Comme souvent depuis quelque temps déjà, le tennis féminin français n'est pas forcément à la fête en Grand Chelem. Bien sûr, il y a eu l'exploit de Lois Boisson, demi-finaliste de Roland-Garros, mais c'est clairement l'exception qui confirme la règle. Sur les trois dernières saisons, et donc 11 tournois du Grand Chelem disputés, seules quatre Françaises ont rejoint les 8èmes de finale : la néo-retraitée Caroline Garcia à l'Open d'Australie 2023, Océane Dodin à l'Open d'Australie 2024, Varvara Gracheva à Roland-Garros 2024 et donc Lois Boisson cette année à Paris.
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Pas de Diane Parry dans cette liste. Pourtant, cette dernière a désormais trouvé un semblant de régularité. Pour preuve, elle est devenue lors de cet US Open la première Française née dans les années 2000 (et la seule en activité) à avoir atteint le troisième tour de chaque Grand Chelem.
Mais cette régularité est bien fragile. Depuis sa révélation lors de Roland-Garros 2022, quand elle avait sorti Barbora Krejčíková, tenante du titre, dès le premier tour, les espoirs soulevés par cette victoire n'ont jamais réellement été confirmés. Certes, il y a eu deux titres en WTA 125, quelques perfs çà et là, mais au niveau supérieur, on reste sur notre faim.
Attendue de longue date
Cela avait notamment mené à sa sortie du Top 100, un statut qu'elle a constamment du mal à justifier, et même à maintenir. On est loin de la relève attendue pour le tennis français, un statut attribué non seulement par cette victoire parisienne susmentionnée, mais aussi par le fait qu'en 2019, elle avait terminé l'année n°1 mondiale chez les juniors.
Bien évidemment, ce n'est pas un gage absolu de succès futur. Pour preuve, il faut remonter à 2005 et Victoria Azarenka pour trouver trace d'une n°1 mondiale juniors qui a ensuite remporté un Grand Chelem (et même deux en l'occurrence). Et c'est encore pire chez les hommes (2000, Andy Roddick). Mais cela est censé donner une idée du talent de la joueuse, et de talent, Diane Parry n'en manque pas.

Depuis cette victoire sur la Tchèque, elle a prouvé son talent en grattant quelques victoires de bon standing : Yulia Putintseva, Donna Vekić, Anastasia Potapova, Ashlyn Krueger, Linda Nosková, Leylah Fernandez, Katie Boulter, Jil Teichmann, Clara Tauson et récemment, Diana Shnaider. Toutes ayant déjà visité le Top 30, certaines mêmes dans le Top 20. Et c'est à ce niveau-là qu'on attend la Française toute l'année.
Mais voilà, alors que son jeu semble solide, stable, elle manque cruellement de constance et connaît constamment des trous d'air. Pour preuve, depuis Roland-Garros 2022, elle a connu pas moins de 5 séries de minimum 4 défaites consécutives, peu importe le niveau de compétition. Rien que cette saison, elle a concédé des défaites contre Veronika Erjavec, Ángela Fita Boluda ou Lola Radivojević, que des joueuses qui n'ont jamais mis les pieds dans le Top 100, voire pour certaines dans le Top 200 !
Le moment est venu
Une irrégularité cruelle pour une joueuse qui a remporté jeudi, contre Renata Zarazúa, sa 15e victoire en tableau principal de Grand Chelem. Un chiffre pas anodin, même si en 19 apparitions, cela ne fait pas un ratio de qualité. Mais si on prend comme base Roland-Garros 2022 donc, sur les 11 derniers, c'est 14 victoires. La fameuse régularité dont on parlait.
Mais ce match contre la Mexicaine a prouvé qu'elle avait fait des progrès en termes de gestion. C'était elle la plus fraîche en fin de match, et de facto, c'était elle la plus solide. Un élément crucial dans une rencontre qui s'est jouée au super tiebreak, dans lequel elle a pris à la gorge sa rivale avant de résister à son baroud d'honneur et de conclure dès la première balle de match.
Elle aura besoin de cette solidité pour défier Marta Kostyuk. Sur le papier, l'Ukrainienne est favorite. D'abord parce qu'elle est Top 30, mais aussi parce qu'elle a remporté les deux confrontations directes, en ne lâchant que 11 jeux en quatre sets disputés. Qui plus est, ces deux affrontements ont eu lieu sur dur, ce qui peint un tableau franchement défavorable pour la Française.

Mais l'Ukrainienne est une joueuse qui n'est pas forcément dans la forme de sa vie. Une joueuse qui a dû déclarer forfait à Cincinnati, touchée au poignet. Une joueuse qui n'a pas impressionné jusqu'ici à l'US Open, notamment au deuxième tour contre Zeynep Sönmez, 80e mondiale, qu'elle a fini par écarter difficilement après deux heures 30 de bataille. Une joueuse qui n'a elle-même franchi que deux fois l'obstacle du troisième tour en Grand Chelem (et jamais à l'US Open).
Et surtout, une joueuse qui, comme la Française, était une figure chez les juniors, puisqu'elle avait gagné l'Open d'Australie. Sans jamais réussir totalement à confirmer depuis, même si elle est bien plus avancée que la Tricolore avec un titre WTA et un quart en Grand Chelem. Une joueuse qui, bien que tête de série n°27, semble "prenable", comme l'était cependant Sonay Kartal, que Diane Parry a affronté à ce stade à Wimbledon.
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Pour un match caviardé sous la pression, parce qu'atteindre pour la première fois la deuxième semaine en Grand Chelem n'est pas une étape anodine. Mais à 22 ans, il est temps : Diane Parry a le jeu pour briller sur toutes les surfaces, et pour s'établir pour de bon dans le Top 50, au minimum. Ce match contre Marta Kostyuk est sans doute le plus important de l'année pour la Française : il pourrait lui permettre de relancer sa carrière, vers le haut, et pour de bon cette fois. Et le tennis féminin français en a besoin...