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Karim Benzema, le Ballon d'Or de la patience

Karim Benzema remporte son premier Ballon d'Or à 34 ans.
Karim Benzema remporte son premier Ballon d'Or à 34 ans. Profimedia
À bientôt 35 ans, Karim Benzema a remporté le Ballon d'Or. Longtemps critiqué, longtemps dans l'ombre de Cristiano Ronaldo, l'attaquant du Real Madrid a fini par faire l'unanimité sur le terrain. Un éloge de la patience et du travail.

Cette fois-ci, aucune contestation possible. Ligue des champions et Liga, comme vainqueur et meilleur buteur. Les statistiques individuelles et le rayonnement collectif. Karim Benzema Ballon d'Or 2022 relève de l'évidence. Pourtant, il n'a jamais fait des chiffres une obsession. Mais lorsque son tour fut venu de prendre la lumière et ses responsabilités, il les a prises. Le voilà récompensé. 

Une histoire d'amour merengue

Vingt-quatre ans après Zinedine Zidane, Benzema soulève le Ballon d'Or, devenant ainsi le 5e français détenteur du prestigieux trophée après Raymond Kopa, Michel Platini, Jean-Pierre Papin et son ancien entraîneur au Real Madrid

À bientôt 35 ans (il les aura en décembre), l'attaquant formé à Lyon a atteint le sommet de sa carrière, après un long cheminement. Au Real Madrid, rien ne lui a été offert. Il a été critiqué, par José Mourinho, par l'afición merengue, par la presse. Il a été mis en concurrence : Gonzalo Higuaín, Álvaro Morata deux fois, voire Jesé, Borja Mayoral, Mariano Díaz, Luka Jovic. Tous devaient lui prendre sa place de 9 ou, au moins, du temps de jeu. Aucun n'a pu l'écarter. 

Lieutenant de Cristiano Ronaldo, le Gone a préféré aider que partir. Il n'a jamais revendiqué, ne s'est jamais plaint et c'est précisément pour ça qu'il est devenu le fils préféré de Florentino Pérez, lui qui ne supporte pas que l'on utilise le Real Madrid dans des jeux de contrats et de statuts. C'est pour cela que le président madridiste déroge à sa règle de n'offrir que des contrats d'un an avec une autre en option pour les trentenaires. Le Real Madrid au-dessus de tout. 

Polymorphe et résilient

Être attaquant, c'est être égoïste. Dans le cas de Benzema, cet individualisme est moins prégnant que chez ses congénères. Son style de jeu, fait de décrochages, de replis, de passes, de mouvement fait de lui un joueur inclassable, quelque part entre le buteur, le 9 et demi, le meneur de jeu. Des facultés qui ont mis du temps à être comprises et à être appréciées.

Elles se sont aiguisées aussi en même temps que le gros chat qui brocardait publiquement Mourinho est devenu un félin racé, affûté, infatigable. Rarement blessé, KB Nueve a pu progresser dans la continuité, sans être freiné. 

De retour en équipe de France depuis l'Euro, il n'est plus joueur muet avec le maillot bleu pendant plus de 1000 minutes. Le succès a atténué ses problèmes extra-sportifs et même sa condamnation n'a pas eu d'influence sur sa saison, achevée en triomphe au Stade de France avec une nouvelle Ligue des champions, la 5e de sa carrière. Plus qu'un objectif réel, ce Ballon d'Or est un symbole de persévérance.