On sent poindre le découragement chez Maria Sakkari. La Grecque va jouer une partition importante au WTA 1000 de Guadalajara. Certes, il faudrait un concours de circonstances pour qu'elle quitte une place dans le Top 10 qu'elle occupe depuis deux ans. Mais cela pourrait bien arriver prochainement.
Quand on pense Sakkari, on pense "régularité". Et on a raison, tout du moins en partie. Parce que depuis son entrée dans le Top 10, la Grecque s'y est maintenue à coups de performances de qualité dans les tournois les plus importants. Jugez plutôt : deux finales et trois demi-finales en WTA 1000 depuis le début de saison 2022.
Une statistique forcément intéressante à l'aube d'entamer le WTA 1000 de Guadalajara, dont elle avait atteint la finale la saison passée. Mais les deux constantes principales de la Grecque sont malheureusement négatives. D'abord, elle n'a plus atteint une deuxième semaine en Grand Chelem depuis l'Open d'Australie 2022. Sept tournois depuis remplis de défaites embarrassantes pour la plupart.
Mais surtout, et c'est bien là le problème, Maria Sakkari reste désespérément bloquée à un seul titre en carrière. Un obscur WTA 250 à Rabat en 2019. Depuis, rien. Six finales, dont 3 en WTA 500, et donc deux en 1000, et six défaites. Quatre rien que sur la saison 2022. La plupart du temps contre des taulières, c'est indéniable. Mais le fait est que ses rivales enfilent les trophées et elle reste à quai.
Pourquoi ? Ce n'est pas une histoire de mental. Le mental, elle l'a, et elle possède sans doute l'un des meilleurs du circuit WTA. Non, c'est plutôt une histoire de jeu. La Grecque a sans doute l'un des meilleurs physiques du tennis féminin. Un atout indispensable qui lui permet de jouer de grandes batailles, certaines légendaires. Mais elle ne dispose pas forcément d'un coup extrêmement fort, qui lui offrirait des points gagnants faciles pour économiser du jus.
Et même si sa condition physique est irréprochable, elle paye souvent en finale les pots cassés de ses tours précédents qu'elle n'a pas su expédier. Pour preuve, sur ses sept finales perdues en carrière, une seule est allée au troisième set. Pas un hasard. Mais un handicap à l'heure de faire les comptes. Toutes les joueuses devant elle au classement ont, a minima, remporté un WTA 1000. La seule exception est Karolina Muchova, mais la Tchèque a atteint une finale de Grand Chelem, contrairement à la Grecque, qui était passée à un point à Roland-Garros 2021.
Et avec le recul, on se demande si cette fameuse occasion manquée face à Barbora Krejcikova n'est pas pour partie responsable des maux de Sakkari. Joueuse à floraison tardive, le tournoi parisien avait vraiment fait office de révélation pour elle, alors qu'elle n'avait jamais au préalable franchi les 8e de finale en Grand Chelem. Mais depuis, elle n'a plus jamais été aussi proche du grand bonheur de connaître une finale majeure.
À 28 ans, son prime physique risque de ne pas durer indéfiniment. Si elle décline dans ce secteur, c'est tout son jeu qui s'en trouvera affecté. Et si tel est le cas, il ne faudra sans doute pas longtemps pour qu'elle commence à reculer dangereusement au classement, avec tout ce que cela implique. Les surprises sont possibles sur les gros tournois, Marketa Vondrousova l'a encore prouvé cette année. Mais si elle veut laisser sa trace, Maria Sakkari va devoir rafler un gros titre, et elle a de moins en moins de temps. Avec toutes les absentes, Guadalajara ressemble donc à une occasion unique.
