À l'époque, l'équipe n'avait remporté que deux matches sur les 12 premiers de la saison et risquait fort de se retrouver à nouveau en position de relégable.
Emery est arrivé, un homme avec un vrai pedigree sur l'île, travaillant avec un budget, et créant une identité pour ses joueurs à suivre et, typiquement, réussissant à le faire.
Cela n'a pas fonctionné lors de son autre passage en première division anglaise avec Arsenal, mais il s'est construit une réputation en dépassant les attentes avec des clubs de comme Villa, Villarreal et Valence. Et ce n'est pas seulement avec des équipes commençant par un V qu'il a connu le succès : il est le grand bâtisseur de Séville et à l'origine des titres européens que le club andalou a remporté.
Le travail d'Emery jusqu'à présent a permis à Aston Villa de passer de l'échec à l'essor, de regarder par-dessus son épaule en championnat, à rêver de la Ligue des champions.
Aux deux extrémités du terrain, Villa s'est nettement amélioré sous la houlette d'Emery. Depuis son arrivée en novembre, le nombre de buts encaissés par match est passé de 1,45 sous Gerrard, à 1,05. En attaque, l'équipe marque presque à volonté, passant de 0,63 but par 90 minutes à 1,5.
En s'imposant 1-0 face à Fulham mardi soir, Emery est devenu le premier entraîneur à voir son équipe de Villa marquer lors de chacun de ses 20 premiers matches à la tête de celle-ci.

Cette constance depuis sa nomination a permis à l'équipe de monter en flèche dans le classement. Lorsqu'il est question de forme, les Villans sont troisièmes avec 42 points, derrière Arsenal et Manchester City. Une saison complète à ce rythme leur permettrait d'enregistrer environ 79 points, un chiffre qui leur aurait permis de terminer dans les quatre premiers du classement lors de chacune des huit dernières saisons.
Compte tenu de la montée en puissance d'Arsenal, de Brighton et de Brentford, couplée à la chute de Chelsea et de Liverpool, ainsi qu'au chaos qui règne à Tottenham, les progrès de Villa sont passés quelque peu inaperçus.
Ceux-là pourraient être dûs à l'approche méthodique d'Emery. Le système en 4231 de l'Espagnol a permis à Villa d'être plus patient et de se créer plus d'occasions.
Pour se rendre compte de la véritable différence entre le début et la fin de saison de Villa, il suffit de regarder les deux performances de l'équipe contre Fulham. La défaite 3-0 à Craven Cottage en octobre a été la goutte d'eau qui a provoqué le départ de Gerrard. L'équipe londonienne a tiré 18 fois ce jour-là, a dominé en termes de possession du ballon et n'a pas laissé d'espace à Villa dans l'axe pour que son 433 puisse avancer.
Les changements opérés par Emery ont permis de modifier considérablement la façon de jouer de l'équipe. Lors de leur victoire 1-0 sur le même adversaire, les Villans ont augmenté leur précision de passe de 7% - ce qui suggère un jeu plus construit - et ont limité les Cottagers à un seul tir sur les 90 minutes.
Tyrone Mings (30 ans) a inscrit le but en milieu de semaine, ce qui représente un bon retour pour un joueur qui n'a rien marqué lors de ses cinq derniers matches. Il s'est beaucoup amélioré sous la direction d'Emery et semble très bien installé dans sa défense.
Sous la houlette de l'Espagnol, les Villans s'en remettent généralement à Ollie Watkins (27 ans) pour marquer des buts. Cette saison, il en a inscrit 14 en championnat, dont un seul sous les ordres de Gerrard. Cela pourrait s'expliquer par le fait qu'Emery a fait de lui le protagoniste de son versant offensif, en envoyant Danny Ings (30), qui avait du mal à s'entendre avec son partenaire à Villa Park, à West Ham en janvier, et en faisant confiance à Watkins pour faire la différence. Sa série de 10 buts en 12 matches sous le règne d'Emery suggère que cela fonctionne.

Avec ce succès sur le terrain et la possibilité de jouer en Europe, les fans de Villa pourraient s'inquiéter de ce que cette nouvelle forme pourrait apporter. Après tout, ils se sont déjà rendus là-bas au cours de ce siècle, sous la direction de Martin O'Neil notamment, et cela s'est terminé par une descente en deuxième division.
Mais avec Emery à la barre et son incroyable, bien que limité, palmarès européen, les choses semblent plus positives. Le club dispose également d'un modèle économique durable qui a vu ses dépenses nettes en matière de transferts augmenter à environ 50 millions de livres sterling au cours des deux dernières saisons. Il en a récolté les fruits. Après avoir terminé à la 14e place la saison dernière, l'équipe est en passe d'atteindre son meilleur classement en championnat depuis plus de dix ans.
En dehors du terrain, les investissements montrent que cette embellie pourrait être durable. Villa Park est sur le point d'être réaménagé, ce qui permettrait de porter le nombre de spectateurs à plus de 50 000, soit une augmentation de près de 20%. Plus de 100 millions de livres sterling seront consacrés à sa régénération.

À l'instar des opérations de transfert, il s'agit là d'un investissement considérable qui se révélera payant au fil du temps.
Pour Villa, l'entrée en Europe pour la première fois depuis la saison 2010/11 signifiera plus de matches et un besoin d'un effectif plus important pour faire face aux exigences de quatre compétitions. Cependant, leur principal objectif sera de satisfaire Emery et de lui permettre de continuer à travailler avec un groupe qui, de toute évidence, lui réussit.
Depuis sept mois qu'il est à la tête de l'équipe, il a accompli un travail remarquable et a largement contribué à réparer les erreurs commises à Arsenal, où il a eu du mal à contrôler un vestiaire fracturé après le départ d'une légende du club.
Aujourd'hui, il semble plus expérimenté et plus en phase avec son équipe. Mais il y a toujours un nouveau test qui l'attend.
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