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C'est assez incroyable : l'an dernier, Iga Świątek remportait son quatrième titre à Roland-Garros (après avoir sauvé une balle de match dès le deuxième tour), et son troisième d'affilée, une performance réalisée uniquement par Justine Hénin et Monica Seles dans l'Ère Open. La Polonaise était alors l'incontestable n°1 mondiale et au zénith de son tennis sur sa surface préférée, après un monstrueux triplé Madrid - Rome - Paris.
12 mois plus tard, elle n'a pas remporté d'autre titre, ni disputé d'autres finales. Une anomalie, voire une hérésie. On semble retrouver la Iga de 2021, qui ne parvenait pas à gérer ses émotions, et les conséquences sont fortes : la voilà sorti du Top 3 pour la première fois depuis mars 2022. Et en cas de conjoncture défavorable Porte d'Auteuil, elle pourrait carrément sortir du Top 10 ! Prononcer cette phrase un an en arrière relevait de la folie pure.
Et si tout avait finalement commencé... à Roland-Garros ? Pas durant le Grand Chelem, mais pendant les Jeux Olympiques de Paris ? En tant que meilleure joueuse de terre battue du monde, la Polonaise était l'archifavorite pour aller chercher la médaille d'or. Mais contre toute attente, elle a été proprement battue par Qinwen Zheng en demi-finales, et repartait avec du bronze. Le début des ennuis ?
Le deuxième coup dur a eu lieu peu après à l'US Open, où elle a été purement surclassée par Jessica Pegula en quarts de finale. Mais ce qui a fait sans doute le plus mal, c'est le dernier Open d'Australie. Désireuse de regagner sur dur, et avec une finale contre sa meilleure ennemie Aryna Sabalenka qui lui tendait les bras, la Polonaise était en mode bulldozer avec 14 jeux perdus en cinq matchs !
Mais contre tout attente, elle a chu en demi-finales contre Madison Keys. Certes, l'Américaine a montré qu'il ne s'agissait pas d'un coup de chance en tapant ensuite la Biélorusse pour enfin ouvrir son palmarès en Grand Chelem. Mais cette défaite au bout du tiebreak du troisième set, en ayant gâché une balle de match, a finalement conditionné la suite de la saison d'Iga Świątek.
Depuis ? Une demi-finale à Doha, dans laquelle elle s'est fait rouler dessus par Jelena Ostapenko, montrant une facette de frustration que l'on croyait enfouie. Deux défaites d'affilée contre la nouvelle star Mirra Andreeva, puis un naufrage à Miami contre la qualifiée Alexandra Eala. Une nouvelle défaite contre Ostapenko à Stuttgart (elle est menée 6-0 contre la Lettone), une déroute contre Coco Gauff en demie à Madrid (elle n'a marqué que deux jeux), et une défaite au troisième tour à Rome contre Danielle Collins.
Le résultat d'une crise de confiance ? En tout cas, les conséquences au classement sont terribles, puisqu'elle sera tête de série n°5 pour défendre son titre. Résultat, son tirage au sort s'apparente à un parcours du combattant : Emma Raducanu au deuxième tour, Marta Kostyuk au troisième, Elena Rybakina ou Ostapenko en 8èmes, Jasmine Paolini en quarts, Aryna Sabalenka en demie et Coco Gauff en finale si la hiérarchie est respectée.
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Accomplir le triplé dans ces conditions serait un exploit de très haut niveau. Mais en est-elle capable ? Comme pré-cité, on revoit la Iga Świątek qu'on voyait en 2021. L'année d'après sa révélation, quand elle avait été incapable de confirmer sa victoire surprise à Roland-Garros 2020. Une autre époque, sa seule saison sur les six dernières sans ne serait-ce qu'une demi-finale en Grand Chelem.
Mais surtout une saison où sa fragilité et son côté "à fleur de peau" avait explosé de nombreuses fois, notamment à l'US Open, lors d'un 8ème de finale à sa portée mais perdu contre Belinda Bencic. On le sait, la Polonaise avait travaillé avec un préparateur mental à l'issue de cette saison, ce qui lui avait permis d'enchaîner notamment 35 victoires d'affilée, de devenir n°1 mondiale, et d'avoir la carrière que l'on connaît.
Est-ce une raison suffisante pour justifier cette énorme baisse de régime ? Il y a bien évidemment un sujet dont on n'a pas parlé : cette affaire de dopage. Fin novembre 2024, était révélé que la Polonaise avait été contrôlée positive à la Trimetazidine. Comme pour Sinner, la sanction (un mois de suspension) avait été négociée et exécutée dans le feutré, et tout avait été révélé une fois l'affaire terminée.
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Mais le poids lourd de la suspicion, lui, ne disparait jamais vraiment. Et à plusieurs reprises, la Polonaise a manifesté que le regard des autres avait changé. Difficile de croire que la meilleure joueuse de la décennie 2020 s'est dopée intentionnellement sans en tirer un quelconque avantage. L'affaire est classée, place à la suite, mais visiblement, elle a du mal à tourner la page.
D'autant que dans le même temps, elle s'est séparée de son entraîneur Tomasz Wiktorowski, celui qui l'avait accompagnée vers la place de n°1 mondiale. Relation de cause à effets ? Possible. En attendant, elle fait équipe avec Wim Fissette, qui a entraîné pas moins de cinq n°1 mondiales. Mais sans résultat jusqu'ici.
Beaucoup trop à gérer pour une jeune fille de 23 ans ? L'âge est un facteur, comme toujours, et les succès passés n'empêcheront jamais les difficultés présentes. Iga Świątek est sans doute face au plus grand défi de sa carrière. Gagner, elle sait faire. Mais gagner dans des circonstances défavorables, avec en plus une concurrence toujours plus forte ? Si elle y parvient, ce sera une énorme pierre de plus pour sa légende. La quinzaine s'annonce fabuleuse.