Le Canada a effectué sept tirs la surface contre la Croatie, mais tous visaient le but de Dominik Livakovic depuis l'extérieur, et celui-ci n'a dû en arrêter qu'un seul. Les autres ont été bloqués par la défense ou ont manqué la cible. Au total, les Canadiens ont accumulé un xG de 0,35.
De l'autre côté du terrain, la créativité a été, comme d'habitude, principalement assurée par Luka Modric, Mateo Kovacic et Ivan Perisic sur l'aile. Ils se sont créés neuf occasions pour leurs coéquipiers.
Andrej Kramaric était le plus souvent à la réception de ces actions. L'attaquant d'Hoffenheim a enregistré cinq tirs, dont deux qu'il a converti. Marko Livaja, de l'Hajduk Split, a réalisé trois autres tirs et marqué un but. En tout, 13 tirs, neuf dans la surface de réparation et un total de xG de 2,70 ont été relevé.
Tout ce qui se passe sur le terrain a un dénominateur commun dans l'équipe croate. Luka Modric. C'est lui qui fait le lien entre son milieu de terrain, la défense et l'attaque, tout en assumant les tâches offensives et défensives avec une grande facilité. Le milieu de terrain du Real Madrid joue avec énergie dans ce tournoi qui est sans précédent pour un footballeur de 37 ans.
Parmi les milieux centraux qui ont joué au moins 100 minutes à la Coupe du monde, Modric maintient le deuxième plus grand nombre de tacles défensifs. En moyenne, il en réalise 13,7 par match. Seul le Canadien du FC Porto, Stephen Eustáquio, est plus performant, puisqu'on lui compte un tacle de plus que le Croate.
Mais ce n'est pas tout. Si l'on filtre les duels de pressing dans la base de données, Modric est le 4e joueur le plus actif du tournoi derrière Selim Amallah (Maroc), Ahmad Nourollahi (Iran) et Hasan Al Haydos (Qatar).
De plus, son inlassable travail défensif porte ses fruits. Tout d'abord, cela est rendu possible grâce à sa grande vision du jeu. Dans la mesure où il enregistre le nombre de passes interceptées et de secondes balles, il n'est devancé que par le Gallois Aaron Ramsey, tandis que l'Équatorien Jhegson Méndez est le seul à toucher plus de balles que lui par match.
Modric est constamment en mouvement sur le terrain. Le leader incontesté du nombre de longs dribbles est le jeune Espagnol Gavi, suivi du trio Bernardo Silva, Mateo Kovacic et Sasha Lukic. Modric est cinquième, mais de justesse.
En outre, aucun autre numéro huit n'a envoyé autant de passes dans la surface adverse que lui.
Le milieu de terrain central de la Croatie, dont on parle tant, a donné le meilleur de lui-même jusqu'à présent, et les joueurs se complètent parfaitement. Alors que Modric créer des situations dangereuses principalement par ses déplacements, Kovacic est saisissant dans le dernier tiers du terrain de par ses passes, notamment celles qui arrivent dans la surface de réparation. Marcelo Brozovic, quant à lui, est complètement fiable sur le plan défensif.
Un échantillon de deux matches n'est absolument pas pertinent dans l'analyse du football au niveau des clubs (notamment à cause de l'influence de la chance) et la Croatie a encore la rencontre la plus difficile du groupe à jouer. Mais quoi qu'il en soit, nous pouvons déjà bien décrire ce qui se passe dans l'équipe et comment les joueurs individuels fonctionnent.
Les données de l'équipe confirment le bon départ des Croates dans la Coupe du monde.
Si nous divisons le terrain en différentes zones et mesurons le taux de réussite avec lequel les adversaires y pénètrent par leurs passes et leurs courses, il s'avère que les Croates concèdent nettement moins d'occasions sur les ailes que la moyenne des équipes.
Le pressing fonctionne également bien jusqu'à présent. Si les Croates perdent le ballon dans la moitié de terrain de l'adversaire, ils parviennent à le récupérer dans les 10 secondes et 25,57% des cas, ce qui est le 6e meilleur résultat parmi toutes les équipes présentes au Mondial.
Si l'adversaire combine contre la Croatie dans son propre tiers du terrain, dans 33,93% des cas, la Croatie parvient à briser son jeu avant que l'équipe ne puisse échanger une 4e passe. Seuls le Brésil, l'Allemagne et l'Angleterre sont mieux lotis.
Les Croates sont excellents à la récupération de ballons perdus dans tous les tiers du terrain, mais surtout dans le tiers défensif. Seuls la Serbie, le Mexique et le Cameroun y sont plus dominants.
En revanche, leur faiblesse est clairement visible dans les airs. Ils sont à l'avant-dernière place derrière le Ghana en ce qui concerne la réussite globale des têtes, et à la 3e place dans le tiers offensif derrière le Ghana et le Japon.
Par conséquent, un certain espoir pour la Belgique pourrait venir des coups de pied arrêtés et des centres, ce qui est une spécialité de Kevin De Bruyne, tandis que Thorgan Hazard n'est pas mal non plus. Romelu Lukaku, ainsi que les défenseurs centraux Jan Vertonghen et Toby Alderweireld seront des menaces.
Cependant, l'équipe de Roberto Martinez ne s'est pas trop appuyée sur le jeu aérien. 24% de leurs attaques se terminent par des centres dans la surface, ce qui est bien en dessous de la moyenne du championnat.
De plus, les centres de la Belgique sont souvent détournés et leur taux de réussite est l'un des plus faibles du tournoi. Mais il est également vrai que peu de choses ont fonctionné pour eux en phase offensive. D'ailleurs, ce sont les Mexicains qui s'appuient le plus sur les centres, puisqu'ils font entrer le ballon dans la surface dans 41 % des cas.
Les Diables rouges ont peut-être beaucoup de problèmes sur et en dehors du terrain au Qatar, mais les deux équipes partent pratiquement de zéro aujourd'hui et, de toute évidence, une seule d'entre elles sera qualifiée pour les huitièmes de finale. Pour l'observateur impartial, il serait dommage que ce ne soit pas la Croatie, ne serait-ce que parce que c'est la toute dernière Coupe du monde de Luka Modric.