NBA Playoffs : la déroute des Philadelphia 76ers, un drame en trois actes

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NBA Playoffs : la déroute des Philadelphia 76ers, un drame en trois actes
Le duo Joel Embiid - James Harden existera-t-il encore la saison prochaine ?
Le duo Joel Embiid - James Harden existera-t-il encore la saison prochaine ?AFP
Joel Embiid tout sauf MVP, James Harden tout sauf décisif, et Doc Rivers tout sauf coach d'un contender : les responsables de l'élimination des 76ers sont parfaitement identifiables. Rivers vient d'être renvoyé, Harden pourrait ne pas rester, et l'on se demande si cette équipe jouera un jour les finales de conférence.

Dimanche soir, les Philadelphia 76ers ont donc mis un terme à leur saison sur une déroute à Boston. Un scénario redouté mais convenu, tant cette saison ressemble aux précédentes. Une saison régulière porteuse d'espoirs, terminée dans le peloton de tête, assortie d'une déception en playoffs.

Ainsi, le fameux "Process" lancé en 2013 n'a toujours pas atteint les finales de conférence. Une tragédie symbolisée par trois hommes : Joel Embiid, James Harden et Doc Rivers. Un trio qui était censé mener la ville de l'amour fraternel vers la victoire, mais c'est un nouveau choke que Philly a connu à la place. Point de situation.

Joel Embiid, où est passé le MVP ?

Un match 7, c'est une affaire d'hommes, une affaire de leaders. Sur le papier, quoi de mieux que d'avoir le MVP de la saison dans son équipe pour aborder ce genre de rencontres ? Sauf que...

Sauf que clairement, Joel Embiid n'était pas au niveau d'un MVP. 15 points à 5/18 au tir, c'est indigne de la statuette. Diminué ? Possible, puisqu'il a manqué le game 1. Mais voilà, il n'aura pas fini un seul match de cette série au-dessus des 50% au tir. 

Les stats affligeantes ne s'arrêtent pas là. De 33.1 points par match en saison régulière - ce qui en avait fait le meilleur marqueur de la saison - le Camerounais est passé à 23.7 en playoffs. C'est bien simple, c'est un record historique. Jamais un MVP n'avait connu une telle chute entre régulière et playoffs la saison de son sacre. 

Gagner un titre l'année de son MVP est une sacrée performance. Au XXIe siècle, ils ne sont que quatre à y être parvenus : Shaquille O'Neal (2000), Tim Duncan (2003), LeBron James (2012-2013) et Stephen Curry (2015). Que des légendes donc. Voilà trois ans que Joel Embiid courait après la statuette de MVP, il l'a enfin. Mais alors qu'on pensait que cela lui amènerait un soulagement, ce fut tout le contraire. 

Le game 7 en a été la parfaite illustration. Totalement muselé par Al Horford et Robert Williams III, Embiid a été inefficace. Mais le plus ennuyeux, c'est qu'il n'a pas su varier, se cantonnant à des shoots à mi-distance sans réelle réussite. Les Celtics ont mis un plan anti-Embiid après le match 5 en remettant Williams III dans le starting five, c'est une réussite. 

Joel Embiid est un joueur dominant, parmi les meilleurs de la NBA. Mais c'est son leadership qui est pointé du doigt. Sur le terrain, pas de réelle réaction, et en conférence de presse...

"On peut être aussi fort que l'on veut mentalement, mais si l'on ne peut pas répondre par des tirs, cela ne veut pas dire que l'on est faible mentalement... On a continué à tirer et on a continué à rater, et c'est tout."

Des relents de ses fameuses déclarations de 2021 envers un certain Ben Simmons. Alors certes, il a fini par prendre sa part de responsabilité.

"Si je ne finis pas premier, c'est un échec. Je ne pense pas que j'aurais été fier d'aller en finale et de perdre. Je déteste perdre. Si vous voulez m'appeler le meilleur joueur de l'équipe, toutes les pertes et tous les échecs doivent être de ma faute. Tout est de ma faute. Je vais m'améliorer"

Mais à la place des paroles, on aurait voulu des actes.

James Harden, as usual

28 mai 2018. James Harden, alors aux Rockets, dispute le game 7 des finales de la conférence Ouest contre les Warriors. Houston semble capable de mettre fin à la domination de Golden State, l'occasion est magnifique. Mais le leader n'est pas là quand il faut. Les défenseurs de "The Beard" rétorqueront qu'il a mis 32 points ce soir-là. Mais 2/13 à trois points dans un match décisif, ça fait tâche, et il avait contribué à une invraisemblable série de 27 trois points d'affilée ratés par son équipe dans ce match. Et cette saison-là, Harden était... MVP.

14 mai 2023. James Harden termine le game 7 contre les Celtics avec 9 points à 3/11 au tir. 6 rebonds, 7 passes, certes, mais aucun impact sur le jeu de son équipe, alors qu'il est supposé être le playmaker principal et deuxième option offensive. 

Et ses "perfs" dans les matchs décisifs ne s'arrêtent pas là. 2017, match décisif contre les Spurs : 10 points à 2/11 au tir et blowout complet. 2021, fraîchement débarqué aux Nets, il joue le game 7 contre les Bucks : 22 pts à 5/17 au tir. 2021, match pour la survie contre le Heat : 11 pts à 4/9 au tir.

Plus que des chiffres, c'est une attitude. On a tellement vanté le QI basket de James Harden - meilleur passeur de la saison, il faut le rappeler - qu'on se demande où était sa capacité à jouer pour les autres dimanche. Zéro impact sur le jeu de son équipe, un point souligné par un plus/minus abyssal de -30 ! 

Bien sûr, James Harden a déjà sorti des grands matchs en playoffs, et même dans cette série contre les C's. Sauf que ses game 1 et 4 splendides sont totalement éclipsés par le reste de la série, en dessous de tout. Deux bons matchs sur 7 de la part de votre deuxième meilleur joueur, cela ne peut pas fonctionner. 

L'an dernier, Harden venait de débarquer, et même si son intégration s'était faite en douceur, l'excuse du manque de cohésion de l'équipe était "entendable". Mais pas cette saison. Pas après avoir clamé "le titre ou rien" toute l'année. Harden est un grand joueur, c'est acquis, mais quand on commence à regarder sa carrière...

... c'est la déception. Pas de bague, une seule finale, beaucoup de déceptions en playoffs, une attitude peu engageante, un leadership qui diminue petit à petit. James Harden aura 34 ans cet été, et quand on regarde son parcours depuis son départ de Houston, on peut craindre pour la suite.

Au revoir Doc Rivers, A.K.A le spécialiste du choke

Doc Rivers est head coach en NBA depuis 1999. Il n'a connu que quatre équipes dans sa carrière. À son crédit, un titre en 2008 (avec les Celtics, quelle ironie). À son débit, tellement d'échecs...

Vous avez bien lu, Doc Rivers a perdu les 9 derniers matchs qu'il a dirigés avec la possibilité de rejoindre les finales de conférence. 10 même, avec celui de dimanche. D'abord avec les Clippers. L'inoubliable 3-1 lead gâché dans la bulle face aux Nuggets, c'est lui. Le non moins homérique 3-1 envolé face aux Rockets (de James Harden...), c'est lui.

D'ailleurs, c'est après l'échec contre les Nuggets qu'il a quitté L.A. Direction Philly, qui venait de subir un sweep cuisant (contre les Celtics, décidément) en 2020. Objectif, retrouver les finales de conférence que les 76ers n'ont plus connues depuis 2001. 

Une première saison de qualité, terminée à la première place de l'Est, avant un choke monumental contre les Hawks à domicile. Tout a été dit sur ce match, Ben Simmons etc... Mais 9 mois après la déroute contre les Nuggets, cela faisait franchement désordre. 

Pour les deux campagnes de playoffs suivantes, il a eu à sa disposition un duo Joel Embiid - James Harden. Deux armes fatales sur le papier qu'il n'a pas su transcender. En terme de plan de jeu, d'adaptation, les fins de série contre le Heat en 2022 et contre les Celtics cette année ont été cataclysmiques. Là où Joe Mazulla - head coach rookie, on le rappelle - s'est ajusté avec succès quand son équipe était menée 3-2 en mettant Robert Williams III dans le cinq, absolument rien sur le banc adverse.

Dimanche, lorsque Boston a pris feu dans le troisième quart temps, on n'a pas vu l'once d'une réaction. Des temps morts sans aucun effet, avec des systèmes honteux au retour sur le parquet. Mais surtout, le discours d'un coach doit pouvoir allumer l'étincelle qui embrase son équipe pour tenter de renverser la situation. Tout sauf le cas ici. 

Et sa bonhommie en conférence de presse - "bien sûr que je reste, j'ai encore deux ans de contrat" - n'a rien arrangé. Aussi, et ce n'est une surprise pour absolument personne, le management de Philadelphie vient de décider de s'en séparer. Mais l'on se demande surtout pourquoi la franchise avait décidé de l'embaucher.

Rivers n'est pas réputé tacticien, ou pour avoir un gameplay très varié. Il est réputé être un meneur d'hommes, une qualité qu'on lui a prêtée notamment lors de son titre de 2008. Mais c'est vite oublier qu'il bénéficiait à l'époque d'un Big Three exceptionnel (Garnett - Pierce - Allen), unique en son genre pour l'époque, et depuis, il n'a fait que décevoir. À son âge et avec son pedigree, quelle franchise va vouloir miser sur lui ?

The future is (not) bright

Voilà une dizaine d'années, Philly démantelait une équipe remplie de joueurs de bon niveau (parmi lesquels Jrue Holiday, Lou Williams, Andre Iguodala entre autres) pour tanker au maximum : le Process était né. Une stratégie qui aura fait l'objet de nombreux quolibets à l'époque.

Certes, elle a permis de bénéficier, de 2014 à 2017, d'un choix top 3 à chaque draft. Mais aujourd'hui, seul Joel Embiid est toujours là. Ben Simmons est parti dans les circonstances que l'on sait, Markelle Fultz tente de reconstruire sa carrière du côté d'Orlando, quant à Jahlil Okafor, on n'a aucune idée d'où il est passé.

Ainsi, 10 ans après, seuls trois joueurs draftés par Philly sont dans le roster : Joel Embiid, Tyrese Maxey et Paul Reed (les deux derniers draftés en 2020). On ne parlera pas de Furkan Korkmaz. Le Process, ce n'est pas un plan, c'est Joel Embiid, point barre.

Mais quel avenir pour Philly ? Selon plusieurs insiders, James Harden ne devrait pas prendre sa player option et laisser tomber une nouvelle franchise en cours de route. On ignore où il pourrait débarquer, mais surtout dans quel rôle. Il ne peut plus être n°1, a du mal à être constant en n°2, mais réclamera toujours le salaire d'un de ces deux cas de figure. Après sa "perf" de dimanche, qui misera sur un rebond ? Lui, pourtant, a encore des ambitions.

Doc Rivers, lui, est viré, et les 76ers ont déjà des pistes assez logiques : Mike Budenholzer, Sam Cassell, Mike D’Antoni, Nick Nurse, Frank Vogel et Monty Williams selon le célèbre Adrian Wojnarowski. Des coachs sérieux pour la plupart, mais l'essentiel est-il là ? 

Il reste encore un an de contrat à 39 Millions pour Tobias Harris - on le rappelle, joueur le mieux payé de la franchise cette saison pour un rôle d'option n°3 au mieux. Un trade est probable, mais pour faire quoi ? Le marché des agents libres sera bien moyen cet été, pas de quoi monter réellement une équipe contender. 

Alors quoi ? Tout reconstruire, encore ? Joel Embiid aura 30 ans en mars prochain. Et toujours pas l'ombre d'une finale de conférence à se mettre sous la dent. Si la possibilité d'un départ n'a jamais été évoquée, prononcer le mot "reconstruction" le permettra sûrement. Le pivot n'a jamais caché ses ambitions de titre, mais là, ça sent le roussi.

Bien entendu, en cas de trade, il aura des postulants. Mais il n'a jamais cessé de clamer son amour pour Philadelphie. Un cas de figure qui s'est présenté à tellement de reprises dans l'histoire. Le plus fameux exemple dans l'histoire récente étant bien entendu Damian Lillard, restant (pour l'instant) accroché à Portland malgré une montagne de déceptions. 

Quoi qu'il en soit, la franchise va être face à un grand défi cet été. Garder la confiance de Joel Embiid, ramener un coach d'envergure, remodeler l'effectif de réelle manière, redonner confiance à des joueurs sans nul doute abattus. Pas impossible sur le papier. Mais plus on regarde, moins on pense que ces 76ers sont en mesure de réellement lutter pour le titre. Et c'est en partie de leur faute.

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