L'équipe de Jonas Vingegaard a perdu beaucoup d'énergie lors de la première semaine. Une gabegie qui s'est payée par la suite et qui a profité à Tadej Pogacar pourtant privé de deux gregarios importants.
Ils l'avaient promis, ils l'ont fait : en début de Tour de France, les bourdons de la Visma-Lease a bike avaient annoncé leur volonté d'harceler Tadej Pogacar, vainqueur sortant, à la moindre opportunité. À l'amorce de la deuxième et dernière étape alpestre, un double constat s'impose : ils ont tenu parole, mais ils n'ont pas été au niveau.
La gestion de course a été énigmatique. L'équipe de Jonas Vingegaard a gaspillé énormément d'énergie en première semaine pour un gain qui, même dans une hypothèse haute, ne pouvait pas rapporter beaucoup de temps en prévision de la haute montagne. La tentative de bordure dès la 1re étape autour de Lille était du genre voyante et quand ses équipiers ont roulé toute la journée, leur leader a renâclé à rouler avec Pogacar, que cela soit vers Boulogne-sur-Mer et surtout à Rouen alors que Remco Evenepoel avait été largué.
Finalement, non seulement Vingegaard n'a remporté aucune étape mais, en plus, il y a eu un micro climat dans le pullman d'UAE-Team Emirates tant Pogi a empilé les bouquets de vainqueur. Et encore, face à la grogne quant au niveau des performances de l'équipe emirati, le Slovène a donné l'impression de se contenir dans le Ventoux et dans la Loze.
Surtout, cette débauche d'efforts s'est payée dès le contre-la-montre de Caen, avant que le chrono en côte de Peyragudes ne sentencie définitivement la victoire de Pogacar. Si Joao Almeida, censé être le dernier étage de la fusée a dû abandonner des suites d'une chute et que Pavel Sivakov a traîné sa misère pendant les trois semaines de course, jamais la Visma-Lease a bike n'est parvenue à obtenir le meilleur rendement pour isoler Pogacar. C'est à la fois dû à la forme irrégulière de plusieurs d'entre eux, à des plans qui échouent comme l'offensive dans la Madeleine jeudi et, plus simplement, au niveau actuel de Vingegaard qui doit dès à présent faire évoluer son calendrier pour redevenir un adversaire et ne plus être un simple dauphin.
Car si l'édition 2024 a été disputée dans des conditions spéciales après la terrible chute de Vingegaard et Evenepoel sur le Tour du Pays basque, cette Grande Boucle 2025 s'est déroulée dans des conditions plus équitables. Pogacar et Evenepoel courent de février à septembre; Vingegaard se concentre sur les courses à étapes et compte peu de jours de course à haute intensité. Cela fait-il la différence dans un mano-a-mano ? Toujours est-il que Pogacar est capable de se mettre dans le mal plus longtemps et que toute l'expérience emmagasinée depuis deux ans, ses raids solitaires foldingues qui se convertissent en contre-la-montre improvisés, sa capacité à sentir la course sur une course d'un jour font de lui un coureur plus complet que jamais.
La domination de l'équipe de Vingegaard, sur le Tour comme sur les classiques, n'est plus qu'un souvenir. L'hégémonie est désormais propriété d'UAE-Team Emirates et, pour les Néerlandais, le mercato doit accélérer le renouvellement des forces en présence pour exister de nouveau.