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Peyton Stearns, une nouvelle star américaine prête à tout rafler sur le circuit WTA

Peyton Stearns prête à tout casser.
Peyton Stearns prête à tout casser.PIERO CRUCIATTI / AFP

Le tennis féminin américain ne manque pas de talents, mais Peyton Stearns vient en rajouter. Demi-finaliste au WTA 1000 de Rome, elle marque enfin sa progression à haut niveau, et ce n'est sans doute que le début.

L'an dernier, Flashscore France avait misé sur Emma Navarro comme une joueuse à suivre sur le circuit WTA. Logique après un début de saison de qualité, mais l'Américaine n'avait montré qu'un infime pourcentage de son talent. Elle a ensuite enchaîné quart à Wimbledon, demie à l'US Open et quart à l'Open d'Australie pour intégrer le Top 10. Un bon choix. 

À ce sujet - Emma Navarro, la nouvelle sensation américaine qui déferle sur le circuit WTA

C'est cette fois le moment de se pencher sur une autre Américaine : Peyton Stearns. Un choix assez évident compte tenu de son parcours vers la demi-finale qu'elle disputera aujourd'hui au WTA 1000 de Rome contre l'idole locale Jasmine Paolini. Mais surtout, encore une confirmation de la capacité incroyable des USA à sortir régulièrement des joueuses de talent. 

Ce n'est pas un hasard si on retrouve quatre Américaines dans le Top 10 actuellement (Coco Gauff, Jessica Pegula, Madison Keys et donc Navarro). Pendant longtemps, trop longtemps, les États-Unis n'avaient pas à s'en faire, puisqu'ils avaient Serena Williams. Avec 23 tournois du Grand Chelem au compteur, la Reine apportait son lot de succès à un pays habitué à être triomphant (à fortiori si on rajoute les 7 de son aînée Venus Williams). 

Sauf que les sœurs Williams sont parties, et il a fallu se réinventer. Alors, les USA ont favorisé l'éclosion de tous types de joueuses. Des jeunes starlettes comme Gauff, des joueuses à floraison tardive comme Pegula, mais surtout, le réservoir NCAA commence enfin à porter ses fruits. Car le tennis en université est une discipline compliquée en terme d'existence face aux sports rois, et avec, comme au basket par exemple, l'émergence des internationaux, sortir vainqueur du championnat universitaire est une lutte. C'est pourtant ce qu'ont réussi à faire Emma Navarro (2021) et Peyton Stearns (2022), un prélude à une éclosion sur le circuit WTA en assez peu de temps finalement. 

Mais elle est allée apprendre à la dure, sur le circuit ITF. Là où chaque match est une bataille encore plus que sur le circuit WTA. Elle a rapidement enchaîné les titres, et quand en février 2023, elle est allée chercher son cinquième, un W60 en Géorgie (à Rome, ça ne s'invente pas), l'heure était venue de se lancer à plein temps sur le circuit WTA. 

Un mois plus tard, elle était déjà finaliste d'un WTA 250 à Bogota. En battant au passage l'ancienne demi-finaliste de Roland-Garros Tamara Zidanšek. Mais, encore trop verte, elle allait céder contre la vétérane Tatjana Maria, au jeu si particulier, capable de faire déjouer n'importe quelle joueuse. Néanmoins, on sentait poindre l'émergence d'un grand talent. 

Un grand service, un grand coup droit, une belle patience dans ses coups. Stearns a le sens du jeu, et ce n'est pas un hasard si elle est à l'aise sur la terre battue, puisqu'elle est capable de varier parfaitement son jeu. Mais si on doit mettre en avant un domaine, il faut parler de sa résilience et de son incroyable résistance physique. 

L'an dernier, elle a remporté son tout premier (et seul à ce jour) titre WTA, lors du WTA 250 de Rabat... sur terre battue. Le tout après un quart de finale de 2 heures 50 et une demi-finale de 3h18 ! Mais elle a franchi un cap cette semaine à Rome en réalisant une performance inédite sur le circuit WTA. Des 16ᵉ aux quarts, elle a dominé Madison Keys, Naomi Osaka et Elina Svitolina, mais surtout, elle est devenue la première joueuse de l'histoire à remporter trois matchs d'affilée au tiebreak du troisième set dans l'Ère Open ! 

Une sacrée guerrière.
Une sacrée guerrière.AFP / EnetPulse

Trois victoires contre trois taulières du circuit WTA, en se montrant parfaite dans le money time : visiblement, la leçon a été bien apprise par l'Américaine. Alors, pourquoi deux ans entre cette première finale et ce premier résultat d'envergure dans un tournoi de très haut niveau ? Son année 2024, malgré donc ce premier titre au Maroc, a été de bien piètre qualité. 

Deux éliminations au premier tour en quatre tournois du Grand Chelem, 25 victoires pour 23 défaites au total, et hormis ce titre et un quart de finale au WTA 1000 de Toronto, pas grand chose à se mettre sous la dent. Le jeu ne se mettait pas en place, trop de fautes, pas assez de confiance. Un point soulevé lors du dernier Open d'Australie, là où elle a subi une incroyable défaite... après 3h22 de combat... contre Emma Navarro... ! 

Le tout après avoir mené 5-3 dans la dernière manche et servi pour le match, avant de perdre quatre jeux d'affilée et le match. Un match dans lequel elle avait commis pas moins de 57 fautes directes (avec les 59 de Navarro, on vous laisse imaginer le match). Elle était passée proche de cette victoire référence contre une Top 10, qui allait enfin arriver le mois suivant contre Qinwen Zheng à Dubaï. 

Mais visiblement, ce qu'elle préfère, c'est la terre battue rouge. Après une tournée américaine sur dur incroyablement décevante, elle revit sur la brique. À Madrid, un 8ᵉ de finale pour n'être stoppée que par Aryna Sabalenka elle-même. Et donc, ce parcours empreint de résilience à Rome, pour une première demi-finale en WTA 1000 qui l'attend face à Jasmine Paolini, une des nouvelles références du circuit WTA. 

Une nouvelle fois, ce sera une opposition de styles. Mais qu'importe, le tournoi est déjà réussi, et l'Américaine sera au pire 26ᵉ mondiale lundi (23ᵉ en cas de finale, 18ᵉ en cas de titre). La progression est enfin matérialisée de façon comptable. À 23 ans, Peyton Stearns est au bord de l'explosion, et au vu des qualités entraperçues, elle pourrait bien créer la surprise et devenir la nouvelle Américaine à suivre. Roland-Garros sera le juge de paix pour elle, et si elle garde cette dynamique, attention à la surprise Porte d'Auteuil...