Ode à la régularité. Ode à la constance. Les Denver Nuggets ont prouvé cette saison qu'une équipe sans dramas, sans joueurs qui se plaignent, sans effusions inutiles autour de la franchise, c'est une équipe qui maximise ses chances de gagner.
Facile à dire quand on a Nikola Jokic dans son équipe ? Tiens tiens tiens. Lors de l'élimination des Nuggets au premier tour des playoffs l'an dernier par les Warriors, le discours n'était pas le même. Il ne l'a jamais été, tant le niveau de disrespect du double MVP a été énorme.
Que de détracteurs !
"Historiquement, il est le pire MVP que nous ayons eu en 35 ans" Nick Wright, analyste NBA.
"Bien qu'il soit le meilleur joueur offensif de la NBA, c'est dur de gagner un titre avec Jokic." Nate Duncan, analyste NBA, sur Twitter.
"Je ne pense pas que Jokic puisse être le meilleur joueur d'une équipe et que cette équipe puisse gagner le titre." Ben Lyons, analyste NBA, sur Twitter.
"Nikola Jokic est un stat-padder cette saison" - Kendrick Perkins, ancien joueur et "analyste", sur Twitter
"Mon prime était meilleur que celui de Jokic" Dwight Howard - qui joue désormais à Taïwan - sur FanDuelTV.
"Il n'a jamais rien gagné" DeMarcus Cousins - qui s'y connait dans l'art de ne rien gagner, sur Twitter.
Et bien sûr les fameux :
"Je prends Embiid devant Jokic tous les jours, toutes les nuits, tous les mois, toute l'année sur n'importe quelle planète". Skip Bayless, l'un des plus célèbres consultants NBA, sur Twitter.
"Je prends Anthony Davis devant Nikola Jokic" Stephen A Smith, sans doute l'analyste le plus connu aux États-Unis, sur Twitter.
On pourrait continuer ainsi pendant deux jours.
Pas une star, juste un monstre du basket
Comment un joueur comme Jokic, double MVP, au talent offensif indéniable, peut-il être aussi clivant ? Parce que c'est la deuxième fois seulement qu'il dispose d'une vraie équipe bien bâtie et en mesure de jouer le titre. La première fois, c'était en 2020, et Denver était allé jusqu'en finale de conférence.
Les deux dernières saisons, les Nuggets se sont avancés en playoffs sans Jamal Murray, soit le deuxième meilleur joueur de l'équipe. Michael Porter Jr était lui absent en 2022. Soit les deux saisons où le Serbe a raflé le titre de MVP. Une énième preuve dans l'histoire que l'on ne gagne pas seul. Personne. Jamais. Et, malgré tout, en playoffs, il a toujours fait le travail.
Alors pourquoi ? L'ancien baller Gilbert Arenas a donné une partie de la réponse dans le podcast de JJ Reddick.
"Jokic peut gagner un titre, tout le monde va s'en taper, soyons honnêtes. Désolé. Il ne va pas devenir une mégastar, parce qu'il ne fait rien que les gamins ont envie de voir. Il a un super jeu, mais ce n'est pas excitant. Il a été choisi en avant-dernier au All-Star Game. Le gars est double MVP, c'est un super joueur, mais personne n'a envie de regarder. Même s'il termine MVP des Finales, ça ne va rien changer.
Nike ne va pas sortir des chaussures à son nom, personne ne va aller acheter les 'Jokic'. Il faut être un 'die-hard' fan pour comprendre ce que le Joker fait. Les autres sont là pour les 3-pts de loin, les dunks ou... les Lakers. Tout ce qui compte c'est le glamour du jeu. On sait ce que Jokic et Jimmy font, c'est à ça qu'une équipe qui gagne ressemble, que des joueurs qui gagnent ressemblent. Mais la NBA n'est pas construite là-dessus, elle est construite sur les stars."
Amen. Simple comme bonjour. Nikola Jokic n'est même pas dans le Top 10 des meilleurs vendeurs de maillot (12e). Il est même devancé par LaMelo Ball ! Voilà qui abonde dans le sens de l'Agent Zéro. Un joueur pas flashy dans une franchise pas flashy, fatalement, ça ne fait pas vendre.
Et, pourtant, qui peut s'asseoir à la table du Joker et lui dire "je suis un meilleur joueur que toi ?" Le principal argument contre Jokic au moment de décerner le MVP - qui aurait pu être son troisième consécutif - était : Il n'y a que trois joueurs qui ont gagné trois MVP d'affilée : Wilt Chamberlain, Bill Russell et Larry Bird. Trois légendes, et Jokic n'est pas une légende.
Pardon ? C'est tout ? Bien entendu, ce n'est pas une surprise, ce trophée étant souvent - comme les autres trophées individuels, et pas qu'au basket - sur la narrative. Deux fois Giannis Antetokounmpo, deux fois Nikola Jokic, allez, c'est le tour de Joel Embiid. D'un ridicule sans nom.
De toute façon, Jokic n'a que faire des récompenses. "ça ne représente rien" a-t-il déclaré après avoir reçu le trophée de MVP des finales de conférence - encore un trophée pour du vent - et il en disait de même à propos du MVP. Le titre, son objectif. Demain, ce sera peut-être le cas.
