Le déclic est arrivé en 1998, mais elle est la seule à l'avoir fait au XXIe siècle. La France a atteint et disputé 5 finales (Euro et Mondiaux) en 22 ans de compétition. Vainqueure de l'Euro 2000, finaliste de l'Euro 2016, perdante face à l'Italie en 2006, mais victorieuse en 2018 contre la Croatie, elle affrontera l'Argentine ce dimanche et fera peut-être, à nouveau l'histoire.
Une telle réussite est unique en Europe. Seule l'Italie (4 finales) ou l'Allemagne (3) et l'Espagne (3), talonnent les Bleus. Forts d'un triomphe jalousé, les Français ont réaffirmé leur domination sur la planète foot ce mercredi, en venant à bout du Maroc (2-0). Chanceux pour certains, techniques et tactiques pour d'autres, les joueurs de l'équipe de France sont synonymes de victoire en ce nouveau millénaire. Pourtant, ils ont traversé plus d'une tempête.
Des hauts et des bas
S'il faut remonter à l'an 2000 pour chanter les louanges des Bleus, nous pouvons tout à fait nous placer aussi, deux années ensuite et aborder le fiasco de la Coupe du monde 2002. Champions du monde et d'Europe en titre, les Français ne sont même pas sortis de la phase de groupes. La blessure à l'ego est immense, l'équipe est décriée. Mais comme il est souvent le cas, d'un échec naissent les fondations de l'espoir. Il fallait encaisser pour repartir sur de bons rails. Cela a pris 4 ans.
La France s'est retrouvée à nouveau propulsée sur le toit du monde en ayant fini 2e de son groupe, puis battu l'Espagne (1-3), le Brésil (0-1), et le Portugal (0-1). La tête pleine de rêve, elle a disputé une finale très attendue contre l'Italie (1-1, 5 t.a.b 3), bien que celle-ci n'ait pas abouti.
Du "coup de boule", légendaire de Zinédine Zidane dans le ventre de Marco Materazzi aux années noires traversées ensuite, il n'y a eu qu'un pas. Terminée la compétition dans les hautes sphères du football mondial. Place aux couacs et scandales à répétition. L'extrasportif a longtemps primé sur le jeu entre 2008 et 2012. Résultat : la France n'est ni parvenue à se faire une place lors de grandes compétitions, ni à maintenir son hégémonie sur le reste du monde.

Affaire Zahia, fiasco de Knysna, grèves et mésententes... Il faudra attendre une refonte de l'effectif et de nouvelles têtes, jusque dans le coaching pour sortir la tête hors de l'eau.
La venue de Didier Deschamps (2012) a tout révolutionné. Travaillant d'arrache-pied pour parvenir à relever l'équipe de France et redorer son blason, le tacticien basque a instauré de nouvelles bases. Son collectif devait primer sur l'aspect esthétique de son jeu. Ce qui a payé. Dès la Coupe du monde 2014, les Bleus sont arrivés en quarts de finale (perdus 0-1 contre l'Allemagne). La défaite fut amère mais nécessaire pour forger le groupe et les amener à l'heure actuelle - tout en haut de l'élite.
Un parcours quasi exemplaire à l'Euro 2016 (perdu face au Portugal 0-1), grâce à l'éclosion d'Antoine Griezmann et un travail de groupe incroyable a lancé véritable l'épopée Deschamps. Des victoires en cascades ensuite, une arrivée avec le petit génie Kylian Mbappé en Russie (2018), un succès défensif comme offensif, le titre... Et ce Mondial 2022.

Seul l'Euro 2020 fait tache dans le décor. Les Bleus, en fin de cycle, se sont inclinés en huitièmes de finale, rattrapé au score par la Suisse (3-3, 4 t.a.b 5). Mais puisque l'histoire française est faite d'expérience et de motivation à se relever, les chouchous nationaux se sont montrés au rendez-vous cette année. Quelle plus belle revanche que d'être sur le point de remporter une 3e étoile ?
"Ce n'était pas facile, mais c'était un mélange de qualité, d'expérience, d'esprit de conquête, même dans les moments difficiles", a affirmé Didier Deschamps, au sortir du match de demi-finale de son équipe face au Maroc (2-0). Un esprit conquérant que l'ancien milieu de terrain possédait déjà en tant que joueur.
Une génération dorée qui a ouvert la voie ?
Centres de formation, stars françaises, talent indéniable... Les hypothèses à avancer sont nombreuses quand il en va du succès de la France. Mais celle de la chance de posséder un excellent vivier depuis des années ressort davantage.
En 2000, la génération "black, blanc, beur" faisait vivre l'équipe de France. Zinédine Zidane, Thierry Henry, Emmanuel Petit, Patrick Vieira, Youri Djorkaeff, et même Didier Deschamps se sont inscrits dans l'histoire du football français. En 2006, Franck Ribéry s'est joint à la fête. 2008 a offert à Karim Benzema ses deux premières titularisations... Et en 2010, Hugo Lloris a fait la transition.
L'ancienne génération, complètement dorée puisqu'elle a fait les beaux jours a révolutionné la perception qu'avaient les Français, et le monde, due l'équipe du coq. Elle a principalement existé et dominé pour la première fois depuis l'ère Platini. Elle a également donné le tempo à suivre pour la nouvelle génération, celle de Deschamps.
Le savoir-faire français, le rayonnement international
Il faut tout de même saluer le rôle des centres de formation français pour comprendre la réussite internationale des joueurs tricolores. Lyon, Le Havre, Paris, Monaco, Bordeaux... Ces clubs ont bâti les bases pour la majorité de l'effectif à la fois ancien et actuel des Bleus. En cela, on peut donc affirmer que le triomphe national est d'abord une conséquence directe du niveau inculqué en formation. Mais pas que.
Antoine Griezmann, par exemple, s'est vu être refusé dans tous ces clubs et a dû apprendre le jeu espagnol. Un avantage considérable qui dicte encore aujourd'hui sa manière d'appréhender un match.
D'ailleurs, tout comme lui, la plupart du XI de départ français n'évolue pas en Ligue 1. Kylian Mbappé est l'exception à la règle. Ce qui fait aussi des Bleus des gagnants. Évoluant tous dans différents championnats, où le niveau est relativement plus élevé qu'en France, les joueurs peuvent apporter leur expérience et leur vision de jeu internationale pour la mettre à disposition.
Si on ajoute à cela le talent de certains, et le fait qu'il y ait effectivement une nouvelle génération dorée après la précédente, on obtient tous les éléments pour que cela fonctionne.
Didier Deschamps reste tout de même l'une des clefs dans cette stabilité. Après 10 années passées à la tête de l'équipe de France, il continue de se renouveler, même si parfois, ses choix ne plaisent pas. Pratiquement détenteur d'une nouvelle Coupe du monde, il parvient à incarner la stabilité et contrer les doutes de tous, pour tirer le meilleur de ses joueurs. À lui de prouver, désormais, qu'il saura faire la différence encore une fois et venir à bout de l'Argentine de Lionel Scaloni et Messi.