Peut-être l'une des victoires les plus importantes de sa carrière. Mercredi, lors du premier tour du WTA 1000 de Miami, Caroline Garcia a livré un match particulièrement inégal contre Anna Bondár. Un premier set euphorique, un deuxième serré au possible, mais au final, une victoire 6-0, 7-6 (5). Et cette victoire n'est absolument pas anodine, même s'il s'agissait d'un 64ème de finale.
En effet, l'an dernier, elle avait signé quasiment le seul résultat d'envergure de sa saison en Floride. Trois victoires d'affilée, dont une impressionnante sur Coco Gauff, avant de se prendre de plein fouet la tornade Danielle Collins. Néanmoins, un quart de finale en WTA 1000, cela ne mange clairement pas de pain. Et le seul rayon de soleil de sa saison 2024, hormis une demi-finale en WTA 250 à Rouen.
On le sait, la Française a d'abord cherché à préserver sa santé mentale, a baissé le curseur de performance, et cherche en tout premier lieu à retrouver du plaisir. Néanmoins, si elle avait perdu ce premier match mercredi, elle aurait officiellement quitté le Top 100, dont elle est membre depuis 2013. Et même cette victoire ne règle pas tous les problèmes.
Actuelle 98ème au classement en direct, la Française est donc toujours sujette à une sortie des 100 meilleures mondiales. Avec les conséquences que cela implique, et notamment en vue de Roland-Garros. Elle pourrait être contrainte de passer par les qualifications en Grand Chelem, ce qui ne lui pas arrivé depuis l'US Open 2012 ! Sans compter des difficultés pour intégrer des tableaux principaux, quel que soit le niveau sur le circuit WTA.
Si elle semble clairement avoir retrouvé la joie de vivre, et de jouer au tennis, cela ne suffira pas pour sa carrière, sauf si elle trouve le moyen de combiner bonheur sur les courts et résultats au diapason. Elle devrait donc quitter Miami dans le Top 100, mais sera en danger à Rouen en avril, au moment de défendre les points de sa demi-finale. Il faudrait donc un résultat d'envergure pour relancer la machine, mais ce soir, elle fera face à une montagne : Iga Świątek.
Une revanche de leur dernière rencontre, déjà au deuxième tour, déjà en WTA 1000. C'était voilà exactement deux semaines, à Indian Wells. La Polonaise a surclassé sa rivale, s'imposant 6-2, 6-0 en à peine plus d'une heure. Sans trembler, en imposant sa puissance : Caroline Garcia n'a eu aucune chance durant cette rencontre. Et en sept confrontations, elle n'a battu qu'une seule fois la Polonaise, en 2022, l'année de sa résurrection, et donc dans des conditions totalement différentes.
Alors, pourquoi croire en un résultat différent cette fois-ci ? Parce que Świątek sort d'une grosse désillusion. Tenante du titre à Indian Wells, elle a chuté en demi-finales, emportée comme les autres par l'ouragan Mirra Andreeva. Si sa deuxième place mondiale n'est pas menacée, elle a été surprise l'an dernier par Ekaterina Alexandrova ici même, et connaît parfois quelques non-matchs.
Mais surtout, elle est parfois en difficulté contre des joueuses puissantes et capables de la faire reculer. On a vu l'exemple contre Jelena Ostapenko à Doha le mois dernier. La Lettone était en réussite, a multiplié les coups gagnants, mais surtout, elle n'a cessé d'agresser la Polonaise, sans solution devant autant de puissance, et qui a comme rarement laissé exploser sa frustration.
Un peu court ? Probablement. Mais ce qui est sûr, c'est qu'avant cette raclée reçue à Indian Wells, la Française avait pris un set à la Polonaise lors des deux confrontations précédentes, et toujours sur dur. Et en jouant de cette façon, en prenant des risques et en tentant un maximum de coups gagnants. Certes, le nombre de fautes directes ira forcément vers le haut, mais est-ce bien le plus important ?
Pour redynamiser sa saison, et surtout conserver un sens à sa carrière, Caroline Garcia a besoin de ce coup d'éclat. Outre l'enjeu du Top 100, c'est aussi une question de rebond. L'état du tennis féminin français est pire que jamais, avec une équipe de France qui a quitté le groupe mondial en Fed Cup et une Varvara Gracheva qui pourrait donc rapidement être la seule Tricolore dans le Top 100. Pour ne pas sombrer, il faut un exploit, et il doit venir de sa meilleure représentante, celle qui battait encore les meilleures du monde voilà à peine plus de deux ans. Ce pourrait être le début de quelque chose...