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Vive le Roi Carlos ! Alcaraz bat Zverev en 5 sets et remporte Roland-Garros !

Carlos Alcaraz
Carlos AlcarazAFP
4h19 et 5 sets : voilà ce qu'il a fallu à Carlos Alcaraz pour remporter son premier Roland-Garros aux dépens d'Alexander Zverev qui menait pourtant deux sets à un (6-3, 2-6, 5-7, 6-1, 6-2). Après l'US Open et Wimbledon, l'Espagnol remporte son troisième Majeur, sur une troisième surface.

Nombreux sont celles et ceux qui ont été au diapason de Carlos Alcaraz, exultant allongé sur l'ocre parisien, vainqueur d'un combat épique quoique désordonné face à Alexander Zverev. Pour le Roland-Garros le plus ouvert depuis 20 ans, le natif d'El Palmar a remporté un troisième tournoi du Grand Chelem, sur une troisième surface après le dur de Flushing-Meadows et l'herbe de Wimbledon.

Un nouveau chapitre du tennis masculin a débuté Porte d'Auteuil et, pour l'image de marque de la discipline, mieux valait voir le Murcien soulever la Coupe des Mousquetaires plutôt qu'un joueur qui aura bien du mal à faire oublier ses déboires judiciaires liés à des accusations de violences conjugales. 

Alcaraz a du retour

Deux doubles fautes d'emblée et un changement de raquette : Zverev a commencé sa finale de manière bizarroïde et, après avoir aligné 3 points consécutifs, a cédé sa première mise en jeu, après qu'Alcaraz a ajusté une volée parfaite avant de conclure dans la foulée en deux coups de raquette. Malgré ce break initial, l'Espagnol a commis une faute directe puis une double faute avant de savonner une amortie à 15-30. Sur la deuxième opportunité, l'Allemand a égalisé. 

Si la tension demeurait, les deux joueurs ont retrouvé leur première pour, cette fois, conserver leur engagement sans forcer. Or dès que l'échange a duré, Alcaraz a pris la main. Deux bons mètres derrière sa ligne de fond pour relancer les services à plus de 210km/h de son adversaire, le Murcien a poussé à la faute, notamment grâce à son jeu de défense. Bilan : break blanc, confirmé pour mener 4-2. Le partiel en faveur d'Alcaraz était éloquent : 10-1 lors des 11 derniers points disputés. 

La lourdeur et la longueur des balles de l'Espagnol prenaient totalement Zverev au dépourvu, pas encore entré dans sa finale quand son adversaire, lui, était bel et bien dans le terrain. Mené 15-40, l'Allemand a bénéficié de deux balles dans le filet d'Alcaraz qui semblait pourtant prêt à l'ajuster pour rester dans la course. 

Même si le vent jouait le trouble-fête, la variété des coups et des filières du Murcien consituait un casse-tête pour Zverev, totalement dépourvu de solutions pour le moment. La qualité de retour de l'Espagnol a une nouvelle fois empêché l'Allemand de s'installer dans le terrain, constamment repoussé dans ses retanchements et qui, malgré 74% de première, n'est parvenu à convertir que 48% de points derrière. La première opportunité fut la bonne pour Alcaraz sur le service adverse : 6-3 en 45 minutes. 

Qui sert contre le vent...

Mené d'un set contre Casper Ruud, Zverev était face à la même problématique. Mené 40-0, il a profité d'un relâchement coupable d'Alcaraz pour inscrit les 4 points suivants pour s'offrir une balle de break. L'Espagnol a réagi avec un service gagnant au corps. À 40-A, une faute directe en longueur a montré un signe d'énervement de Zverev qui s'est retenu de casser sa raquette, preuve qu'il sait se contenir quand il s'agit de son matériel... Face au vent, Alcaraz a alterné les erreurs de jugement et les enchaînements limpides. Après avoir écarté 3 balles de break, au bout de 11 minutes, l'Espagnol a décoché un revers croisé gagnant pour passer devant dans cette 2e manche. 

Incapable de trouver de la profondeur dans son jeu, Zverev a fait l'essuie-glace, tandis qu'Alcaraz jouait les distributeurs de pralines, dans la diagonale avant de finir le travail long de ligne. Heureusement pour lui, l'Allemand pouvait toujours compter sur sa précieuse première balle pour inscrire un jeu blanc et revenir à 2-2. 

Pour autant, une tendance se dessinait quand Alcaraz servait contre le vent, avec de grosses fautes directes qui ont permis à son adversaire d'avoir deux nouvelles balles de break à 15-40. Le vent a traversé le central sur un revers de Zverev qui a fini sa course dans le filet. En revanche, une rafale a piégé Alcaraz sur la seconde et la tête de série nº4 a enfin pris la tête dans ce set. 

Meilleure qualité en première, volonté de conclure au filet : Zverev a confirmé, quoique poussé à 40-A. Un coup de poignet superbe a fait basculer le set en sa faveur définitivement. 

Sur le jeu de service suivant, Alcaraz a mené 40-0 avant de subir un nouveau break. Désormais, les rallyes, les retours même boisés étaient en faveur de l'Allemand, capable de prendre la balle plus tôt et d'imprimer son rythme. Un jeu blanc avec deux aces : Zverev a inscrit son 5e jeu de rang et égaliser à un set partout (6-2 en 49 minutes).

Décousu main

Encore convalescent sur son service après une 2e manche catastrophique en la matière (62% de première, 63% de points remportés derrière, 33% de points gagnés en seconde), Alcaraz a remporté sa mise en jeu, mais son jeu de manière globale apparaissait totalement déréglé. 

Brinquebalant, l'Espagnol tenait ses mises en jeu sur un fil quand son adversaire jouait sur coussin d'air, impérial au service, supérieur en cadence. Cornaqué par Juan Carlos Ferrero, le Murcien a une nouvelle fois résisté, poussé aux avantages avant de conclure non sans mal pour mener 3-2. Poing serré sur quasiment chaque point remporté, Alcaraz restait la tête hors de l'eau... et c'est lui qui a breaké (blanc !) dans la foulée, en prenant l'initiative et en jouant juste. C'était à présent d'adresser des regards interrogatifs à son entraîneur de père. 

Mais l'Espagnol n'était pas serein pour autant. Ses fautes directes en revers dépassaient désormais la quinzaine depuis le début du match, son service tenait toujours sur un fil et Zverev l'a une nouvelle poussé aux avantages, sans convertir ses balles de break. 

À 5-3, Alcaraz est revenu de 0-30 à 30-A après que l'Allemand a commis deux grosses fautes directes de chaque côté. Mais, finalement, après être passé longtemps entre les gouttes, l'Espagnol a été débreaké sur un retour croisé de revers millimétré. S'il a tremblé, son adversaire n'a rien laissé et a égalisé avec un jeu blanc. Totalement perdu sur le court, Alcaraz a subi un nouveau break dans la foulée.

Après avoir gâché une première balle set, sauvé une balle de débreak grâce à un énième service gagnant, Zverev a eu la peau du Murcien au terme d'un rallye où il a réussi à repousser le nº3 mondial loin derrière sa ligne. Comme au 2e set, l'Allemand venait d'inscrire 5 jeux consécutifs (7-5 en 64 minutes). 

En sens inverse

Dos au mur, Alcaraz a enfin remporté une mise en jeu aisément. Etrangement, Zverev a donné des signes de nervosité. Il a mal jugé un lob défensif de son adversaire, puis contesté une annonce tardive d'un juge de ligne avant d'être transpercé par un passing de coup droit long de ligne de l'Espagnol qui ne pouvait espérer meilleure entame avec un break d'entrée et une confirmation éclatante avec un jeu blanc. 

Si précise depuis deux sets, la mécanique du service allemand s'est déréglée avec notamment deux doubles fautes et un nouveau break concédé après une amortie délicate d'Alcaraz. 

Mais une nouvelle fois, l'Espagnol a remis son adversaire dans le match en dégueulassant son jeu de service (4-1). De retour sur sa chaise, il a fait appel au kiné pour une alerte à la cuisse gauche. Requinqué au moins temporairement, Alcaraz a poussé son adversaire aux avantages et a de nouveau pris le service de l'Allemand pour mener 5-1. Rien n'était acquis pour autant puisque Zverev a mené 15-40 puis 40-AV. Les trois balles de débreak se sont évaporées et le Murcien a égalisé à deux manches partout avant que le kiné ne refasse son apparition (6-1 en 41 minutes).

La victoire du Murcien martien

Désormais, chaque joueur axait les points sur ses fondamentaux. Zverev avec son service, Alcaraz avec son coup droit. Pas de break pendant les deux premiers jeux, remportés non sans effort. Et puis l'Allemand a manqué une volée en longueur, puis une seconde dans le filet et a enfin offert littérallement 3 balles de break sur un plateau après avoir commis une double faute. La deuxième fut la bonne, après une faute directe. 

À présent, l'Espagnol était en position de force, même si ça ne lui avait pas porté bonheur jusqu'à présent. À son tour, Alcaraz a été mené 0-40, notamment en plâtrant une amortie dans le filet puis en perdant en rallye alors que son adversaire s'escrimait en défense. À 15-40, une deuxième sur le T a été annoncée faute puis corrigée bonne au grand dam de Zverev. À 30-40, Alcaraz a décoché un coup droit gagnant pleine ligne. Et puis ce fut assurément le point du tournoi, remporté par l'Allemand, après une bataille incroyable où il finit par arracher une 4e balle de break... effacée par un service extérieur gagnant.

Grâce à un revers long de ligne, le Murcien a débordé son rival puis une amortie incroyable a confirmé ce break d'avance (3-1). 

Il ne restait plus grand chose dans les deux moteurs et si Zverev s'offrait des points gratuits au service, le contre de défense d'Alcaraz résonnait comme un uppercut, même si l'Espagnol l'a payé avec une faute directe sur le point suivant. Mené 40-15, il a en revanche remporté les trois points suivants et l'Allemand a joué avec le feu sur balle de double break, trouvant la ligne sur un revers court croisé. 

Les 4 heures de match étaient dépassées. Toujours au contact, Zverev a claqué un passing dans les pieds pour mener 15-30. À 40-A, il a de nouveau pris Alcaraz de vitesse mais le Murcien a écarté la balle de débreak avec un service-volée. Nerveux, Zverev a fini par céder, y compris sur son service. Emplafonné par une litanie de coups droits, vaincu par un coup de poignet hallucinant qui s'est transformé en passing gagnant avec l'aide de la bande du filet, Zverev a subi un double break. 

Trois minutes plus tard, après avoir débordé Zverev avec un énième coup droit croisé, Alcaraz pouvait s'effondrer dans la terre battue de Roland-Garros (6-3, 2-6, 5-7, 6-1, 6-2 en 4h19). À 21 ans, "Carlitos" a remporté 3 des 4 tournois du Grand Chelem. Une nouvelle ère s'ouvre Porte d'Auteuil mais le pavillon espagnol est toujours hissé haut.