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Le Sunshine Double, théâtre du prochain grand titre d'Elena Rybakina ?

Elena Rybakina de retour au premier plan ?
Elena Rybakina de retour au premier plan ?MATTHEW STOCKMAN / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Getty Images via AFP

Après les remous autour de son entraîneur, Elena Rybakina doit lancer sa saison, et le Sunshine Double, où elle a souvent brillé, s'annonce comme l'occasion idéale de garnir son palmarès. Mais la Kazakhstanaise en est-elle capable ?

Si Elena Rybakina a fait parler d'elle en ce début de saison, ce n'est pas pour ses performances sur les courts. Deux demi-finales à Abu Dhabi et Dubaï, un 8e de finale à l'Open d'Australie, et c'est à peu près tout. Pas déshonorant, mais pas à la hauteur de son statut de Top 10. Non, le problème est venu d'une histoire nébuleuse autour de son entraîneur, Stefano Vukov

Il s'agit là du coach qui a fait de Rybakina ce qu'elle est aujourd'hui : l'une des meilleures joueuses du monde. Sous sa férule, elle a remporté un Grand Chelem, Wimbledon 2022, deux WTA 1000, et elle est montée jusqu'à la troisième place mondiale. Mais voilà, juste avant le dernier US Open (dans lequel elle déclarera forfait avant le 2e tour), la nouvelle de leur séparation tombait, avant d'autres informations bien moins entrainantes. 

Emprise, relation amoureuse consentie ou non, harcèlement : suffisant pour que la WTA ouvre une enquête, pendant que Rybakina embauchait Goran Ivanišević comme coach. Mais en début de saison, elle réembauchait Vukov dans son équipe, avant que la WTA ne prononce une suspension pour ce dernier... dès le lendemain. Une suspension confirmée ensuite pour un an. Depuis, Ivanišević est parti, Davide Sanguinetti, ancien entraîneur notamment de Dinara Safina, est arrivé, et Vukov est interdit de s'aventurer sur les tournois, mais reste membre officieux de l'équipe. Et c'est tout... pour le moment. 

On laissera le soin aux autorités de juger s'il s'agit d'un Syndrome de Stockholm ou d'une relation amoureuse tumultueuse, mais il est clair qu'on n'a pas fini d'entendre parler de cette histoire. Malgré tous ces remous, elle est toujours 7e mondiale à l'instant T, mais cela pourrait changer dans les semaines à venir, à l'occasion du fameux Sunshine Double.

Une phase de la saison qu'elle apprécie sans nul doute. C'est à Indian Wells qu'elle a remporté le premier de ses deux titres en WTA 1000 en 2023, en tapant et Iga Świątek et Aryna Sabalenka sur ses deux derniers matchs. Quant à Miami, elle y est tout simplement double finaliste en titre. Pas de surprise pour une joueuse dans sa filière de jeu, le dur est la surface idéale. 

Mais chez Rybakina, la confiance est une valeur étalon. Et ce sacre à Indian Wells en 2023 en était la preuve. La première balle passe sans souci, permet d'avancer dans le court en sérénité, et la sauve de quelques soucis dans les moments chauds. Gagnant en confiance, elle était sortie victorieuse d'un tiebreak à rallonge en finale contre Sabalenka, et avait fait pencher le match de son côté.

Et l'on se demande alors si on a revu la Kazakhstanaise jouer avec un tel niveau de confiance depuis cette période. Même si elle avait cédé en finale de Miami contre une Petra Kvitová en état de grâce sur ce tournoi, avec cette finale, ce titre à Indian Wells et cette autre finale pour débuter l'année à l'Open d'Australie, elle était à l'instant T la meilleure joueuse du monde. Une confiance qu'elle avait exporté ensuite sur terre battue pour remporter un deuxième WTA 1000 à Rome, sur terre battue. 

Problème, il s'agit de son dernier titre d'envergure. Si elle a gagné trois tournois WTA 500 sur les quatre premiers mois de l'année 2024 - qui justifient à eux seuls son classement actuel, en plus donc de la finale de Miami - cette confiance lui a fait défaut dans les moments importants. En Floride donc, puis en demie du WTA 1000 de Madrid, lors d'une défaite à l'arraché contre Sabalenka, son service l'ayant parfois abandonné, ainsi qu'en quarts à Roland-Garros face à la tornade Jasmine Paolini

Mais surtout, à Wimbledon. Là où elle a gagné son plus grand titre en carrière. Arrivée en quarts de finale, les principales têtes d'affiche avaient disparu, et elle devenait archi-favorite en raison de son niveau et son statut d'ancienne lauréate. Pourtant, elle allait se laisser entraîner dans une bataille rangée par Barbora Krejčíková, et finalement perdre une demi-finale qu'elle aura eue largement en mains. 

Depuis ? L'extra-sportif a pris le pas sur le reste, et ces deux demi-finales de début de saison sont ses meilleurs résultats. Plus une finale, plus un titre. Peu de défaites déshonorantes, certes, mais elle ne dégage plus cette aisance, cette puissance, cette maîtrise de son jeu et de son service pour se sortir de situations compliquées. En tout cas, c'était vrai jusqu'à son dernier tournoi.

Le WTA 1000 de Dubaï a offert un des matchs de la saison, et la Kazakhstanaise en a fait partie. On a retrouvé le calme olympien de Rybakina, face à la revenante Paula Badosa. Près de trois heures de bataille, pas moins de six (!) balles de match sauvées, avant une victoire au tiebreak du troisième set. Le tout en ayant maîtrisé ses émotions, un fait qui a été maintes fois discuté, mais qui fait d'elle une meilleure joueuse. 

Là encore, elle a été ramenée à la raison par une tornade, cette fois nommée Mirra Andreeva. Mais en termes de niveau de jeu, de qualité de service, de "self control", cette version de Rybakina s'est rapprochée de ce qu'on connaît de meilleur de cette fantastique joueuse. Suffisant pour faire renaître l'espoir de la voir réellement être une favorite sur tous ses tournois, et pas la première outsider. 

Avec un tableau dégagé, sans réel danger avant de croiser potentiellement Jessica Pegula en quarts (sauf si l'imprévisible Jelena Ostapenko fait des siennes), et peut-être un duel avec Iga Świątek en demies, toujours le meilleur moyen de vérifier le niveau d'une joueuse. À 25 ans, Elena Rybakina a encore le temps, mais au vu de son niveau réel et de son potentiel, il serait regrettable qu'elle n'engrange pas plus de grands titres. Le Sunshine Double, elle en est capable, et on miserait bien sur une renaissance aux États-Unis. Réponse à partir de ce soir, puisqu'elle entamera son tournoi en 32e de finale contre Suzan Lamens. Sans doute le début d'un parcours homérique.