Quatre minutes pour changer une élimination. En fait, cinq. Car juste avant le but du gauche qui a permis à la Roma de reprendre Porto, Paulo Dybala a reçu un carton jaune pour une faute sur Otavio. Ce dernier, qui l'avait chahuté peu avant, a eu le mérite de le réveiller complètement. Déjà bien entré sur le terrain, l'Argentin a été encore plus motivé après le traitement de faveur du Brésilien.
Une combinaison rapide avec Eldor Shomurodov, suivie d'une douce relance et d'un délicieux extérieur pour l'égalisation. Ensuite, une autre triangulation avec Manu Koné, suivie d'une frappe puissante au premier poteau. D'abord l'élasticité, ensuite la décision. Deux buts différents mais générés par le même esprit brillant, celui d'un numéro 10 à l'ancienne qui reste le joueur avec le plus de classe en Serie A quand il est bien.
Et la performance de ce soir, où il a également participé au but de Niccolo Pisilli (3-1), a corroboré sa situation actuelle. Celle d'un catalyseur de jeu absolu, exalté dans le 3-4-2-1 conçu par Claudio Ranieri. Presque dispensé de courir vers arrière, l'Argentin part de la position centrale droite pour générer du jeu. Et, maintenant qu'il est en confiance, il marque aussi. Ses deux premiers buts en Europa League cette saison certifient son statut de joueur très efficace. Car Dybala n'est pas seulement beau, il est aussi concret. Et cette saison, il se distingue également par sa constance.
Si l'on considère ses deux premières années à la Roma, en effet, l'Argentin n'a jamais fait 17 apparitions d'affilée comme il l'a fait cette saison. Même si elles n'ont pas toutes été titularisées, les apparitions de la Joya avec le maillot des Giallorossi, du 24 novembre 2024 au 13 février 2025, ont surtout été caractérisées par une énorme sérénité. Au-delà de la performance, presque toujours au-dessus, il semble que le natif de Córdoba se soit enfin débarrassé de la fameuse mufa de conception argentine, cette sorte de nuage fantozzien qui l'a hanté ces dernières années sous la forme de blessures qu'il a parfois lui-même exagérées.
Idole
"L'affection que les gens ont pour moi est quelque chose d'unique et de beau. Cette saison ne se déroule pas comme nous l'avions prévu, mais nous avons maintenant une grande chance en Europe. Cette compétition peut nous apporter beaucoup cette année, c'est une opportunité importante compte tenu de ce qui s'est passé au cours de la saison. Les mots qu'il a prononcés après le match devant les micros de Sky Sport ont rappelé à quel point la Roma et lui ne font qu'un.
Accueilli en grande pompe à l'été 2022 par une Piazza qui oscille entre l'allégresse et la dépression mais ne manque jamais de le soutenir, Dybala est pour ainsi dire l'idole des Giallorossi. Sa constance est d'ailleurs évidente, puisqu'il compte déjà 31 apparitions dans la saison en cours, alors qu'il reste encore trois mois à disputer. L'année dernière, l'ancien joueur de la Juventus avait joué à 39 reprises, tandis que lors de sa première saison avec les Giallorossi, il avait disputé 38 matches. Bref, des chiffres qui peuvent être dépassés en un mois et demi, puisqu'il y a encore au moins deux matches programmés en Europe au mois de mars.
Aujourd'hui, après le doublé contre Porto, il s'est propulsé dans une dimension supérieure. Celle d'où il devra tirer la Roma vers le haut. Et dans une Serie A où l'équilibre semble difficile à rompre, l'Europe pourrait être le bon chemin.
Équipé de la machette tranchante qui permet de briser les bois les plus durs du continent, Dybala tentera de donner aux Giallorossi cette joie continentale qui va si bien avec son surnom. Car la tradition récente de la Roma en Europa League parle d'une finale et d'une demi-finale. Et son talent peut faire la différence à tout moment.