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Tout l'Olympique de Marseille a besoin d'une sérieuse cure de modestie pour enfin avancer

Samuel Gigot et Chancel Mbemba au Parc
Samuel Gigot et Chancel Mbemba au ParcProfimedia
Club qui vit dans le culte d'une victoire européenne vieille de 30 ans, l'OM est revenu du Parc des Princes avec une lourde défaite (4-0). Mais au-delà du résultat, c'est la copie rendue contre le PSG qui laisse pantois. Sans identité de jeu et sans leaders, le club se persuade qu'il est toujours au firmament alors qu'il ne parvient pas à se mobiliser pour le déplacement le plus important de l'année.

L'Olympique de Marseille est un club prétentieux. Que cela soit chez ses supporters ou chez ses joueurs, le niveau supposé est totalement surévalué. Cela se vérifie à chaque venue au Parc des Princes. Alors que des équipes bien moins puissantes économiquement parviennent à faire déjouer l'ogre parisien, les Phocéens, eux, viennent en victimes expiatoires, oubliant toute notion d'ambition footballistique. La dernière victoire fut un 1-0 laborieux (voire carrément immonde) dans un stade vide, après avoir blindé pendant plus de 90 minutes. C'était il y a 3 ans. D'entraîneur en entraîneur, l'OM monte à Paris pour ne rien proposer, convaincu que son style ne suffira pas. Alors l'OM ne tente rien et repart avec une défaite. Mais quitte à prendre 4-0, qui a-t-il de risqué à essayer ? 

Les autres ne suffisent pas à inspirer

La fin de saison dernière a été marquée par quatre revers du Paris Saint-Germain au Parc des Princes. Rennes (3-1), Lyon (1-0), Lorient (3-1) et Clermont (3-2) sont venus gagner à la capitale et sans l'expulsion précoce de Salis Abdul Samed, peut-être que Lens aurait pu réaliser la même performance (3-1). Lille était passé proche d'un succès avant que Kylian Mbappé et Lionel Messi ne s'en mêlent dans les dernières minutes (4-3), tout comme Strasbourg après le Mondial (2-1). Cette saison, Lorient lors de la 1re journée a pris un point (0-0) et Nice l'a emporté (3-2) une semaine avant que les Olympiens ne viennent se faire rosser. 

Près de la moitié de la Ligue 1 a été citée. Mais pas l'OM. Comme toujours, les Phocéens ont déjoué et n'ont rien proposé. Le contexte n'excuse pas tout. D'autres équipes parviennent à gagner avec leur identité de jeu ou, à tout le moins, essaient de le faire. Dimanche soir, outre la proposition tactique aberrante de Jacques Abardonado, ses joueurs n'ont absolument rien donné. Dans le jeu, c'était à craindre. Dans l'engagement, peut-être un peu moins. Mais cela fait écho aux reproches de Marcelino qui constatait l'évidence : cette équipe pâtit de nombreuses lacunes tactiques et d'une faillite d'engagement. Pourtant, le 4-4-2 à plat n'est assurément pas le système de jeu le plus complexe à assimiler... 

Chacun face à ses responsabilités

Après la démission de l'Asturien qui était critiqué sans avoir même eu le temps de bâtir une identité de jeu comme il a réussi à le faire en Espagne, les joueurs étaient face à leurs responsabilités. Le match nul (3-3) sur la pelouse de l'Ajax en Ligue Europa a été analysé avec beaucoup trop d'empathie. Une méthode Coué qui omettait qu'avec une moyenne d'âge sous les 23 ans, l'Ajax est une équipe très expérimentée qui a mené 2-0 et 3-2. En championnat, le monument batave en avait encaissé 3 contre Twente (3-1) le weekend précédent et en a repris 3 contre Feyenoord dimanche après-midi avant que le match ne soit interrompu par des jets de fumigènes (3-0). Comme prévu, contre une équipe bien plus forte, l'OM a sombré. Et comme à Lyon (4-1), le PSG n'a pas forcé son talent en 2e période une fois que Gonçalo Ramos a inscrit le 3e but en début de 2e période. 

Abardonado a payé son inexpérience au prix fort
Abardonado a payé son inexpérience au prix fortAFP

Les responsables des groupes de supporters ont qualifié Marcelino d'entraîneur de DH : on ne sait pas ce qu'il aurait pu faire mais, en attendant, les joueurs, eux, n'ont pas changé et ce sont eux qui ont servi de sparring-partners au champion de France qui n'a même pas eu besoin de Mbappé pour se promener. Tactiquement, Abardonnado s'est renié dès son 2e match, privilégiant une défense à 5 et une équipe recroquevillée quand il avait affirmé qu'il voulait une équipe qui aille de l'avant. Novice, il a été lâché dans l'adversité et son faciès en conférence de presse d'après-match en disait long. 

C'est là que le recrutement de Pablo Longoria et Javier Ribalta est sujet à caution. Il n'y a aucun leader sur la pelouse. Les joueurs réclamés à cors et à cris comme Azzedine Ounahi en première période et Amine Harit en seconde n'ont pas amené tout ce qui était espéré d'eux. Comme face à Toulouse, les entrants ont disparu. Les supposés cadres, par leur expérience et leur salaire, ont été fantomatiques. Le maillot olympien est-il trop lourd pour tout le club ? Incapable de se forger une identité sans se référer aux vieilles lunes des années 90, Marseille vit dans un passé révolu et s'y complaît. Treize ans après le dernier titre de champion de France, l'OM n'est plus qu'un club de deuxième, voire de troisième division européenne. Une fois que cet état de fait sera accepté, peut-être pourra-t-il avancer. Une cure de modestie est plus que jamais impérieuse, à tous les niveaux.