Un vrai temps de Flahute. Il drachait fort sur les Hauts-de-France pour cette deuxième étape entre Lauwin-Planque et Boulogne-sur-Mer mais les intempéries n'ont pas obstrué la marche du Tour, déjà amputé de deux coureurs, Filippo Ganna (INEOS-Grenadiers) et Stefan Bissegger (Décathlon-AG2R), tombés lourdement lors de la boucle autour de Lille.
Chaussée détrempée, gamelles assurées, y compris pour les échappés. Partis avec le récidiviste Bruno Armirail (Decathlon AG2R) et Brent Van Moer (Lotto Dstny), Yevgeniy Fedorov (XDS Astana) et Andreas Leknessund (Uno-X Mobility) ont glissé dans un virage mouillé. Comme la veille, la fugue était reliée par le peloton façon jokari, avec une ficelle qui a tout juste dépassé les 3 minutes d'avance dans le meilleur des cas. L'objectif était donc d'aller au moins jusqu'à la Côte du Haut Pichot (1.1km à 9% de moyenne), premier 3e catégorie du parcours, avant que l'enchaînement de la Côte de Saint-Étienne-au-Mont (1,1km à 9,4% de moyenne, 3e catégorie) avec celle d'Outreau (800m à 8% de moyenne, 4e catégorie) ne décide du vainqueur de l'étape.
La côte de Cavron-Saint-Martin (1.2km à 5% de moyenne, 4e catégorie) située à 105km de l'arrivée a permis à Leknessund de remporter le seul point en jeu et de panser les stigmates de sa chute.
La nervosité est montée d'un cran quand les sprinteurs ont reniflé la proximité de l'intermédiaire à Énocq. Après que Fedorov a réglé le groupe d'échappés qui vivait ses derniers instants, Jonathan Milan (Lidl-Trek) a été le plus rapide des spécialistes comme la veille. L'Italien s'en est alors pris à Biniam Girmay (Intermarché-Wanty) avec force gestes (d'après le community manager de l'équipe belge, ce serait parce que l'Erythréen mangerait des pizzas à l'ananas), pendant que Bryan Coquard (Cofidis) faisait aussi des remontrances à son compatriote Paul Penhoët (Groupama-FDJ).
La Côte du Haut Pichot à 30km de l'arrivée a été attaquée pied au plancher par Wout van Aert (Visma-Lease a bike), relayé dans les passages à 12% par Tim Wellens (UAE-Team Emirates). La foule était compacte, l'espace pour les coureurs réduits et Milan a d'abord fait un strike avec deux smartphones avant de mettre pied à terre après un accrochage où a été impliqué Remco Evenepoel (Soudal-Quick Step) décidément peu en veine depuis le départ.
De la pente et peu d'espace : les deux rampes de fin de journée s'annonçaient périlleuses, avec de nombreux puncheurs prêts à jaillir pour se faire la malle. La Groupama-FDJ a pris la tête du peloton pour trouver les meilleures trajectoires en faveur de Romain Grégoire. Excellente initiative : au sommet de la Côte de Saint-Étienne-au-Mont, aux airs de Mur de Huy avec des passages à 15%, le Français faisait partie des survivants avec rien de moins que Tadej Pogacar (UAE-Team Emirates), déjà meilleur grimpeur, Jonas Vingegaard et Matteo Jorgenson (Visma-Lease a bike), Mathieu van der Poel (Alpecin-Deceunink) et Evenepoel.
Grâce à la bascule, des poursuivants ont recollé, à l'image de Kevin Vauquelin (Arkea-B&B Hôtels) a accéléré dans la Côte d'Outreau, avant que Vingegaard n'embraye avec Evenepoel et Pogacar dans la roue. Le Français a contré, suivi par Jorgenson puis Alexey Lutsenko (Israel - Premier Tech). Sherpa de "Pogi", Joao Almeida a fait le forcing pour ramener tout ce qui restait du peloton.
Prix dans la bordure samedi, Florian Lipowitz (RedBull-Bora hansgrohe) a servi de point de mire jusqu'à 800 mètres de la ligne. Dans le faux plat final, Julian Alaphilippe (Tudor) s'est dévoilé à 500m avant de se raviser. Présent dans l'emballage final, "Loulou" n'a rien pu faire quand van der Poel a viré en tête à 150m de la ligne. Le Néerlandais, impérial, a devancé Pogacar et Vingegaard pour remporter l'étape et ravir le Maillot Jaune à son coéquipier Jasper Philipsen.
Les puncheurs français ont été au rendez-vous : Grégoire termine 4e, Alaphilippe 5e, Valentin Paret-Peintre (Soudal-Quick Step) 7e et Vauquelin 8e.
Le classement de la 2e étape et le classement général sont à retrouver ici