Dans un mois et demi, Rafael Nadal sera à l'aube d'une quête démesurée : remporter un 15e Roland-Garros. Tenant du titre, l'Espagnol aux 22 Majeurs n'a plus été vu sur un court depuis sa défaite contre l'Américain Mackenzie McDonald au 2e tour de l'Open d'Australie le 18 janvier dernier.
Pas de tournée US sur dur pour lui mais, déjà, un processus qu'il connaît bien désormais : être opérationnel pour "son" tournoi Porte d'Auteuil. Mais à bientôt 37 ans (il les aura le 3 juin), il est plus difficile de se remettre de ses arrêts forcés aux stands. Touché à la hanche à Melbourne, son passage par la clinique Teknon de Barcelone a révélé une lésion dans le psoas iliaque de la jambe gauche. En clair : entre 6 et 8 semaines d'arrêt. Qui sont donc devenues 12... pour l'instant. Il l'a annoncé vendredi matin : il ne pourra défendre ses chances à Barcelone la semaine prochaine. Sans surprise après son forfait pour le Masters 1000 de Monte Carlo qui se dispute actuellement. "Barcelone est un tournoi spécial pour moi, parce que c'est mon club d'adoption et parce que jouer à la maison est toujours une sensation unique. Pour autant, je ne me sens pas encore prêt et je continue mon processus de préparation pour mon retour à la compétition", a-t-il écrit sur Instagram. C'est un coup dur car cet ATP 500 lui réussit avec 12 victoires et lui permet d'entrer en matière dans un contexte très favorable, devant un public acquis à sa cause.
Son retour à la compétition reste donc en suspens. Cela pourrait être à la Caja Mágica à Madrid ou au Foro Italico à Rome. Mais avec quelles ambitions ? Il sera d'abord en recherche de rythme et cela passe par des victoires pour celui qui a perdu 7 de ses 9 derniers matches. Comme en 2022, sera-t-il condamné à anesthésier son pied pour résister à toute la saison sur terre battue ? Cela avait fonctionné mais ce n'est pas sans conséquence. Habitué à la douleur, Nadal sait composer avec le syndrome de Müller-Weiss, ce compagnon d'infortune depuis 2005. Les os de la partie centrale de son pied déformés par cette maladie dégénérative, le Majorquin n'était pas au mieux de sa forme après son élimination dès les 1/8 de finale du Masters 1000 de Rome par le Canadien Denis Shapovalov. Il ne lui restait que 10 jours avant de retrouver Roland-Garros.
Néanmoins, il était arrivé à Paris avec davantage de confiance, fruit de son succès inattendu et rocambolesque à l'Open d'Australie où il avait écoeuré Daniil Medvedev en finale. A présent, peut-il encore tenir le choc ? S'il a déjà abordé Roland-Garros sans avoir remporté le moindre tournoi sur sa surface fétiche, Nadal n'a en revanche jamais sauté toute la saison sur terre battue avant de disputer le 2e Grand Chelem de la saison. À son âge, avec autant d'expérience, a-t-il encore besoin de se jauger au risque de se blesser de nouveau ? Probablement pas.
On pourrait évoquer la concurrence, celle de Stefanos Tsitsipas malgré son faux-pas en 1/4 de finale à Monte Carlo, de Carlos Alcaraz et, évidemment celle de Novak Djokovic. Mais, à 6 semaines de Roland-Garros, le Taureau de Manacor se retrouve une nouvelle fois confronté à lui-même. Jusqu'à présent, cela lui a plutôt bien réussi mais sera-t-il une nouvelle fois capable de passer outre la souffrance ?