Depuis trois ans, la progression des Memphis Grizzlies est réelle. Un groupe jeune, ambitieux, qui est sorti du playin en 2021, puis a passé un tour de playoffs la saison dernière. Valider cette progression signifierait donc une finale de conférence a minima. Sur le papier, c'est totalement envisageable.
Mais la darling a laissé place à un groupe qui a affirmé ses ambitions, avec ce que cela comporte comme risques. Ainsi, les Grizz ont été clivants cette saison, entre déclarations tapageuses et comportements plus que limite. Pas de quoi empêcher Memphis de prendre la deuxième place à l'Ouest, mais c'est maintenant qu'on va voir de quel bois ils se chauffent.
Ambition
Ces ambitions, le leader Ja Morant les a exprimé après deux mois de compétition, en interview avec Malika Andrews. À la question : "Qui regardez-vous dans la ligue pendant que vous étudiez les autres équipes et que vous vous dites : "Nous allons devoir les battre" ?", le n°2 de la draft a répondu : "Boston". Et quand elle a insisté pour avoir une équipe à l'Ouest, la réponse a été cash : "je ne suis pas inquiet pour l'Ouest".
A+B = C, cela veut dire : "on sera en finale". C'était juste avant Noël, mais depuis, beaucoup de choses ont changé. Et notamment pour Morant, qui a été pris dans une large tourmente suite à une histoire d'armes à feu que laquelle on ne s'épanchera pas, mais qui lui a valu deux matchs de suspension, et surtout de perdre beaucoup de crédit dans la ligue.
Fini les jeunes et innocents Grizzlies, place à une équipe qui veut être classée parmi les top teams. Avec, bien entendu, le titre en ligne de mire. Une issue certainement envisageable au vu de leur saison. Une deuxième place, comme l'an dernier, avec 51 victoires pour 31 défaites. Mais sur un plan purement brut, cela fait tout de même 5 victoires de moins que l'an dernier. Première étape de la progression ratée donc.
Incertitude
Il ne faut bien entendu pas tomber dans le négativisme exacerbé. Top 10 attaque et à la passe, 2e équipe au rebond, 3e defensive rating, 4e net rating, la majorité des statistiques sont excellentes. Individuellement, c'est de qualité. Le trio Morant - Desmond Bane et Jaren Jackson Jr pèse pour 66 pts. "JJJ" est à créditer d'une superbe saison qui fait de lui l'un des finalistes pour le trophée de Defensive Player Of the Year.
Seulement, les Grizzlies sont attendus. Très attendus. Peut-être trop. Ce qui ne les a pas empêché de continuer à ouvrir leur bouche, pas le biais de l'inénarrable Dillon Brooks, qui avant que les Lakers n'écartent Minnesota en playin, avait lancé la série sans même savoir si elle aurait lieu.
"Cela ne me dérangerait pas de jouer contre LeBron dans une série en 7 matches... le mettre au tapis tout de suite... ce serait une bonne matchup pour nous au premier tour."
Résultat, la série aura bien lieu. L'occasion de se pencher sur les confrontations directes de la saison, mais cela ne fait pas avancer le schmilblick. 2-1 pour les Lakers, mais jamais les deux équipes ne se sont affrontées à pleine puissance. Il manquait LeBron James, ou il manquait Ja Morant, ou alors Anthony Davis. Difficile de s'appuyer dessus pour se faire une réelle opinion.
Obligation
Le bilan des Lakers, lui, est problématique : sortie au premier tour en 2021, pas de playoffs en 2022. Oui, les blessures, le vieillissement de LeBron James, mais le sentiment que cette équipe ne peut plus atteindre le niveau de performance de 2020, date de la dernière bague des Angelinos. Néanmoins, LA a montré en playin face aux Wolves plusieurs visages. Un match irrégulier, mais la victoire au bout. Soit le plus important.
Au final, les Grizzlies n'ont gagné qu'une série de playoffs en deux ans. La saison passée, face aux Wolves, et clairement, ils n'étaient pas souverains. Mais ils sont su se relever d'un premier match perdu à domicile pour aller chercher la série, une résilience qui mérite d'être signalée. Et le souvenir de la victoire sur les Warriors au playin en 2021 est encore dans toutes les têtes. Cependant, il s'agissait d'un seul match, pas d'une série.
Néanmoins, les deux dernières saisons conclues à la deuxième place de l'Ouest suffisent à classer les Grizzlies comme favoris de cette série. Après les frasques et les déclarations, éliminer les Lakers serait clairement une performance 1- capable de lancer un run de playoffs dévastateurs 2- susceptible de souder un groupe qui en aura besoin en l'absence de Steven Adams 3- qui serait le moyen de se racheter une virginité perdue trop rapidement.
Pas sûr que LeBron & co l'entendent de cette oreille, bien évidemment. Mais il le faut, car chuter dès le premier tour pourrait s'avérer dramatique. Pas dramatique au point de faire exploser l'équipe, à moins d'un improbable sweep. Mais au point que les Grizz ne soient plus une darling, pas un contender, sans être de facto hors du coup. Seule la victoire effacera les fautes passées. Premier élément de réponse ce soir ; 21h00.
