dans une affaire de consommation de cocaïne. 

L'annonce de sa mort le 12 octobre 2009 attriste mais ne surprend finalement pas. Aussi charismatique que turbulent et imprévisible, Vandenbroucke est tombé dans les tréfonds du dopage, sans jamais pouvoir s'en relever. Malgré tout, il reste l'un des plus grands talents belges et aurait mérité un autre sort, celui qui lui était prédestiné dès son plus jeune âge. 

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