Et, si la blessure de Benjamin Pavard profitait à Jonathan Gradit ? Certes, Didier Deschamps n'est plus un adepte de la défense à trois et cela paraît rédhibitoire dans la tête du sélectionneur, même si Jonathan Clauss a démontré des facultés d'adaptation très rapides pour évoluer dans un système à quatre. Mais, après, tout, les prestations du défenseur du RC Lens méritent une attention particulière.
La Ligue des champions est un révélateur et le natif de Talence qui fêtera ses 31 ans le 24 novembre s'est montré très à son aise lors des trois premières journées. À coup sûr, c'est même lui le défenseur lensois le plus régulier de cette phase aller. Dur sur l'homme, tranchant dans les duels, "la Perceuse" est une véritable satisfaction à ce niveau de la compétition. Passé par des chemins de traverse depuis sa formation aux Girondins de Bordeaux (Bayonne et Tours de 2012 à 2018), sa découverte de la Ligue 1 en 2018 avec Caen lui a changé la vie.
D'ordinaire latéral droit, il est replacé au centre pour suppléer Paul Baysse. Cette saison en Normandie, en dépit de la relégation, lui a permis d'être repéré par Lens, alors en Ligue 2. Sous les ordres de Franck Haise, Gradit devient un titulaire en puissance dès son arrivée mais des blessures et l'arrêt du championnat en raison de la pandémie freinent sa montée en puissance.
Des statistiques qui parlent d'elles-mêmes
Gradit est à l'image du RC Lens : un palier franchi chaque saison. Le retour en Ligue 1 remet les Sang-et-Or sur la carte du football hexagonal et le défenseur signe 33 titularisations. Après la 7ᵉ place acquise en 2021, les Artésiens confirment et lui aussi avec 35 matches au compteur. Enfin, 2022-2023 marque un avènement conjoint avec 33 matches (il a été absent 5 matches entre septembre et octobre pour une fracture de la clavicule), un but et trois passes décisives.
Lors de ces trois saisons parmi l'élite, Gradit s'est révélé être un défenseur propre, assez peu averti à un poste où maintenir sa concentration tout au long d'un match n'est pas toujours simple. Il a ainsi reçu sept avertissements par saison. À l'image de son équipe, les 11 premières journées ont été plus chaotiques que prévu mais depuis son retour de suspension pour accumulation de quatre cartons jaunes, il est revenu à un haut niveau en Ligue 1 et Lens reste sur trois rencontres sans encaisser le moindre but.
Mais c'est surtout en Ligue des champions que Gradit épate. Dans les airs, son taux de duels gagnés est de 82,7 %. Au sol, il est de 72 % et il faut ajouter ses 12 tacles et ses 5 interceptions. Propreté (aucun carton jaune) et efficacité : le Sang-et-Or est dominateur et démontre qu'on peut continuer de monter en gamme et être à la hauteur des enjeux même la trentaine dépassée. "On arrive aussi à un âge où on a toujours envie de progresser", expliquait-il en octobre. "J’ai encore beaucoup d’axes sur lesquels je dois avancer. Mais c’est beaucoup de fierté pour moi qui ai connu le monde amateur, c’est un peu comme un aboutissement."
Après la victoire contre Arsenal, où il a réalisé un tacle sorti de nulle part à la 88ᵉ minute, il n'en revenait toujours pas : "vous m’auriez dit ça il y a quatre ans… Sans leur manquer de respect, on battait des équipes de Ligue 2, et à ce moment-là, je vous aurais dit que c’est impossible. C’est un rêve éveillé, mais on a beaucoup d’ambition dans ce groupe-là. On a aussi à cœur de réaliser des performances". Fier mais aussi surpris d'avoir tenu la dragée haute à Séville et aux Gunners, Gradit met en avant le travail au quotidien réalisé avec le staff.
Rester invaincu passera par une nouvelle grande performance défensive contre le PSV et la continuité acquise en championnat doit impérativement rejaillir en Ligue des champions. En d'autres termes, la perceuse doit allumer la mèche.
