L'année avait si bien commencé... Au lieu d'aller ferrailler sur les tournois de préparation, Coco Gauff a choisi de disputer la United Cup avec l'équipe nationale américaine. Une réussite, avec cinq victoires en cinq matchs, le titre au bout, et un succès référence net et sans bavures sur Iga Świątek histoire de parfaitement lancer sa saison.
Une suite logique après une fin de saison 2024 en apothéose. Alors qu'elle avait échoué à défendre son titre à l'US Open, indubitablement rattrapée par la pression d'être la nouvelle icône tennistique du pays, elle avait incroyablement rebondi lors de la tournée asiatique, triomphant au WTA 1000 de Pékin et atteignant les demies de celui de Wuhan. Avant l'apothéose avec son sacre aux WTA Finals.
Dans un circuit féminin toujours instable, l'Américaine apparaissait alors une nouvelle fois comme la challenger n°1 de la paire Aryna Sabalenka - Iga Świątek. À l'instant T, elle est certes toujours n°3 mondiale. Mais depuis cette victoire inaugurale, elle a totalement perdu le fil. Certes, il n'y avait rien de honteux dans sa défaite en quarts de finale de l'Open d'Australie, surtout face à une Paula Badosa revenue à un splendide niveau - mais c'est un autre sujet.
Le problème, c'est que cela a lancé une série de trois défaites d'affilée, et cela ne lui était plus arrivé depuis la fin 2022. Quand elle était une solide promesse, déjà dans le Top 10, mais n'avait remporté ni Grand Chelem, ni WTA 1000, ni même un WTA 500 ! Une joueuse alors différente, que l'on espérait voir tout casser depuis ses débuts, mais qui n'allait trouver la clé qu'au cœur de l'été 2023.
Au total, depuis qu'elle a quitté l'Australie, Coco Gauff, c'est 4 victoires pour 4 défaites. Problème : tous ces revers ont été concédés à des joueuses classées hors du Top 20. Marta Kostyuk, McCartney Kessler, la revenante Belinda Bencic, et la dernière sortie de route en date face à Magda Linette à Miami. Et quand on voit la liste de ses victimes dans cette période - notamment deux fois une Maria Sakkari totalement en chute libre, mais c'est encore un autre sujet - il y a de quoi s'inquiéter...
Pourtant, l'Américaine ne semble pas inquiète. Après sa défaite contre Bencic à Indian Wells, son discours en conférence de presse ne laissait transparaitre aucun sentiment d'urgence.
"Globalement, j'ai l'impression que ce n'est pas aussi grave qu'il y paraît. En début d'année, j'ai bien joué à la United Cup et j'ai perdu contre Paula en Australie. Le Moyen-Orient n'a pas été une bonne opportunité pour moi. Là, j'ai perdu 6-4 au troisième contre une adversaire coriace qui sortait d'une victoire en ATP 500. Évidemment, je voulais faire mieux, obtenir de meilleurs résultats, mais je ne peux pas me forcer. J'essaie de faire mieux, et c'est tout ce que je peux faire. J'essaie de travailler sur des choses à l'entraînement, et malheureusement, pour l'instant, ça ne se passe pas comme je le souhaiterais."
On a connu mieux comme leitmotiv. Lassitude ? On rappelle que si Coco Gauff n'a que 21 ans, elle est sur le grill depuis bien longtemps. Annoncée comme la future star du tennis mondial dès son passage chez les juniors, cela fera six ans en juillet qu'elle a signé son entrée en fanfare avec une victoire mémorable sur Venus Williams à Wimbledon, acte de naissance d'une joueuse qui avait déjà tout d'une grande.
On parle d'une joueuse qui a gagné un Grand Chelem avant d'avoir 20 ans, et atteint la 2ème place mondiale. La pression d'une star en devenir "obligée" de gagner, elle l'a domptée avec panache, qui plus est devant son public. Et si elle a parfois été inconstante en 2024, sa fin d'année à elle seule justifiait son statut tant elle semblait inarrêtable.
Mais trouver des leviers de motivation quand on a 21 ans et déjà gagné un Grand Chelem, deux WTA 1000, les WTA Finals, et qu'on a été porte-drapeau de la délégation américaine, ce n'est pas chose aisée. Son rebond après la perte de son titre à l'US Open coïncidait notamment avec l'arrivée de Matt Daly dans son coaching staff, à la place de Brad Gilbert - qui avait pourtant précipité son arrivée au sommet, puisqu'elle avait gagné 20 de ses 21 premiers matchs et donc un Grand Chelem sous sa férule - dans une équipe toujours menée par Jean-Christophe Faurel.
Ainsi, elle a répété ce schéma dès l'arrivée de Daly, gagnant ses neuf premiers matchs, 22 de ses 24 premiers, un titre WTA 1000, les WTA Finals et la United Cup. Et là encore, le soufflet est retombé. Affiner son coaching staff tous les ans, cela semble bien redondant. Il va falloir retrouver de la motivation avant d'aborder la saison sur terre battue. Car il y a des demi-finales à Rome et surtout à Roland-Garros à défendre. Et au vu de l'ascension d'une Mirra Andreeva, et du nombre de prétendantes au Top 10, il serait dommage de voir Coco Gauff "passée de mode" aussi jeune. Affaire à suivre, c'est certain, mais s'il n'y a pas péril en la demeure, il ne faudrait pas que sa saison ressemble à son Sunshine Double...