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Enfant du ghetto, Shamar Nicholson n'a jamais renoncé à son rêve européen

Enfant du ghetto, Shamar Nicholson n'a jamais renoncé à son rêve européen
Enfant du ghetto, Shamar Nicholson n'a jamais renoncé à son rêve européenProfimedia

Shamar Nicholson est l'homme en forme à Clermont. Arrivé en prêt cet été en provenance du Spartak, le Jamaïcain a eu une vie très dure et, malgré l'assassinat de son père, il s'est consacré au football pour inspirer les générations futures.

Trois buts et une passe décisive lors des trois dernières journées avec Clermont : Shamar Nicholson (27 ans en mars) est l'homme en forme du moment. Alors que le club auvergnat lutte pour enfin sortir de la zone rouge et acquérir son maintien, le Jamaïcain a permis de prendre 4 points sur 6 à Nantes (2-1) et contre Strasbourg (1-1). 

Habitué à lutter

Voilà donc Clermont à un point de Lyon et Metz, 16 unités au compteur et pas exactement dans la dynamique que l'équipe de Pascal Gastien qui a enchaîné deux résultats positifs d'affilée. Prêté avec option d'achat par le Spartak Moscou, Nicholson est le fer de lance de ce regain de forme. Lors des trois seules victoires de la saison, l'international (42 capes, 11 buts) a été décisif : une passe décisive contre Lyon (2-1), un but contre Lorient (1-0) et un assortiment contre Nantes (2-1). 

Sa saison en France prend davantage d'épaisseur, lui qui a arpenté les championnats slovène, belge et russe depuis 2017. Des pérégrinations débutées en 2017 qui révèlent un caractère fort forgé par les épreuves d'un gamin né dans un ghetto et dont le père a été tué en marge d'un match en 2015. En décembre dernier, il s'est épanché sur sa vie passée dans les colonnes de So Foot : "grandir là-bas, c’est dur. Vraiment. J’ai beaucoup d’amis qui sont morts ou qui sont devenus des criminels, ce n’était pas évident. La voie la plus facile, c’est de devenir un gangster. Ça offre une protection à ta famille (...) Quand il a été tué, je ne pensais qu’à me venger. La violence montait en moi, je traînais avec les mauvaises personnes. Je pensais à faire de mauvaises choses, à tuer des gens. Mais ma famille était là, elle ne m’a pas laissé m’enfoncer dans cet engrenage".

Jadis nerveux et bagarreur, Nicholson décide de se focaliser sur le football avec la volonté farouche de signer en Europe, alors qu'il aurait pu trouver une franchise en MLS. Il découvre le Vieux Continent en août 2017 par une porte dérobée en atterrissant à Domzale, en Slovénie. Le fan de Cesc Fàbregas marque 20 fois en 54 matches et deux ans plus tard, il arrive à Charleroi où il monte en puissance. 83 rencontres pour 31 réalisations et 11 passes décisives. Des performances qui tapent dans l'oeil du Spartak qui débourse 8M€ pour le Jamaïcain lors du mercato d'hiver 2022. 

En Auvergne grâce à Caufriez

Mais ses 18 mois en Russie ne se passent pas comme prévu. En 2022-2023, il perd progressivement sa place de titulaire. À la recherche d'une solution, il arrive en Auvergne par l'entremise de Maximiliano Caufriez, prêté par le Spartak à Clermont en 2022 avant que l'option d'achat ne soit levée. 

Avant d'affronter l'OM en décembre, Nicholson estimait dans So Foot qu'il effectuait une début de saison moyen : "je dois faire beaucoup plus. Le championnat est très exigeant, c’est compliqué pour moi et pour le club. Il faut savoir souffrir pour réussir, il faut garder le bon état d’esprit et rester concentrés sur nous pour changer ça (...) Le coach m’a montré qu’il croyait en moi, je suis motivé pour tout donner et travailler. Je ne suis pas inquiet, il faut juste travailler encore plus dur".  

Celui qui lancera sa fondation cette année et qui veut inspirer les enfants nés dans des situations aussi précaires que la sienne a pris une moitié de saison pour se faire à la Ligue 1 et sa réussite actuelle est à même de relancer Clermont qui, après un exercice 2022-2023 très réussi, ne s'attendait certainement pas à galérer autant pour assurer sa pérénité.