Aucun bookmaker n'aurait pu parier sur ce genre de physionomie de match avant cette finale entre les deux monstres du tennis. Sur la lignée de son tournoi, Carlos Alcaraz a dominé de la tête et des épaules Jannik Sinner en quatre manches, rendant son adversaire totalement méconnaissable. Solide mentalement, le n°2 mondial a imposé son jeu d'une manière étincelante, ne laissant que trop peu d'opportunités à l'Italien, notamment dans le deuxième set. L'Espagnol, qui a vraisemblablement tiré des leçons de sa finale perdue à Londres, a mis en place la tactique parfaite pour se défaire en seulement 2h42 du n°1 mondial.
Retardée de plus de 30 minutes par l'arrivée de Donald Trump sur le site de l'US Open, suite à "des mesures de sécurité mise en place" pour l'occasion, comme l'informait l'AFP, la finale a démarré en trombe. Visiblement pas affectés par cela, Sinner et Alcaraz donnent le ton dès le premier jeu : grosses premières pour l'Italien, qualité de retours pour l'Espagnol, de la puissance, de l'accélération, de la décélération, aussi, au bon moment, de la variation, des aces… les deux donnent leur vie sur chaque point et le public en a déjà pour son argent.
Le numéro 2 mondial, lui, veut profiter de la bonne entame et, sur un premier slice en coup droit, il emmène son adversaire à la faute pour faire le premier break de la finale. La concentration est extrême du côté d'Alcaraz, avec des intentions tactiques bien appliquées. Le break est confirmé pour lui, une avance qui marque le début d'un chemin de croix pour l'Italien. Et oui, chose folle à imaginer avant la rencontre, le numéro 1 mondial va être malmené par un adversaire en pleine confiance et qui semble avoir bien travaillé depuis sa défaite à Wimbledon.
Alcaraz varie énormément sa manière de jouer, parvenant à mettre très souvent du volume et déstabilisant totalement Sinner. L'Italien enchaîne alors les fautes directes et l'Espagnol, lui, est imprenable sur son service. Pour remporter des points, Sinner est obligé d'aller vers l'avant. Néanmoins, à 4-2, "Carlitos" décide d'agresser à plusieurs reprises son adversaire par des retours puissants. Deux balles de break pour lui, avant de prendre logiquement le large sur sa deuxième opportunité. L'entame est parfaite pour l'Espagnol, qui finalise le set sur un jeu blanc, 6-2.
Sur le seul relâchement d'Alcaraz du match, Sinner réagit
Cela faisait longtemps que l'on n'avait pas vu Sinner subir autant l'échange à tous les niveaux. Ce dernier n'a eu jusqu'ici aucune occasion sur le service de l'adversaire, signe de la domination sans partage d'Alcaraz. Et ce dernier continue de faire mal avec ses slices, ses variations, jusqu'à se provoquer une nouvelle balle de break dès le premier jeu du deuxième set. Mais cette fois-ci, l'Italien tient bon et remporte sa mise en jeu (1-0).
Les deux hommes font le boulot sur leur service, jusqu'à ce qu'à 2-1, l'Espagnol ait son premier (fameux) flottement du match. 0-40 pour le numéro 1 mondial, après une série de mauvais points, et break blanc. 3-1, la physionomie du match change alors du tout au tout entre les deux hommes. Alcaraz revient sur terre et Sinner, lui, redevient le joueur de tennis que l'on connaît. Beaucoup plus libéré, il se lâche et retrouve de la vitesse dans ses jambes. C'est le numéro 2 mondial qui joue vers l'arrière, qui enchaîne les fautes et qui passe à côté de son set, tandis qu'en face, on se montre trop fort au service : 6-3 pour l'Italien, le match au meilleur des trois démarre.
On attend donc une réaction d'Alcaraz, qui entame pour la première fois un set au service. Et malgré les doutes installés dans la deuxième manche, ça va passer pour lui alors qu'il a été obligé de gérer une situation à 30-30 potentiellement difficile. Le natif d'El Palmar remet alors beaucoup de cadence et se montre une nouvelle fois agressif sur le service de son adversaire. Il retourne beaucoup mieux et breake à nouveau en premier (2-0).
Mais attention à l'habituel flottement qui peut tomber dans ce genre de moment. Sinner répond et positionne rapidement à 0-30, mettant son adversaire sous pression. Sauf que ce dernier est solide et va aller chercher son jeu au filet, après plusieurs coups exceptionnels.
Seul sur son nuage, Alcaraz à nouveau prince de Flushing Meadows
Le numéro 1 mondial a pris un coup sur la tête et se montre déstabilisé. Alcaraz trouve des zones impossibles et a l'occasion de tuer le set avec un 0-40, à 3-0. Le double break est logiquement réalisé sur la deuxième chance, après une énième faute directe de Sinner. Les changements de rythme font beaucoup trop de mal à l'Italien, qui n'arrive plus à gérer ses balles (4-0). Alcaraz, qui n'aura finalement eu qu'un petit moment d'hésitation dans le deuxième, se promène alors jusqu'à remporter le set, 6-1.
Sinner n'est pas dans la solidité qu'il a l'habitude d'offrir : 22 fautes directes pour seulement 15 coups gagnants, c'est trop peu pour celui qui normalement choque la planète tennis. Mais en face, on renvoie tout et, surtout, on joue un tennis qui ébranle le vainqueur de l'Open d'Australie et de Wimbledon. Le premier jeu est déjà crucial : Alcaraz veut faire le break rapidement pour pouvoir enchaîner et se procure des balles de break. L'Italien tient et remporte sa mise en jeu, mais on sent que c'est sur un fil.
Alcaraz est sur un nuage et assure encore une fois sa mise en jeu à base de coups spectaculaires en fond de court (1-1). En face, le numéro 1 mondial retrouve sa première pour garantir sa mise en jeu (2-1), tandis que l'Espagnol continue sur sa lancée (2-2). Pour la première fois dans cette finale, les deux joueurs n'ont pas perdu leur service avant le quatrième jeu du set.
Mais la résistance de Sinner ne va plus tenir. Alcaraz emmène le cinquième jeu à 30-30, avant que l'Italien ne fasse une double faute. Balle de break pour l'Espagnol, qui sera prise dans la foulée après une grossière faute en coup droit de son adversaire. Le numéro 2 mondial a très certainement fait le plus dur dans cette finale et n'a plus qu'à assurer ses jeux de service pour aller soulever son deuxième US Open en carrière. Il faut surtout éviter de se laisser prendre par le moment d'euphorie… Et c'est ce qu'il va faire, à base de grosses premières. L'Espagnol impose son autorité sur tous ses jeux de services (6-4) et remporte sa deuxième finale à New York, après celle gagnée en 2022 face à Casper Ruud. C'est le sixième titre du Grand Chelem pour lui, à seulement 22 ans.