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Antoine Griezmann, l'habit fait le moine

Griezmann est l'un des joueurs les plus influents des Bleus depuis le début du Mondial.
Griezmann est l'un des joueurs les plus influents des Bleus depuis le début du Mondial. AFP
Quand il s'agit d'Antoine Griezmann, l'habit fait le moine. Quand il porte le maillot de l'Atlético de Madrid, Diego Simeone le bride; quand il porte le maillot bleu, il est grandiose.

Laisser la possession à l'adversaire, voire la délaisser, pour mieux procéder par contres : Antoine Griezmann est habitué. À l'Atlético de Madrid comme avec l'équipe de France, le numéro 7 se déplie et se déploie inlassablement. Des habitudes acquises sous les ordres de Diego Simeone. Mais des habitudes constamment critiquées quand il joue en Rojiblanco, pour être mieux encensées quand il est en Bleu. Pourtant, il s'agit bel et bien du même joueur. 

Car c'est bien avec l'Atlético que Griezmann a acquis ce volume, cette façon unique d'arpenter tous les secteurs du jeu. Passer, marquer à l'occasion, mais aussi déclencher le pressing, se positionner pour obstruer les circuits de passes adverses, défendre, récupérer, relancer.

Contre le Maroc, "Grizou" a ajouté une nouvelle fonction à son couteau suisse : défenseur central. Devant Hugo Lloris, au soutien de Raphaël Varane et Ibrahima Konaté, au plus fort de la domination des Lions de l'Atlas, il a fait parler son intelligence de jeu, son sens de l'anticipation pour soulager une défense aux abois. S'il l'avait fait pendant un match de Ligue des Champions ou de Liga, il aurait tancé, critiqué, ou plutôt, la faute aurait été remise sur Simeone. Avec l'équipe de France, il devient un héros. 

L'activité de Griezmann face au Maroc
L'activité de Griezmann face au Maroc AFP/Opta by Stats Perform

Ce style de jeu était déjà celui de Griezmann en 2018, même s'il a marqué et que les statistiques sonnantes et trébuchantes parlent davantage au grand public. Il y a 4 ans, si la Fédération française l'avait promu, plutôt que de rester en retrait, il aurait pu soulever le Ballon d'Or au lieu de devoir rester en retrait. Cette fois-ci, la nouvelle version du trophée qui se décerne sur une saison et non plus sur l'année civile devrait le desservir alors que, sur ce Mondial, hormis Lionel Messi, il est au-dessus de la meute.

Rien n'était écrit pourtant. S'il a été le joueur le plus en vue de l'Atlético depuis le début de saison en dépit d'une clause dans son contrat de prêt signé avec le FC Barcelone limitant les apparitions de plus de 45 minutes pendant de longues semaines, Griezmann s'orientait petit à petit vers un rôle de supersub en équipe de France.

Même si Deschamps lui a toujours manifesté de l'intérêt, le retour de Karim Benzema avait fait reculer le Colchonero dans la hiérarchie. Le forfait du tout frais Ballon d'Or a rebattu les cartes. Le retour à 4 en défense et les forfaits de Paul Pogba et Ngolo Kanté ont ouvert une brèche où seul Griezmann pouvait s'engouffrer.

Et c'est précisément parce qu'il a été formaté par Simeone qu'il a pu enfiler ce costume, d'autant que cela correspond à sa vision du football, lui qui s'est perdu à arpenter une aile avec le Barça pendant 2 ans. L'Atlético ne joue pas le jeu de touche, la possession à outrance, tout comme l'équipe de France. Si le jeu rojiblanco n'est pas exaltant depuis plusieurs mois, il a été le meilleur "échauffement" pour le Principito. Et le "pire" pour l'Albiceleste, c'est que c'est peut-être grâce au travail d'un Argentin que les Bleus parviendront à remporter cette finale de rêve, avec une 3e étoile à accrocher en haut du sapin.