Encourageant ou désespérant : le niveau du Qatar a-t-il été jugé à sa juste valeur ?

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Encourageant ou désespérant : le niveau du Qatar a-t-il été jugé à sa juste valeur ?
Félix Sánchez Bas, sélectionneur dépité
Félix Sánchez Bas, sélectionneur dépitéProfimedia
Éliminé sans gloire avec 3 défaites de "sa" Coupe du monde, le Qatar a manqué une occasion immense de démontrer ses progrès au cours de la dernière décennie. Mais ce premier pas pourrait être annonciateur de l'arrivée durable d'un concurrent de poids en Asie.

Quand Daniele Orsato a sifflé la fin de la première période du match inaugural de la Coupe du monde, on s'est bien demandé ce que le Qatar était venu faire dans cette galère. Mené 2-0 contre l'Equateur, le pays organisateur affichait un niveau de jeu affligeant, indigne d'une telle compétition. Certes, la pression, l'athmosphère, les polémiques (légitimes) de toutes sortes ont transformé ce premier rendez-vous dans le grand monde en véritable traquenard. 

50 places gagnées en 5 ans au classement FIFA

Au milieu des scandales sur les ouvriers tués sur les chantiers, le brassard "One Love", les droits de l'Homme et de la Femme, l'écologie, il y a eu une forme de jouissance à voir Al-Annabi couler en Mondovision, proposant un spectacle d'un niveau abyssal. Mais était-ce tout à fait représentatif de l'équipe dirigée par Félix Sánchez Bas depuis 5 ans ? Champion d'Asie en titre depuis 2019, le Qatar n'avait pas fait de la figuration à la Gold Cup (demi-finaliste battu 1-0 par les Etats-Unis) et à la Coupe Arabe (3e place) en 2021 ainsi qu'à la Copa América 2022 (toujours en position de se qualifier avant le dernier match de poule).

Alors, prêt trop tôt le Qatar ? "Il y a eu beaucoup de mensonges exprimés, estime Sergi Angulo Lerín, coach adjoint et analyste à Al-Shamal en Qatar Stars League. Quand Félix prend la sélection en main en 2017, le Qatar est 102e au classement FIFA. Aujourd'hui, il est 50e. Je ne sais pas ce que les gens attendaient mais l'évolution du football qatari a été énorme"

Un manque d'expérience rédhibitoire

Depuis que Sepp Blatter a décacheté l'enveloppe désignant le Qatar comme pays-hôte, en 2010, l'Émirat a mis des moyens inédits pour organiser l'événement. Le problème, c'est que si l'argent peut tout acheter, faire grandir une génération avec un vivier réduit et des conditions de naturalisation bien plus complexes dans le football que dans le handball (le Qatar était arrivé en finale du Mondial à domicile en 2015 avec une équipe de joueurs récemment naturalisés) ne l'est pas. Le pays a développé le centre Aspire, scouté de nombreux joueurs, noué des partenariats, notamment en Espagne. Alors, forcément, avec le trouillomètre à zéro, difficile de donner le meilleur de soi. "Contre l'Equateur, l'aspect psychologique a été prépondérant, soutient le technicien espagnol. Cela faisait 12 ans que le Qatar attendait le Mondial, les joueurs savaient pertinemment que leur pays a construit une ville ex nihilo, dépensé des milliards d'euros. Le match d'ouverture a été avancé d'une journée pour que tout le monde puisse le voir. Les joueurs sont arrivés 3 heures avant le match et il n'y a rien de mieux pour te rendre encore plus nerveux".

En outre, malgré le titre continental, jamais l'effectif de Félix Sánchez Bas n'a vécu un tel événement, avec tous les yeux du monde braqués sur lui. Un contexte inédit et qui ne peut pleinement se préparer dans la théorie. L'expérience s'acquiert sur le terrain et dans les grands rendez-vous. "Au Qatar, nous jouons essentiellement devant des stades vides. Les joueurs ont représenté leur pays devant le monde entier. Cela s'est ressenti dans les contrôles les plus basiques. Il y a une image où le sélectionneur demande à l'un de ses joueurs de réaliser au moins une bonne passe, rien qu'une seule. On peut toujours dire que l'Equateur n'avait pas non plus énormément de joueurs très expérimentés mais plusieurs évoluent aux États-Unis, au Mexique, en Espagne. Eux sont plus habitués à la pression, y compris dans leur championnat domestique".

Début ou épilogue ?

Dans un groupe relevé avec un outsider au titre et le champion d'Afrique en titre, il fallait impérativement réussir un exploit d'emblée. Cela impliquait trop de paramètres pour ne pas être rattrapé par l'enjeu. Mais cela méritait-il autant de critiques acerbes ? "Le Qatar n'était peut-être pas prêt, mais les commentaires accompagnant la performance non plus, pointe Sergi Felilo Lerín. Oui, les joueurs quataris ont été bien préparés mais face au manque total d'expérience, tu ne peux rien faire. Il ne faut pas oublier que le Qatar a le pire ranking FIFA de l'histoire au Mondial et qu'il est là avant tout parce qu'il est organisateur. C'est normal de perdre tous les matches, c'est la logique".

En parvenant à marquer un but au Sénégal (3-1) par Mohammed Muntari et en limitant la casse contre les Pays-Bas (2-0), le Qatar n'a pas vécu une humiliation comme pouvait le laisser craindre le match contre l'Equateur. En dépit d'un zéro pointé, les Al-Annabi n'ont pas sombré mais il leur a manqué beaucoup de principes élémentaires pour espérer mieux. "La fédération a commis une erreur : le dernier match de clubs a eu lieu en mars et le manque de rythme se paye. Au-delà de ça, il y a eu un trop grand manque d'agressivité. Par exemple, contre le Pays-Bas, l'adversaire a eu la possession à 62% mais a commis 19 fautes contre 9 pour le Qatar. Ce n'est pas possible que le favori ait autant le ballon et provoque autant de coups de sifflet. Cela démontre un manque de caractère pour un tel match".

Reste désormais à savoir s'il s'agit d'un départ ou d'un aboutissement. Passé par l'Académie Aspire à partir de 2006 puis par toutes les catégories du Qatar depuis 2013, Félix Sánchez Bas a démontré que le potentiel qatari pouvrait fructifier. Reste à savoir quelle sera la volonté de l'Émirat pour que sa sélection s'invite à la prochaine Coupe du monde, cette fois-ci en gagnant sa qualification sur le terrain. Car en dépit de toutes les liasses investies seule la légitimité sportive a une vraie valeur. 

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