Plus

Très en retrait depuis le début de saison, c'est déjà l'urgence chez KTM et Tech3

Pedro Acosta
Pedro AcostaAnusak Laowilas/NurPhoto via AFP

Annoncé comme principal rival de Ducati cette saison, KTM et son team satellite Tech3 ne répondent pas aux attentes jusqu'à présent, au point qu'une rumeur annonce déjà le départ de Pedro Acosta.

KTM n'est pas au mieux financièrement, c'est un euphémisme. Pourtant, la section MotoGP de l'écurie autrichienne nourrit des ambitions aussi bien avec ses pilotes officiels qu'avec Tech3, son team satellite. Mais après 3 weekends, le bilan en points n'est guère reluisant. Brad Binder compte 19 points, Pedro Acosta 16, tout comme Enea Bastianini, et Maverick Viñales à peine 6. Si dans le cas des Tech3, l'adaptation est logique car ni la Bestia ni Batmav n'avait encore évolué sur une KTM, l'incapacité actuelle de Binder et Acosta de se mêler durablement à la lutte est beaucoup plus embarrassante. 

KTM pessimiste

En l'espèce, outre les Ducati officielles, VR46, Gresini, mais aussi Honda et Aprilia (officielles et satellite) et Pramac-Yamaha ont au moins un pilote mieux classé au général. Sur la piste, Acosta souffle le chaud et le froid, à la fois capable de concurrencer l'armada Ducati mais aussi de finir au sol beaucoup trop régulièrement. En cause : un grip aléatoire, un avant trop sensible et des blocages de roue à répétition. Pourtant, le Tiburón de Mazarrón constate qu'il est "beaucoup plus performant que l'an dernier en qualifications" mais que, "dans les courses sprint, le grip disparaît soudainement. Quand on a du grip, on voit que c'est facile d'être performant". Mais à Austin, il a perdu l'arrière lors du Grand Prix...

La courbe de performance laisse dubitatif car KTM roule avec une mouture version 2024 censée être au point. "On roule avec la moto que l'an dernier, on roule avec la même électronique que l'an dernier", a lâché le Murcien à Sepang. Pour l'heure, il a du mal à cacher sa déception : "ce n'est clairement pas le début de championnat que je voulais, ou que quiconque qui souhaite jouer le championnat voudrait. Nous devons être réalistes et décrocher le meilleur résultat possible avec notre package, que ce soit une cinquième ou une sixième place, je pense que ce sera difficile jusqu'à Jérez". Autrement dit, fin avril. 

Binder n'est guère satisfait non plus, lui qui est un attaquant-né, ce qui nécessite de la fiabilité sur l'avant. "Mon pilotage ne fonctionne pas d'une manière vraiment fantastique avec les petits soucis que l'on a eus dans la deuxième moitié de l'année dernière et cette année jusqu'à présent", analysait-il le mois dernier. Malgré des performances intéressantes, le Sud-Africain est toujours à la limite et la douceur requise paraît antinomique : "pour les tours rapides, j'ai toujours un peu un style qui consiste à freiner vraiment fort, relâcher les freins puis garder de la vitesse en courbe, mais actuellement il faut être très doux sur l'avant parce que si j'attaque sur l'avant, je le perds"

Tech3 esquisse un sourire

Est-ce du côté d'Hervé Poncharal et Tech3 qu'il faut trouver du réconfort pour KTM ? Au Texas, Bastianini s'est montré satisfait de l'avancée des modifications opérées par son garage. "J'étais confiant pour améliorer mon rythme en course et c'est ce qu'il s'est passé, confiait-il. La course a été un peu compliquée. Avec le départ, les conditions, ce n'était pas simple. Après, j'ai roulé à mon rythme et j'ai pris beaucoup de confiance dans les quatre ou cinq derniers tours avec Maco Bezzecchi, qui était le pilote le plus rapide en piste C'est positif mais ça l'est aussi parce que j'étais en harmonie avec la moto. C'est la première fois que ça m'arrive"

Une analyse qui va de pair avec celle de son coéquipier Viñales qui, malgré un abandon lors de la sprint à Austin, a perçu une amélioration dans les performances de sa Tech3 : "ce week-end, c'est la première fois de la saison que je me suis senti rapide sur la KTM, ce qui est vraiment important pour nous. J'aurais pu finir dans le top 6 ou le top 7. Je pense qu'il faut qu'on soit satisfaits des progrès effectués". Plutôt que de forcer, il a préféré revenir au paddock pour envisager le dimanche plus sereinement : "j'ai juste commencé à avoir des vibrations à l'arrière. J'ai failli tomber deux ou trois fois, donc j'ai juste abandonné. On doit voir ce qu'il s'est passé. J'ai failli partir en highside au virage 2, puis au virage 5, donc je me suis dit 'OK, c'est comme ça Maverick, ramène la moto en un morceau et on essaiera de nouveau demain'.".

Il partait de loin. Car jusqu'à présent, ses commentaires étaient acerbes concernant sa monture. "On ne trouve pas la direction à prendre. On change beaucoup les réglages, à chaque séance, et la meilleure solution n'est jamais claire", se lamentait-il après le GP d'Argentine. On continue à retoucher la moto, encore et encore, les sensations sont nouvelles à chaque séance et jamais bonnes. Donc maintenant je vais essayer de trouver de la constance et de toucher aux limites de la moto. On est toujours perdus, sincèrement, sur ce qui est le mieux. Cela va demander du temps et du travail. Je sais très bien que ça viendra tout à coup. J'ai déjà vécu ça, ça prend du temps et il ne faut jamais renoncer, toujours essayer de rester concentré"

Au sortir du GP des Amériques, là où il avait triomphé en 2024 avec l'Aprilia officielle, "Batmav" a estimé que Tech3 avait "le niveau pour le top 5" et que son équipe devait "continuer à y croire et le Qatar est une belle piste. Je pense que nous pouvons le faire". 

Pour KTM et Tech3, il y a déjà un besoin absolu d'améliorations à valider au Qatar. Une accolade entre Paolo Campinoti, le patron de Pramac, et Acosta à Austin a mis le feu au moulin à rumeurs : l'Espagnol pourrait déjà envisager un départ, quitte à retourner dans un team satellite, quitte à aller chez Yahama et donc quitte à passer sur une 4 cylindres plutôt qu'un V4.