"Le temps est venu pour moi de dire au revoir au football. Merci à tous, à partir de demain je suis un homme libre. Cela a été une carrière longue, dont je suis fier". Les mots de Zlatan Ibrahimovic résonnent encore à travers l'enceinte mythique de San Siro. Dimanche soir, après le dernier match de l'AC Milan de la saison (remporté 3-1 face à l'Hellas Vérone), le plus célèbre des footballeurs suédois a annoncé son retrait du sport. Une surprise presque, tant on l'envoyait déjà dans un autre club pour la rentrée.
Mais le joueur de 41 ans a décidé de s'arrêter là, après une saison où il n'aura joué que 4 fois en championnat, en raison de plusieurs blessures (genou, cuisse, mollet). La page se tourne donc pour cet avant-centre de génie, longtemps considéré comme l'un des meilleurs à son poste. Aussi complet qu'arrogant dans ses sorties, son personnage ne sera pas oublié dans l'univers du ballon rond.
Des débuts et des sorties déjà remarqués
La carrière du Suédois a débuté en 2001 à Malmö avant de s'envoler à l'Ajax Amsterdam dès la saison 2001-2002. Là-bas, il y fait ses armes, se révèle en tant que rookie et obtient deux Eredivisie. Le tremplin est le meilleur qui soit pour l'homme ambitieux qu'il est. Zlatan ne se cache pas. Il veut devenir l'un des plus grands. Et pour ce faire, il est même prêt à blesser l'un de ses coéquipiers (Rafael van der Vaart).
Son chemin se poursuit à la Juventus en 2004. Mais pas simple de briller face à David Trezeguet : en deux saisons, il dispute 92 matches toutes compétitions pour un bilan de 26 buts et 20 passes décisives. Cependant en 2006, suite à la rétrogradation en Serie B, il choisit de quitter le Piémont et rejoint un grand rival : l'Inter. Une trahison qui lui vaudra une détestation d'une large partie du public bianconero et qui ne sera pas la dernière, y compris en Suède où il préfèrera investir à Hammarby plutôt qu'à Malmö, son club formateur. A nouveau, il fait trembler les filets de Serie A, distribue moult passes décisives et devient l'un des préférés du public. Pendant son temps du côté des Nerazzurri il remporte le Championnat italien à 3 reprises. Cela lui vaut à nouveau d'être convoité par les plus grands, dont le FC Barcelone.
Zlatan ne passe qu'une saison (2009-10) en Espagne. Son rêve est d'aller chercher la Ligue des champions avec le Barça. Il devient à l'époque le nouvel ajout le plus prolifique à l'effectif des Blaugranas. Il réalise un bon parcours en C1, mais est éliminé par son club précédent en demi-finale. Coup dur. D'ailleurs, la fin de sa saison en Catalogne n'est pas fameuse, et le Suédois a du mal à se faire à la mentalité de ses coéquipiers, trop en décalage avec sa personnalité. Si bien qu'il quitte le club en mauvais termes avec son entraîneur de l'époque, Pep Guardiola qu'il surnomme avec dédain "le philosophe". Cause ou conséquence : Samuel Eto'o qui a fait le chemin inverse remporte la Ligue des champions avec l'Inter. Et en 2011, il verra le Barça sacré sans lui.
Car à l'intersaison 2010, il a retrouvé l'Italie en signant l'AC Milan pour deux saisons. Il y fait déjà sensation de par ses déclarations provocatrices et ses propos engagés dans la lutte pour obtenir le Graal européen. Auteur d'une belle première année, il permet au club de s'adjuger le Scudetto. La deuxième est ponctuée par 28 buts en Serie A. Trop peu pour que cela suffise à son ambition dévorante.
L'ère parisienne
Le temps passé par Zlatan au Paris Saint-Germain est significatif et reste en mémoire de tous les Français. Que cela soit pour le nombre de buts incroyable que le Suédois a marqué en Ligue 1 ou pour ses répliques prononcées face aux journalistes, l'avant-centre est devenu l'un des visages les plus connus de l'Hexagone. Il a même le droit à sa statue au Musée Grévin.
Symbole de la nouvelle ère qatarie du club de la capitale, il intègre les rangs du PSG en 2012 et y restera jusqu'en 2016. Tout comme lors de ses premières années dans toutes les équipes où il est passé, Zlatan inscrit 30 buts et devient donc l'un des meilleurs joueurs du club dès sa première saison à Paris.
Régulier, en 2014 il devient le meilleur buteur du PSG sur une saison toutes compétitions confondues avec 40 buts. Toujours prépondérant dans le fonctionnement de l'attaque, il connaît des temps plus difficiles l'année suivante, après avoir subi une talalgie. Cette saison est ponctuée de frustration de la part du Suédois. Sa sortie médiatique mémorable en 2015, traitant la France de "merde", abime son image héroïque et le renvoie au personnage marginal qu'il a toujours été.
Sa dernière saison à Paris est également sujette à des polémiques dues à ses propos non ménagés dans la presse. Parallèlement à cela, il obtient de très bons résultats en Championnat (38 réalisations) mais ne confirme toujours pas sur la scène européenne. Cela n'est donc toujours pas suffisant pour le numéro 11 qui se fait de plus en plus vieux. Le temps est venu de clore l'épisode parisien et de se consacrer à la Premier League.
Une fin de carrière en déclin progressif
En l'espace de 5 ans, Zlatan a fait le tour de 3 clubs. Manchester United, Los Angeles Galaxy et l'AC Milan. Son passage chez les Red Devils est d'abord marqué par la place de choix qu'on lui réserve : il obtient le numéro 9 d'Anthony Martial et se fait choyer. Si bien qu'il n'hésite pas à exprimer qu'il s'agit "du meilleur club" dans lequel il a joué avec le Milan. Mais son passage à Manchester n'est pas aussi fameux que cela, et il est rapidement mis de côté. Sa blessure aux ligaments croisés survenue en août 2017 n'arrange rien et il remporte la Ligue Europa sur des béquilles.
Il part donc pour les Etats-Unis en 2018. Evidemment, là-bas, il fait parler son pied droit, mais se lasse vite. Il reste simplement 1 an à Los Angeles avant de retourner là où tout a vraiment décollé pour lui : en Italie.
Les 3 dernières années ont vu Zlatan rejoindre à nouveau l'AC Milan. Remplaçant de luxe, il fait le job une fois sur le terrain, ou même devant les médias en vantant toujours les mérites de l'équipe. Trop souvent blessé en 2023, il a préféré prendre sa retraite après 23 ans passés sur les terrains.
Zlatan Ibrahimovic laisse derrière lui un héritage footballistique colossal qui n'a cependant jamais pleinement permis à la Suède de performer dans les grandes compétitions quand il était sur le terrain, comme si sa présence était trop lourde. Sa verve en aura fait un personnage truculent et laissera le souvenir d'interviews polémiques dans les têtes de chacun. Comme il l'a si bien résumé, déjà en 2009 : "Je suis le nord, je suis le sud, je suis l’est et je suis l’ouest. Je suis Zlatan Ibrahimovic."
