Tous les résultats tennis sur Flashscore
La finale du WTA 1000 de Pékin amenait son lot de surprise. Certes, y retrouver la finaliste malheureuse de Wimbledon et de l'US Open Amanda Anisimova était assez logique, mais en face, voir Linda Nosková n'était clairement pas attendu, rapport au tableau initial, puisque hormis Aryna Sabalenka, toutes les meilleures du monde étaient présentes.
À lire aussi - Amanda Anisimova a le dernier mot contre Linda Nosková et remporte le WTA 1000 de Pékin
La Tchèque a fini par rendre les armes après une finale d'une qualité parfois inégale, et n'a donc pas remporté son deuxième et plus grand titre en carrière. Mais ce parcours lui a offert un autre cadeau : une entrée attendue dans le Top 20, avec une 17ème place. Pourtant, elle semble loin de son maximum.
Star chez les juniors, un critère abscons
Linda Nosková, c'est une joueuse qui s'est révélée en remportant Roland-Garros juniors en 2021. À l'époque, on voyait poindre une future star : service puissant, grand coup droit, bonne tenue à l'échange, jeu résolument offensif, toute la palette pour faire le spectacle.
Problème : remporter un Grand Chelem chez les juniors n'apporte aucune assurance de faire une grande carrière. Sur les dix dernières années, chez les lauréates juniors, seules Amanda Anisimova, Coco Gauff et Iga Świątek ont remporté un Grand Chelem et / ou figuré dans le Top 10. Certains diraient même que triompher chez les juniors rajoute un surcroit de pression que peu de joueuses sont capables de dompter.
Pour aller plus loin, elles ne sont que 8 au XXIe siècle à avoir gagné un Grand Chelem chez les juniors puis chez les séniors : Marion Bartoli, Victoria Azarenka, Caroline Wozniacki, Simona Halep, Ashleigh Barty, Jeļena Ostapenko, Coco Gauff et Iga Świątek. Certaines joueuses ont parfois gagné deux Grands Chelems chez les juniors, comme Agnieszka Radwańska, Belinda Bencic ou Anastasia Pavlyuchenkova (c'était même trois pour cette dernière), mais malgré une belle carrière, elles n'ont jamais raflé de titre suprême.
En intégrant le Top 20 un peu plus de quatre ans après son sacre chez les juniors, Linda Nosková semble tout à fait dans la norme. Mais les espoirs sont repartis à la hausse avec cette performance chinoise, et cela pourrait encore être pire si elle venait à enchaîner sur le dernier WTA 1000 à Wuhan.
Déjà des performances marquantes
Mais si Linda Nosková est si attendue, c'est parce qu'elle avait déjà donné un énorme aperçu de son immense potentiel. Et mine de rien, c'était déjà voilà presque trois ans. Premier tournoi de la saison 2023, à Adélaïde, et premier coup d'éclat, elle atteint la finale en sortant la n°2 mondiale de l'époque, Ons Jabeur.
Déjà, à ce moment-là, on pouvait admirer son talent, notamment un enchaînement service - premier coup de raquette souvent létal. Et il avait fallu Aryna Sabalenka pour la stopper en finale. En sachant que la Tunisienne venait de faire une finale à l'US Open et que la Biélorusse allait remporter pour la première fois l'Open d'Australie trois semaines plus tard, cela montre l'ampleur de la performance.
Mais confirmer, cela reste toujours le plus dur. La preuve en est, si cette performance lui avait permis de monter rapidement au classement, elle s'était ramassée quelques jours plus tard lors des qualifications pour l'Open d'Australie contre la modeste Katherine Sebov. Alors certes, elle allait atteindre la finale du Livesport Open, WTA 250, mais le tableau était franchement trop dégagé pour y prêter attention. Ironie de l'histoire, c'est en Australie, un an plus tard, qu'elle allait signer son véritable acte de naissance.
Elle atteignait sa deuxième finale WTA à Brisbane, battue par Elena Rybakina, mais sans réelle performance sur son parcours (la Mirra Andreeva qu'elle avait battu en demi-finale n'était pas encore la coupeuse de tête d'aujourd'hui). Mais surtout, lors du troisième tour de l'Open d'Australie 2024, la Tchèque avait battu nulle autre que Iga Świątek.
La Polonaise était n°1 mondiale, mais avait succombé aux 35 coups gagnants et 10 aces de Linda Nosková, qui allait se glisser jusqu'en quarts de finale. Une victoire qui devait lancer sa carrière, et dans l'absolu, ce fut le cas, puisqu'elle a fini par remporter son premier titre en août de la même année, en WTA 500 à Monterrey, mais globalement, dans les grands tournois, ce fut loin d'être le cas.
Une suite radieuse ?
En effet, depuis ce quart de finale, elle n'a atteint qu'une seule fois la deuxième semaine en Grand Chelem : lors du dernier Wimbledon, où elle a été sortie en huitièmes par... Amanda Anisimova. Pire, sur les sept tournois majeurs disputés depuis, elle a été battue trois fois au premier tour !
Et en WTA 1000, ce n'est pas mieux : avant cette finale chinoise, Linda Nosková ne pouvait s'enorgueillir que d'un quart de finale en début de saison à Dubaï. Mais ce parcours à Pékin semble avoir marqué un vrai cap de plus, outre l'entrée dans le Top 20. Première finale en WTA 1000 donc, et première fois qu'elle domine deux Top 10 (Qinwen Zheng et Jessica Pegula) dans le même tournoi.
Le match contre l'Américaine est d'ailleurs celui sur lequel elle peut construire. Par le scénario, bien entendu, puisqu'elle a sauvé trois balles de match avant de s'imposer. Mais surtout, Pegula est une référence sur dur, lauréate en Masters 1000, finaliste de l'US Open 2024, et réussir à passer un tel obstacle contre une joueuse en pleine possession de ses moyens est une performance qui peut dater.
Certes, elle a fini par rendre les armes en finale. Mais pour sa première à ce niveau, après avoir pris 6-0 dans le premier set, on en connaît plus d'une qui se seraient effondrées - Anisimova elle-même en sait quelque chose. Après match, malgré cette défaite, elle ne cachait pas sa satisfaction. "Ces deux semaines ont été tout simplement géniales. Je ne pensais vraiment pas venir ici en pensant disputer une finale. C'était une belle surprise. Un tournoi absolument formidable pour ma carrière."
Sauf que voilà qu'arrive le plus dur : il faut confirmer, et en plus exorciser quelques vieux démons. Au premier tour du dernier WTA 1000 de la saison, à Wuhan, elle affrontera une vieille connaissance, Yulia Putintseva. Après avoir remporté son premier - et unique à ce jour - titre WTA, elle avait croisé la route de la Kazakhstanaise au premier tour de l'US Open et en avait été pour ses frais avec une défaite en deux sets. Elle va la recroiser après une nouvelle performance marquante, saura-t-elle assumer et proposer un résultat différent ?
Néanmoins, comme pour beaucoup, le vrai défi est celui de la régularité. 8 défaites au premier tour en 2025, ce n'est pas digne d'une Top 20. Ce n'est pas qu'une histoire de titres gagnés, c'est un tout : devenir une grande joueuse, c'est d'abord ne pas perdre contre plus faible que soi. En soi, ce premier tour à Wuhan apportera un début de réponse.

Néanmoins, le plus important, cela reste le jeu. Et avec son gros service, son tennis puissant et son contrôle de la balle, Linda Nosková fait finalement penser à... Amanda Anisimova. Avec ce type de jeu, l'Américaine est sans conteste la révélation de la saison, puisque double finaliste en Grand Chelem et n°4 mondiale. Et c'est un style de tennis, percutant et efficace, qui a clairement la cote en ce moment.
Sur cette semaine pékinoise, on a clairement vu une progression sur le ratio points gagnants / fautes directes, et une belle solidité sur les points importants. Sans oublier son service qui l'a énormément sorti d'affaire. Au vu du déclic qui vient d'avoir lieu, on parierait bien sur une grosse performance de Linda Nosková au prochain Open d'Australie. Histoire de lancer une saison 2026 qui s'annonce exceptionnelle pour un des plus grands talents du circuit WTA.