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10 ans que le pavillon américain n'a pas flotté aux Internationaux de France. Lors d'une saison 2015 exceptionnelle, Serena Williams remportait Roland-Garros pour la troisième fois en dominant Lucie Šafářová en finale. L'Américaine était alors au zénith, au cœur d'une série de quatre tournois majeurs d'affilée, et allait rater de peu le Grand Chelem calendaire. À ce moment-là, le tennis américain, malmené chez les hommes, pouvait se montrer triomphant.
Dix ans plus tard, la Reine attend sa successeuse. À Roland-Garros, certes, puisque Serena est la seule Américaine à y avoir triomphé depuis 2001. Mais surtout, plus globalement, à la tête du tennis américain. Car si elle est désormais n°2 mondiale, Coco Gauff n'a pas encore le palmarès et la domination qu'on lui prédisait. Pas encore...

Car on parle justement de celle qui a été annoncée comme "la prochaine Serena Williams" depuis sa plus tendre enfance. Une starisation à outrance comme les Américains seuls savent faire, mais qui ne l'a jamais vraiment atteinte. Quand en 2019, âgée de 15 ans à peine, elle faisait son entrée par la grande porte en sortant... Venus Williams à Wimbledon, la surprise était toute relative.
Mais la surprise devait laisser place à une ascension vers les sommets. Il ne lui faudra d'ailleurs seulement trois mois pour remporter son premier titre WTA. Néanmoins, après l'interruption due au Covid, il a été difficile de se remettre en marche. Mais, et beaucoup semblent l'oublier, son véritable acte de naissance a été signé ici, à Roland-Garros, en 2022.
Un parcours de patronne vers la finale, sa première en Grand Chelem, avant de tomber sur celle qui allait devenir son cauchemar parisien : Iga Świątek, puisque la Polonaise est celle qui l'a dominée sur les trois dernières éditions de Roland-Garros. Mais un run vers la finale qui a démontré que l'Américaine était prête pour le grand défi : devenir la nouvelle Reine.
La finale, l'entrée dans le Top 10, qu'elle n'a plus quitté depuis : cette fois, c'était certain, la relève de Serena Williams était sous nos yeux. Trois ans plus tard, est-ce la réalité ? Coco Gauff a remporté un Grand Chelem, à domicile, lors de l'US Open 2023 pour marquer pour de bon son entrée dans le gotha. Récemment, elle a remporté les WTA Finals, et siège désormais à la deuxième place mondiale. Mais le monde du tennis est exigeant, et ne reconnaîtra pas cet état de fait avant qu'elle ne soit n°1.
Problème, ce n'est sans doute pas pour tout de suite. D'abord parce qu'Aryna Sabalenka, même si elle perd cette finale, conservera près de 3.500 points d'avance en tête du classement. Mais aussi parce que malgré sa régularité, elle a perdu un peu de crédit récemment. Jusqu'à un mois en arrière, Roland-Garros 2022 était sa seule défaite en finale en carrière. Mais cette tournée sur terre battue, prolifique en termes de victoires et de points gagnés, a débouché sur deux défaites en finales de WTA 1000.
Que ce soit contre... Aryna Sabalenka à Madrid, ou face à Jasmine Paolini à Rome, l'Américaine a semblé avoir égaré ce "killer instinct" qui faisait d'elle une terreur des finales. On l'avait vu en mondovision lors de la finale de l'US Open 2023, quand elle n'avait aucunement paniqué après avoir perdu le premier set contre la Biélorusse, ou encore lors des WTA Finals l'année dernière, lorsqu'elle avait remporté un combat homérique de plus de trois heures pour terrasser Qinwen Zheng. De quoi nourrir sa réputation.
Néanmoins, avant de penser à la première place mondiale, encore faut-il être indiscutable dans son propre pays. Et on touche là un sujet brûlant. Car sur un point strictement comptable, Coco Gauff compte autant de titres en Grand Chelem que Madison Keys, Sofia Kenin, ou même Sloane Stephens ! On force le trait, bien évidemment, mais le fait est qu'avec en plus une Jessica Pegula sur ses talons au classement mondial, la question doit être posée.
Car l'an dernier, Pegula a enchaîné titre au WTA 1000 de Toronto / finale au WTA 1000 de Cincinnati / finale à l'US Open (battue par Sabalenka dans les deux cas) est se voit désormais n°3 mondiale. À l'Open d'Australie 2025, c'est Madison Keys qui a déjoué tous les pronostics pour enfin triompher en Grand Chelem. Et on ne parle même pas d'une certaine Emma Navarro, désormais Top 10 après avoir enchaîné quatre quarts de finale d'affilée en Grand Chelem, et mis fin avec fracas à la défense du titre de Gauff à l'US Open. Sans oublier Amanda Anisimova, lauréate en WTA 1000 à Doha cet hiver, et d'autres valeurs montantes comme Ashlyn Krueger ou Peyton Stearns...

Entre le premier et le dernier des 23 titres du Grand Chelem de Serena Williams, il s'est écoulé plus de 17 ans. Dans cet intervalle, seules deux Américaines ont triomphé en Grand Chelem : Venus Williams et Jennifer Capriati. Et aucune après 2008. Il n'y avait aucun doute, étant prophète en son pays, la cadette des sœurs Williams pouvait briguer sans crainte le titre de Reine du monde.
C'est probablement le plus gros enjeu de cette finale parisienne pour Coco Gauff. Avec un deuxième Grand Chelem en carrière, il n'y aurait plus de doute quant à savoir qui est la meilleure joueuse américaine. Elle se positionnerait en rivale n°1 officielle d'Aryna Sabalenka pour la première place mondiale. Elle pourrait aborder la tournée sur gazon puis celle sur dur, dans lesquelles elle n'a finalement pas énormément de points à défendre, avec un élan ravageur pour mettre la pression sur la Biélorusse. Mais pour cela, elle va devoir se montrer impitoyable.
Il n'y a pas grand-chose à exploiter sur son bilan en confrontation avec Sabalenka : 5-5, dont 1-1 sur terre battue. On se doute aisément que la partie sera serrée, probablement en trois sets, et se jouera sur des détails. Mais pour Gauff, c'est sans doute plus qu'un titre qui se joue : c'est un héritage. On ne lui demande sans doute pas de monter à 23 titres en Grand Chelem pour se prétendre l'héritière de Serena. Mais de gagner quand ça compte. Et celui-ci pourrait bien compter double...